Législatives 2024 : la CPME déplore les « trois mois de croissance perdus »

Assurance chômage, salaires... Eric Chevée, le vice-président de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME), demande aux partenaires sociaux de se saisir des questions sociales dans un contexte politique hautement instable.
D'après une étude publiée jeudi dernier par la CPME, près de six patrons sur dix prévoient de reporter leurs investissements ou recrutements en cas de victoire du Nouveau Front populaire aux législatives.
D'après une étude publiée jeudi dernier par la CPME, près de six patrons sur dix prévoient de reporter leurs investissements ou recrutements en cas de victoire du Nouveau Front populaire aux législatives. (Crédits : Philippe Wojazer)

Le vice-président de la Confédération des petites et moyennes entreprises, en charge des Affaires sociales, a lancé ce lundi un appel aux partenaires sociaux à se saisir de sujets comme l'assurance-chômage ou la structuration des salaires, dans « un univers politique incertain », a-t-il déclaré au micro de BFM Business.

Pour Eric Chevée, le résultat du premier tour des législatives montre « clairement qu'il n'y aura pas de majorité demain », s'attendant néanmoins à ce que la future politique menée « ne soit plus pro-business comme elle l'a été les sept dernières années ». Il a déploré les « trois mois de croissance perdus » qu'engendrera le renouvellement politique, y compris concernant « l'effet JO ».

« Ce qui ne nous inquiète pas trop, par contre, c'est qu'on soit moins productif en lois dans les mois qui viennent », a-t-il souri, alors que la CPME fait de la simplification législative un de ses chevaux de bataille. Pour rappel, la CPME fédère 239.000 entreprises, employant plus de 3 millions de salariés.

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Suspension de la réforme de l'assurance-chômage

Eric Chevée est notamment revenu sur la suspension de la réforme de l'assurance-chômage décidée dimanche par le Premier ministre Gabriel Attal. Selon lui, « on est au bout d'un système de réformes paramétriques (de) l'assurance-chômage », et « devant la nécessité de remettre à plat complètement le dispositif et de repenser de façon systémique la question de la protection sociale emploi-formation en France ».

Cette réforme, décriée par les syndicats, devait réduire à partir du 1er décembre la durée maximale d'indemnisation de 18 à 15 mois pour les personnes âgées de moins de 57 ans. Il aurait aussi fallu avoir travaillé huit mois sur les 20 derniers mois pour être indemnisé, contre six mois au cours des 24 derniers mois actuellement.

La décision de la mise en pause de la réforme intervient alors que le camp présidentiel a été largement distancé au premier tour des élections législatives par la gauche et l'extrême droite. Celle-ci « pourra ainsi faire l'objet d'aménagements, de discussions entre forces républicaines. Il s'agit du premier acte de Gabriel Attal dans l'esprit (de) futures majorités de projets et d'idées qu'il a évoquées ce soir », a commenté l'entourage du Premier ministre.

Dans ce contexte, pour éviter un vide juridique, dans la mesure où les règles actuelles sur l'assurance chômage n'étaient valables que jusqu'à ce dimanche, un « décret de jointure », prolongeant ces règles, va être publié lundi, a-t-on précisé à Matignon et au ministère du Travail.

Par ailleurs, Eric Chevée a considéré qu'il « allait bien falloir trouver des solutions pour avancer sur des sujets comme le pouvoir d'achat » : « La structuration des salaires est une vraie question, là encore les partenaires sociaux pourraient le faire, surtout en cas de défaillance du politique », a-t-il avancé.

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Climat d'incertitude

Autre bête noire pour le vice-président de la CPME : l'incertitude. « Le pire c'est qu'on est dans un univers où on ne sait pas quelles seront les orientations socio-économiques de base », a-t-il déclaré, craignant notamment pour les décisions d'investissement des chefs d'entreprise en cette période de flottement.

D'après une étude publiée jeudi dernier par la CPME, près de six patrons sur dix prévoient de reporter leurs investissements ou recrutements en cas de victoire du Nouveau Front populaire aux législatives, et 36% si le Rassemblement national se hisse au pouvoir. La proportion tombe à 12% si la majorité présidentielle remporte le scrutin, organisé les 30 juin et 7 juillet, est-il précisé dans cette enquête, réalisée en ligne auprès de 1.066 chefs d'entreprise du 20 au 24 juin.

Toujours selon l'enquête, plusieurs mesures économiques proposées par la coalition de gauche du Nouveau Front populaire sont fustigées par les sondés comme la hausse du Smic à 1.600 euros net mensuels. Dans cette hypothèse, 14% des entrepreneurs disent qu'ils cesseraient leur activité, 27% qu'ils licencieraient et 50% qu'ils répercuteraient ces hausses salariales sur leurs prix de vente.

Les chefs d'entreprises sont aussi à une très large majorité (83%) opposés à la diminution du temps de travail hebdomadaire à 32 heures, ainsi qu'à 82% défavorables à un abaissement de l'âge légal de départ à la retraite, proposé tant par le NFP que par le RN. Ils sont 78% à estimer qu'une hausse des dépenses publiques présenterait un risque de faillite pour la France et de « mise sous tutelle du FMI », selon la CPME. Les avis sont en revanche plus favorables concernant une indexation des pensions (70% n'y sont pas opposés) et des salaires (50%).

(Avec AFP)

Commentaire 1
à écrit le 01/07/2024 à 17:27
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La CPME peut lancer ses petits bras en l'air et crier que les programmes du NFP et du RN sont des catastrophes à venir pour l'économie, on ne l'a pas vraiment entendue depuis 7 ans sur les "baliverneries" de l'UE en matière de concurrence libre et no...

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