France : l'inflation ralentit en juin... mais moins que prévu

La hausse des prix en France en juin a atteint 2,2% sur un an, soit 0,1 point de moins qu'en mai a annoncé l'Insee ce vendredi. Il s'agit néanmoins d'un ralentissement moins marqué que ce que laissait présager une première estimation.
(Crédits : Reuters)

[Article publié le vendredi 12 juillet 2024 à 09h10 et mis à jour à 09h52] L'objectif d'un retour à 2% est presque atteint. L'inflation en France en juin a atteint 2,2% sur un an, soit 0,1 point de moins qu'en mai, a indiqué ce vendredi l'Insee. Les prix n'ont que très peu augmenté en juin par rapport à mai (+0,1%), rapporte l'Institut national de la statistique. Ce dernier a calculé que la hausse des prix des services (+0,3% sur un mois) et des produits manufacturés a été en « grande partie compensée » par une baisse des prix de l'alimentation (-0,2%) et de l'énergie (-0,8%).

En particulier, le prix des produits pétroliers continue de baisser significativement (-1,9% par rapport à mai). L'inflation, au plus bas depuis septembre 2022, reprend ainsi sa lente décrue entamée l'été dernier, après un petit rebond en mai, où elle avait progressé de 0,1 point par rapport au mois d'avril.

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S'il s'agit d'une bonne nouvelle, elle doit néanmoins être relativisée. Et pour cause, ce ralentissement est moins marqué que ce que laissait présager une première estimation (2,1%) de l'Insee. Le prix des services - une composante qui pèse pour plus de la moitié dans l'indice des prix à la consommation - s'est apprécié de 2,9% sur un an en juin, contre 2,8% en mai.

L'inflation ralentit dans toute la zone euro

Reste que la hausse des prix se rapproche de plus en plus de la barre des 2% visée par la Banque centrale européenne (BCE), limite en dessous de laquelle l'inflation retrouve des niveaux plus habituels comparés à ceux qu'ont connus la France et l'Europe à partir de la mi-2021. A noter, cette dernière regarde surtout l'indice des prix à la consommation harmonisé (IPCH), l'indicateur de référence au niveau européen qui progresse de 2,5% sur un an en juin, après une hausse de 2,6% en mai.

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Au niveau européen justement, le ralentissement de l'inflation est aussi constaté. En zone euro la hausse des prix est repartie légèrement à la baisse en juin, ralentissant à 2,5% sur un an, après 2,6% en mai, grâce aux prix alimentaires et à l'énergie, selon des chiffres publiés le 2 juillet par Eurostat. Les analystes de Factset et Bloomberg tablaient sur ce recul de 0,1 point en juin, qui intervient après une hausse de 0,2 point le mois précédent.

Globalement, la hausse des prix à la consommation en zone euro a été divisée par plus quatre depuis le record de 10,6% sur un an, atteint en octobre 2022 quand les tarifs de l'énergie flambaient dans le contexte de la guerre en Ukraine. De quoi permettre à la BCE de recommencer à assouplir légèrement sa politique monétaire. Pour rappel, pour endiguer l'inflation, la BCE avait augmenté les taux directeurs à un rythme sans précédent à partir de juillet 2022. Le 6 juin dernier, elle a commencé à baisser ses taux, offrant une bouffée d'air pour apaiser les tensions sur le crédit immobilier et les prêts aux entreprises. Servant de référence, le taux sur les dépôts de 4%, son plus haut atteint en septembre dernier, a ainsi été ramené à 3,75%.

Une  inflation à 2% en zone euro pas avant 2025

Pour autant, la banque centrale devrait conserver une politique monétaire restrictive pendant encore quelque temps.

« Nous ne nous reposerons pas tant que le match ne sera pas gagné et que l'inflation ne sera pas revenue à 2% », a déclaré sa présidente, Christine Lagarde, en ouverture d'un forum annuel organisé à Sintra, au Portugal. Avant d'ajouter : « Notre travail n'est pas terminé et nous devons rester vigilants ». Compte tenu de l'ampleur inédite du choc inflationniste depuis le début de l'euro, « un atterrissage en douceur de l'inflation n'est toujours pas garanti », selon l'ex-directrice générale du FMI. La BCE a notamment affirmé que la cible de 2% ne devrait pas être atteinte en zone euro avant fin 2025.

