![Les élections législatives auront lieu les 30 juin et 7 juillet.](https://static.latribune.fr/full_width/2392557/assemblee-nationale.jpg)
La campagne officielle des élections législatives démarre sur les chapeaux de roue. Une semaine seulement après le résultat fracassant des élections européennes, les principaux camps politiques se lancent dans la bataille éclair pour former la prochaine Assemblée nationale. À quinze jours du premier tour du scrutin, les candidats du Rassemblement national (RN), du Front populaire et de la majorité présidentielle vont multiplier les meetings et déplacements sur le terrain.
Pressés par l'envolée des prix depuis la guerre en Ukraine, de nombreux Français sont toujours contraints de se serrer la ceinture. L'indice des prix est certes retombé depuis 2023 en zone euro et en France. Les foyers de l'Hexagone restent toutefois confrontés à des factures parfois plus élevées que lors de la période pré-crise sanitaire. Dans la plupart des programmes présentés, les principales forces politiques ont de facto formulé des propositions sur la question brûlante du pouvoir d'achat. Retour sur les grandes mesures des trois blocs aux coûts budgétaires parfois exorbitants.
Majorité présidentielle : relèvement de la prime Macron
Chargé par le chef de l'Etat de mener la campagne des législatives, le Premier ministre Gabriel Attal a avancé une série de propositions le week-end dernier en faveur du pouvoir d'achat. L'ancien ministre du Budget suggère ainsi d'augmenter le montant de la prime Macron (prime de partage de la valeur) versée par les entreprises à leurs salariés. Le plafond pourrait passer de 6.000 euros à 10.000 euros, « sans charge, ni impôt ».
Pour rappel, cette prime avait été versée à 6 millions de salariés l'année dernière. Mise en place en pleine crise des « gilets jaunes », cette prime, à l'origine exceptionnelle, est montée en puissance depuis 2019, avant de redescendre en 2024 en raison de la fin de la défiscalisation. Dans un récent rapport, la Cour des comptes a taclé son impact sur les comptes de la Sécurité sociale et les possibles risques de « substitution » aux hausses de salaires plus pérennes.
Le locataire de Matignon a également confirmé la baisse des factures d'électricité « de 15% dès l'hiver prochain », ce qui représentera pour chaque Français, « 200 euros de moins » sur leur facture, « grâce à la réforme du marché européen de l'électricité que nous avons obtenue ». Parmi les autres mesures figurent, les exonérations de frais de notaire pour les primo-accédants jusqu'à 250.000 euros. L'objectif est de faciliter l'accès à la propriété pour les classes moyennes.
Gabriel Attal en campagne pour les élections législatives. Crédits : Reuters.
Rassemblement national (RN) : baisse de la TVA sur l'énergie
Au Rassemblement national (RN), Jordan Bardella a fait du pouvoir d'achat une priorité de la campagne des candidats au palais Bourbon. Parmi les principales mesures apparaît la baisse de la taxe sur la valeur ajoutée (5,5%) sur l'électricité, le gaz, les carburants et le fioul. La réduction de cette taxe ne serait toutefois pas indolore pour les finances publiques. D'après une estimation réalisée par le ministère des Finances et reprise par Renaissance, le coût de cette mesure pourrait atteindre près de 17 milliards d'euros (et 24 milliards en comptant la baisse de la TVA sur les produits d'alimentation). Rien que pour l'essence et l'électricité, le manque à gagner serait de 14 milliards d'euros.
Autant dire une somme faramineuse, et ce, alors que les comptes publics s'enfoncent dans le rouge. Outre son coût, rien ne dit que cette baisse de TVA va se répercuter sur le porte-monnaie des consommateurs. Dans le passé, d'autres baisses de TVA (restauration) ont montré que ces mesures ne profitaient pas forcément aux clients. Enfin, la baisse de la TVA sur les énergies fossiles va à l'encontre des objectifs de la France en matière de transition énergétique.
Le président du Rassemblement national Jordan Bardella. Crédits : Reuters.
Front populaire : indexation des salaires et hausse du point d'indice
Après l'annonce de la dissolution de l'Assemblée nationale, les partis à gauche de l'échiquier politique (PS, LFI, EELV et PCF) ont réussi à présenter un programme au terme d'une semaine intense en tractations et pourparlers. Là encore, le pouvoir d'achat figure en tête du programme du Front populaire, avec, en premier lieu, l'indexation des salaires sur l'inflation. Largement débattue au moment du pic de l'inflation en 2023, cette idée est depuis retombée dans les débats.
Outre le Smic, les salaires en France sont désindexés de l'inflation depuis « le tournant de la rigueur » en 1983 sous François Mitterrand. Contesté par la droite et la Macronie, cet outil est accusé d'alimenter la « spirale prix-salaire » en Europe. Pour tenter de redonner des gains de pouvoir d'achat, les entreprises ont favorisé les outils de partage de la valeur (primes, participation, intéressement) facilités par les différentes mesures de défiscalisation et de désocialisation des cotisations. Mais le bloc de gauche veut remettre en place ce mécanisme dans les entreprises.
Côté bas salaires, l'alliance de gauche prévoit un SMIC à 1.600 euros net. Concernant les revenus, l'autre mesure développée par le Front populaire est de rehausser le point d'indice des fonctionnaires, à hauteur de 10%. Enfin, les candidats proposent un blocage des prix sur les produits de première nécessité. Déjà présente dans le programme de la NUPES en 2022, cette mesure a vivement été critiquée par certains courants d'économistes. Une proposition qui risque d'enflammer les débats de la campagne électorale.
Les représentants du Front populaire lors de la conférence de presse vendredi 14 juin. Crédits: Reuters.
Des marges de manœuvre budgétaires limitées Peu importe la majorité au pouvoir, le prochain gouvernement aura des marges de manœuvre budgétaires très limitées. Compte tenu de l'ampleur des déficits budgétaires, la majorité issue des élections législatives devra construire un budget 2025 particulièrement serré. « La réalité budgétaire est tellement mauvaise que le prochain gouvernement ne pourra pas faire de gabegie », prédit Christopher Dembik, économiste chez Pictet Wealth Management. Après la dégradation de la note de crédit de la France par Standard and Poor's fin mai, le gouvernement s'apprête à se faire taper sur les doigts par la Commission européenne. Les autorités bruxelloises devraient placer la France en procédure de déficit excessif mercredi prochain. Une mauvaise nouvelle pour Emmanuel Macron qui a mandaté Gabriel Attal et le ministre de l'Economie Bruno Le Maire pour faire campagne sur « le sérieux budgétaire ».