La note financière de la France menacée

Après une dégradation il y a près de deux mois, le « AA » national pourrait disparaître.
La note financière de la France menacée
La note financière de la France menacée (Crédits : © LTD / REUTERS/Andrew Kelly)

Si les marchés financiers n'aiment pas l'incertitude, les agences de notation financière la détestent bien davantage. Après deux dégradations en un an, la première par Fitch en avril 2023 et la deuxième par Standard & Poor's (S&P) le 31 mai 2024, le risque d'un troisième abaissement de la note française à l'automne a considérablement augmenté depuis le résultat des élections législatives et le flou sur les choix de politique économique qui en découle.

Lire aussiQui est Huguette Bello, le choix de Mélenchon pour être la Première ministre d'Emmanuel Macron ?

La preuve : en quelques jours, S&P et Moody's ont chacune lancé un avertissement sévère. Les analystes de S&P ont tiré les premiers, avec un message sans ambiguïté émis quelques heures seulement après le dépouillement des bulletins de vote : « [La note serait] sous pression si la croissance était sensiblement inférieure à nos projections pendant une période prolongée, ou si la France ne parvenait pas à réduire son important déficit budgétaire. Et si le poids des intérêts de sa dette en pourcentage des recettes publiques s'envolait au-delà de nos attentes actuelles. » Quant à l'agence Moody's, elle a mis en garde le 9 juillet quant aux conséquences d'une éventuelle abrogation de la réforme des retraites. Tout en ajoutant : « À la lumière des contraintes auxquelles sera confronté tout nouveau gouvernement, des mesures de stabilisation budgétaire nous semblent inatteignables l'an prochain. »

Jusqu'à présent, la France a réussi à conserver son statut d'« emprunteur privilégié »

Avec une dette publique qui atteint 110 % du PIB et un déficit budgétaire à 5,5 % du PIB (soit bien au-delà des 3 % imposés par la réglementation européenne), la situation financière du pays était déjà jugée fragile, autant par Bruxelles que par la majorité des experts, notamment les responsables obligataires au sein des fonds de gestion d'actifs. Tel Mauro Valle chez Generali : « Nous devons voir comment les agences de notation jugeront la France dans les prochains mois, en rappelant que son "AA" est en danger, à notre avis », prévient-il.

La France, malgré ses niveaux élevés d'endettement, a néanmoins réussi à conserver jusqu'à présent son statut d'« emprunteur privilégié » grâce à trois atouts : sa stabilité politique, la crédibilité de sa politique économique et sa capacité à lever l'impôt. Ainsi qu'à sa position en Europe, en tant que deuxième économie de la zone euro derrière l'Allemagne. « Les deux premiers ont été torpillés par la séquence électorale, estime le chef économiste d'une grande banque. Quant au troisième, on voit mal comment augmenter les impôts pour financer de nouvelles dépenses, alors que les prélèvements obligatoires sont parmi les plus élevés de l'OCDE. »

Avec pas moins de 25 milliards d'euros d'économies annoncées cette année, et 20 milliards d'euros supplémentaires en 2025 selon les calculs de Bercy, toute dépense imprévue et non financée aurait un effet dévastateur. D'autant plus que la découverte en mars dernier d'un dérapage inattendu du déficit avait encore accru les inquiétudes. « En matière de risque, la dette française se rapproche aujourd'hui de celle du Portugal. Et pourrait même approcher celle de l'Italie, l'épouvantail de la zone euro », redoute un macro-économiste.

Commentaires 17
à écrit le 15/07/2024 à 16:36
Signaler
Quand unpeuple refuse de faire des sacrifices, il devient le jouet des organisations étrangeres de tous genres: FMI, Agences de notations, des Cheiks arabes etc. Il y a quelques ann´´es je lisais sur les sites francaises que l'Allemagne est pleine de...

le 15/07/2024 à 19:21
Signaler
le déficit était à 2.7 % en 2017, et de 5.5 % en 2024. Malgré les hausses de l'essence, des cigarettes, et la baisse des allocations chômages, des aides aux logements, le déremboursement de soins et de médicaments etc... Ceux qui n'ont fait aucun sac...

