Le taux d'emprunt français continue de grimper, les marchés inquiets d'un gouvernement RN

Par latribune.fr  |   |  693  mots
Dans ce contexte compliqué, la Bourse a aussi battu de l'aile ce mardi. Vers 15h30, le CAC 40 délaissait 1,2% à 7.799 points après avoir déjà baissé la veille. (Crédits : TIMM REICHERT)
Le taux de l'obligation à 10 ans de l'Etat français continue de grimper ce mardi. Résultat, l'écart entre le taux d'emprunt français à dix ans et celui de l'Allemagne atteint un niveau record depuis 2020.

Les investisseurs n'apprécient pas l'incertitude qui plane sur la politique française. Ce mardi, le taux d'emprunt français à dix ans continuait de grimper. Vers 15H30 à Paris, le taux français s'établissait à 3,25% après avoir déjà progressé la veille. Une hausse continue qui a creusé l'écart avec le taux à 10 ans allemand qui s'établissait à 2,64% à la même heure. Cet écart de 0,61% est à présent à un niveau record depuis 2020.

Or l'écart entre ce taux français et son équivalent allemand est un indicateur qui mesure la confiance des investisseurs dans la capacité du pays à honorer sa dette.

La situation sur les marchés « illustre les craintes de détérioration de la qualité de crédit de la France par rapport à l'Allemagne et c'est lié au caractère dispendieux des mesures possibles d'un point de vue budgétaire » en cas de victoire du Rassemblement national en France, explique Lionel Melka, gérant de Swann Capital.

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Incertitude sur le prochain gouvernement...

Pour rappel, le président français Emmanuel Macron a répondu à la victoire historique de l'extrême droite aux élections européennes dimanche par une dissolution surprise de l'Assemblée nationale et de nouvelles élections législatives les 30 juin et 7 juillet. Or, si le parti d'extrême droite français obtient de bons résultats aux législatives anticipées, cela sera synonyme d'une « augmentation des déficits budgétaires », commente Neil Wilson, analyste de Finalto. Les marchés financiers craignent aussi un détournement du processus l'élargissement de l'Union européenne et le « risque d'adoption de politiques perturbatrices », impliquant des changements radicaux, précise Lee Hardman, de MUFG.

Le taux d'emprunt de la France pâtit de plus d'une récente dégradation d'un cran de la note de la dette du pays par l'agence de notation S&P. Cette dernière avait sanctionné l'aggravation des déficits publics du pays et ne croyait pas à la promesse d'un rétablissement des comptes d'ici la fin du mandat d'Emmanuel Macron en 2027.

...Et sur les taux directeurs américains

Enfin, les investisseurs sont aussi frileux à la veille de la réunion de la Réserve fédérale américaine qui devrait maintenir ses taux directeurs haut plus haut depuis vingt ans et donner ses objectifs de baisse de taux et son avis sur la lutte contre l'inflation américaine. « En mars, (la banque centrale américaine) avait annoncé trois baisses de taux cette année. D'ici demain, il pourrait n'en rester qu'une » au programme, ajoute Neil Wilson. Ne s'attendant pas une baisse lors de cette prochaine décision, l'analyste pense en outre que la Fed pourrait également « retarder les réductions » de taux d'intérêt. Les analystes estiment pour l'instant à 50% la probabilité d'une coupe en septembre. Or des taux élevés plus longtemps renforcent les rendements et donc l'attractivité du  billet vert.

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Sur le marché obligataire, un tel écart entre les taux d'emprunt français et allemand pour des raisons de politique nationale ne s'était plus vu « depuis 2017, lorsqu'il y avait un risque de voir un second tour des présidentielles entre Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen », note Lionel Melka.

Le CAC 40 et l'euro font aussi grise mine

Dans ce contexte compliqué, la Bourse a aussi battu de l'aile ce mardi. Vers 15h30, le CAC 40 délaissait 1,2% à 7.799 points après avoir déjà baissé la veille.

Le dollar évoluait en légère hausse mardi à la veille de la décision monétaire de la Réserve fédérale (Fed) et d'un indice d'inflation aux Etats-Unis pour mai, tandis que l'euro poursuivait son repli face à la montée de l'extrême droite en France et en Europe. Vers 15h30, l'euro s'échangeait contre 1,07 dollar en baisse de 0,41% et valait 0,84 livre sterling, en baisse de 0,32%. « L'euro s'est stabilisé à des niveaux plus faibles » après son recul marqué lundi, « en réponse à la reprise du risque politique en France », note l'analyste de  MUFG.

(Avec AFP)