Malgré tout, la perspective d'une nouvelle baisse des taux continue de se dessiner. Encore la semaine dernière, le gouverneur de la Banque de Slovaquie a rassuré les marchés. « Je pense que nous pouvons nous attendre à une nouvelle baisse des taux cette année », a-t-il notamment annoncé.

De leur côté, les marchés monétaires tablent actuellement sur une baisse totale des taux de la BCE de 68 points de base cette année, tandis que la probabilité d'une troisième baisse après celle de juin est d'environ 70%. La BCE pourrait « ne réduire ses taux qu'une fois par trimestre pour ramener le taux de dépôt à 3,25 % fin 2024 », estimait Holger Schmieding, de chez Berenberg, début juin. « Nous aurons sûrement une deuxième baisse, au mieux en septembre, et si l'inflation continue de baisser, nous en aurons éventuellement une autre en décembre », anticipait de son côté l'analyste d'IG France, Alexandre Baradez, interrogé par La Tribune plutôt ce mois-ci.

Aux Etats-Unis, l'inflation ralentit enfin

Outre-Atlantique, alors que a longtemps fait de la résistance, l'inflation a continué à ralentir au mois de juin à 3% sur un an, contre 3,3% le mois précédent, selon l'indice CPI publié jeudi. Selon les données du département du Travail, les prix sur un mois ont même reculé de 0,1%, alors qu'ils étaient encore en légère croissance en mai. Les prévisions des analystes tablaient plutôt sur une légère hausse de 0,1% sur un mois, et 3,1% sur un an, selon le consensus publié par MarketWatch.

Des résultats salués jeudi par Joe Biden en pleine campagne présidentiel : « Les prix ont baissé le mois dernier », a ajouté le président, « et l'inflation sous-jacente est la plus faible depuis trois ans », a-t-il insisté, estimant cependant que « les prix restent trop élevés » alors que les « grandes entreprises font des profits record ».

Et pour cause, il s'agit du deuxième mois de baisse, alors qu'en avril l'inflation était repartie à la hausse, et également un des signes longtemps attendus par les marchés que l'inflation a repris sa marche vers la cible de 2%, visée par la Réserve fédérale (Fed).

(Avec AFP)

Commentaires 8
à écrit le 13/07/2024 à 7:00
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Et oui ce n'est pas parce que la télé arrête d'en parler que les prix ne montent plus.

à écrit le 12/07/2024 à 23:42
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Quelques nouvelles du panier du /de la ménagère - Après un passage ce soir chez mon magasin bio habituel, je vois que les œufs extra-frais sont passés de 3,25 à 3,49 euros (+7,4%), les sardines à l'huile de Bretagne de 3,40 à 3,90 (+14,7%), les légu...

le 13/07/2024 à 3:09
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L'inflation qui vous est imposee par bruxelles n'est que la consequence du QE. Ne soyez donc pas surpris. La seconde phase, sera celle du quoi qu'il en coute, bref vous n'etes pas sortis d'affaire.

le 13/07/2024 à 20:37
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Oui et il ne faut pas oublier l"'incivilité" se rapportant à l'inflation: la greedflation.

à écrit le 12/07/2024 à 10:08
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Peut on croire les chiffres de l'INSEE quand l'inflation n'augmente pas quand l'électricité ou le gaz augmentent de plus de 10% ?

le 12/07/2024 à 10:21
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Non, évidemment, car le panier composant l'indice IPC n'est plus représentatif des prix à la consommation et des nouvelles tendances depuis longtemps déjà. Mais là aussi, aucune réforme n'est menée afin de ne pas venir bouleverser les dogmes des écon...

le 13/07/2024 à 16:33
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Si le calcul de l'inflation comporte 20 000 produits dont les énergies (pas le tabac, je crois, il est en dehors), même si l'électricité et le gaz doublent de prix mais que le reste stagne, ça se retrouve amorti, statistiquement (= moyenne). C'est po...

à écrit le 12/07/2024 à 9:29
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Mais non voyons, rappelez-vous, malgré les avertissements, le sieur De Galhau de la BdF nous a asséné (- juré, croix de bois, croix de fer et blablabla !) ne pas croire à la "théorie du dernier kilomètre" se rapportant à l'inflation 🤡😂

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