à écrit le 15/07/2024 à 13:02
Signaler
Dégradation par les agences de rating, instabilité politique, tout ce qui doit faire fuir les investisseurs en obligations du gouvernement et donc faire remonter grave les taux à 10 ans est arrivé, et rien ne s’est passé sur les taux, pour le moment ...

à écrit le 15/07/2024 à 11:30
Signaler
L'idéal : Laurent Berger 1er ministre + imposition des hauts revenus + très haut niveau d'investissements dans la robotisation, digitalisation, intelligence artificielle + 37 h de travail. La France aurait toutes les chances de revenir dans la course...

à écrit le 15/07/2024 à 2:20
Signaler
Tout cela est cousu de fil blanc et c'est meme le but. La note sera negative et l'on va pouvoir passer a la phase n2. L'austerite matinee d'inflation. Faut reflechir avant de voter

à écrit le 14/07/2024 à 20:33
Signaler
C'est pour les marchés financiers qu'on travaille plus longtemps. C'est pour les marchés financiers que j'économise un max afin de compenser la médiocrité de ma future pension de retraite de polypensionnée..

le 15/07/2024 à 9:16
Signaler
Les marchés financiers travaillent pour nous si on sait les utiliser. Justement si vous économisez pour votre retraite, les marchés surtout actionnaires peuvent bcp vous aider.

le 15/07/2024 à 17:06
Signaler
Les marchés financiers travaillent uniquement pour eux et personne d'autre ; l'altruisme n'appartient pas à leurs code !!

à écrit le 14/07/2024 à 18:11
Signaler
Les privilégiés seront les premiers a subir le contre coup de cette baisse non pas seulement du point de vue financier mais par le retour des "gilets jaunes" !

à écrit le 14/07/2024 à 16:05
Signaler
Y'a ka dire que ce sont les générations futures qui paieront, qu'il faut avoir confiance. Ça fonctionne sur les français depuis 40 ans. Sans nos chefs d'orchestre de la finance de toute façon, cela serait pire, disent nos experts télévisuels. Les mêm...

à écrit le 14/07/2024 à 13:10
Signaler
L’arrivée de LFI au gouvernement sera rapidement suivi de l’arrivée de LFMI (le Fond Monétaire International) a la gestion des finances du Pays et ça sera sanglant !!

à écrit le 14/07/2024 à 10:02
Signaler
Avec la menace (passée inaperçue par les "grands stratèges français) de l'Arabie Saoudite (en soutien à la Russie) de vendre la dette française sur les marchés secondaires, ça va être chaud.

à écrit le 14/07/2024 à 7:02
Signaler
C'est bien, vivement le ZZZ que les marchés financiers nous lâchent enfin la grappe et là la vie pourra enfin revenir dans notre pays. Qu'est-ce qu'il faut fairep our avoir un ZZZ, emprunter 100000 milliards ? Allez... ^^

le 14/07/2024 à 10:51
Signaler
la sanction n'est pas de degrader la france mais bien de retirer a l'ex banquiers l'interdiction de gestion d'une entreprise et d'un pays car depuis septs ans il c'est montrer incapables d'inverser la situation ce n'est pas les francais qui s...

le 14/07/2024 à 19:07
Signaler
Alors là je vois pas du tout le lien...

le 14/07/2024 à 19:51
Signaler
Vous rêvez d'une nouvelle ligne Maginot ? Mais cela fera plus de mal que de bien à la France. La France n’est pas une île de bonheur capable de s’isoler du reste du monde. Sans coopération avec le monde, la France restera à la traîne. Les politiques ...

le 15/07/2024 à 7:14
Signaler
"La France n’est pas une île de bonheur capable de s’isoler du reste du monde." Qui te parle d'isolement ??? Surtout pas la France ! Manichéen, tu ne comprends rien.

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.