![Eric Ciotti accompagnera sur l'estrade, jeudi matin, Jordan Bardella.](https://static.latribune.fr/full_width/2393782/bardella-ciotti.jpg)
Les patrons ne font pas de politique mais ils veulent se faire leur idée ! C'est pourquoi, ce jeudi matin, les trois organisations patronales Medef, CPME et U2P ont choisi d'entendre tous les partis engagés dans ces élections législatives anticipées des 30 juin et 7 juillet. Les représentants des petites comme des grandes sociétés françaises les recevront ce jeudi matin à Paris, leur laissant à chacun un temps de parole équivalent, soit trois quarts d'heure par formation politique.
Un invité de dernière minute.
Mais, ce mercredi après-midi le Medef qui organise les auditions, a appris la venue d'Eric Ciotti. L'ancien chef de file des LR accompagnera sur l'estrade, jeudi matin, Jordan Bardella pour s'adresser aux chefs d'entreprises. A partir de 10h30, les deux responsables politiques se partageront le temps de parole prévu pour le RN. Jusqu'alors, Jordan Bardella devait venir seul devant les milieux économiques.
L'ambiance sera probablement tendue lors du passage de micro, puisque juste après ce duo, Bruno Le Maire, le ministre de l'Economie, est attendu à la tribune à 11h15, pour représenter la majorité présidentielle. Charge pour le locataire de Bercy de rappeler aux patrons la politique pro-business menée par la macronie depuis 2017, et le soutien important apporté aux entreprises lors des crises du Covid ou de la guerre en Ukraine. Après la dissolution de l'Assemblée nationale, et la stupéfaction que cette décision a généré dans les milieux économiques, le locataire de Bercy devra convaincre les patrons tentés de succomber aux sirènes d'autres formations politiques.
En début de matinée, c'est Edouard Philippe, pour Horizon qui ouvrira le bal. L'ancien Premier ministre laissera ensuite la parole à un autre duo, qui interviendra sous l'étiquette nouveau Front Populaire : Eric Coquerel (LFI) et Boris Vallaud ( PS). Enfin, Bruno Retailleau pour les LR, clôturera cette matinée.
L'avertissement patronal
Les représentants des différents partis en lice s'exprimeront alors que le Medef, bien que refusant d'être partisan, a mis en garde ce mercredi. Il a jugé « inappropriées » et « dangereuses pour l'économie française » les mesures proposées par le Rassemblement national et le Nouveau Front populaire. « Plusieurs mesures proposées par le Nouveau Front Populaire et le Rassemblement national apparaissent inappropriées et même dangereuses pour l'économie française, la croissance et l'emploi », écrit l'organisation patronale, qui compte 200.000 entreprises adhérentes employant 10 millions de personnes.
Dans un document détaillant ses « dix conditions pour la réussite économique de la France », le Medef assure que « si ces programmes se concrétisaient en 2024 ou après », ils provoqueraient « des hausses d'impôts, (...) le départ des investisseurs étrangers et des faillites massives d'entreprises, donc des destructions d'emplois ». Souvent dispendieuses ou sans financement clair, ces mesures interviennent dans un contexte marqué par la « fragilité »des finances publiques, une conjoncture « très incertaine » et une « violente concurrence internationale », a rappelé le Medef. Dans ce document, le Medef insiste également sur la nécessité de réformes économiques (poursuites des baisses d'impôts et des cotisations, choc de simplification industrielle, etc.), dans un climat de « dialogue social » et de plein engagement envers le projet européen.
Inquiétude des marchés
Les milieux patronaux sont d'autant plus inquiets qu'en France, la semaine dernière, les taux d'emprunt ont subitement augmenté et la place financière de Paris a chuté sous l'effet de l'instabilité causée par la dissolution, et le risque de blocages institutionnels après les élections.
En début de semaine, l'Afep, qui réunit les 117 plus grandes entreprises françaises, avait mis en garde contre un « risque majeur » de « décrochage durable » de l'économie française et européenne selon l'issue des élections législatives anticipées en France, appelant les partis politiques à la « responsabilité budgétaire ». L'Afep, qui se définit comme un outil de lobbying, n'a pas souhaité participer à l'organisation de ces auditions.