Dégradation S&P : pas de hausse d’impôts à venir, assure Bruno Le Maire, qui défend une « stratégie solide »

Samedi, le ministre de l'Economie et des Finances, Bruno Le Maire, a de nouveau écarté toute hausse d'impôts l'an prochain, au lendemain de la dégradation de la note souveraine de la France par l'agence S&P en raison des déficits chroniques du pays. Sur BFMTV, il a défendu la stratégie économique du gouvernement, et maintenu que l'Hexagone reviendra sous les 3% de déficit en 2027.
(Crédits : Reuters)

[Article mis à jour le 01/06/2024 à 15h18 avec la réaction du Medef]

Ce n'est « absolument pas un désaveu », a assuré samedi le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, interrogé sur la dégradation de la note souveraine de la France par S&P (qui juge de la capacité d'un pays à payer ses dettes). Sur le plateau de BFMTV, le locataire de Bercy a en effet défendu une stratégie économique « solide », malgré ce premier abaissement depuis 2013.

« La France réussit économiquement. Elle crée des emplois, ouvre des usines. [...] Nous faisons 1,3% de croissance là où nos voisins, l'Allemagne en tête, sont passés par la case récession. [...] L'avis de S&P reconnaît la force de la stratégie économique française, comme tous les observateurs avisés », a-t-il défendu.

Pour rappel, l'agence de notation sanctionne les déficits publics du pays. Or, sa note est passée du troisième cran « AA » au quatrième « AA- ». Une dégradation qui ne devrait pas conduire à augmenter les taux auxquels la France emprunte, mais qui n'en reste pas moins une évaluation indépendante des finances publiques françaises, le pays s'éloignant encore de l'Allemagne, notée d'un triple A, le maximum.

Lire aussiL'agence Standard & Poor's dégrade la note de la France et sanctionne ses déficits

Le dérapage surprise du déficit public pour 2023, à 5,5% du PIB au lieu de 4,9% attendus, n'a pas joué en la faveur du gouvernement, malgré une série de réformes qui permettraient selon lui de revenir dans les clous. Surtout, S&P ne croit pas que le déficit sera ramené sous 3% du PIB en 2027, comme le gouvernement le prévoit (2,9%), et table même sur 3,5% à cette date.

Mais pour Bruno Le Maire, « nous reviendrons sous les 3% de déficit en 2027 », a-t-il fait valoir ce samedi.

« Notre stratégie reste la même: réindustrialiser, atteindre le plein-emploi et tenir notre trajectoire pour revenir sous les 3% de déficit en 2027 », avait-il déjà déclaré la veille dans une interview au Parisien, en assurant que rien ne changerait dans le quotidien des Français.

Lourd « passif » sur la dette

Sur BFMTV, le chef de Bercy a néanmoins reconnu que la France avait un lourd « passif » sur la gestion de sa dette. « Cela fait depuis 1975 que nous n'avons pas de budget en équilibre. [...] Mais aujourd'hui, si on a niveau de dette élevé, c'est parce que j'ai sauvé l'économie française [...] Le choix qui a été fait, c'est celui d'éviter la récession, la casse sociale, et l'inquiétude de nos compatriotes, protégés de hausse des tarifs de l'énergie », a-t-il justifié. 

« J'ai sauvé les usines, j'ai sauvé les restaurateurs, j'ai sauvé les hôteliers, j'ai sauvé le monde de l'événementiel, j'ai sauvé des emplois, des compétences, la filière aéronautique, » a-t-il énuméré, ajoutant à la liste qu'il était fier d'avoir également « sauvé » Renault et Air France.

Engager le remboursement, sans augmenter les impôts

Désormais, le ministre de l'Economie a souligné qu'il se fixait comme objectif de long terme d'atteindre un excédent budgétaire, même s'il a admis que la France en était « loin ». « Maintenant, il faut engager le remboursement [des dépenses publiques, ndlr] », a -t-il réagi, évoquant des « réformes de structure » et des « économies sur les dépenses », comme la sortie du bouclier tarifaire sur l'énergie. Tout en promettant de la « croissance » et de l'« emploi ».

Dans son avis, l'agence de notation salue certes l'adoption de réformes (retraites, assurance chômage) depuis qu'Emmanuel Macron est au pouvoir, mais elle estime que la dette publique française en proportion du PIB ne va pas cesser d'augmenter, pour atteindre 112% du PIB d'ici 2027 - contre 109,9% en 2023 « en raison des déficits plus importants que prévus en 2023-2027 ».

Pour rappel, le ministre aux Comptes publics, Thomas Cazenave, avait fait savoir que la France devra trouver 20 milliards d'euros à économiser d'ici à 2025. « Cette révision de la note de la dette française par S&P ne fait que traduire un impératif que nous connaissons déjà : celui de poursuivre le rétablissement de nos finances publiques », a-t-il affirmé hier dans une déclaration transmise à l'Agence France-Presse (AFP)

Il n'empêche : Bruno Le Maire a de nouveau écarté samedi toute hausse d'impôt l'an prochain.

« L'augmentation des impôts ne fait pas partie de la palette des options. [...] Quand on me dit qu'il faut davantage taxer les riches, au final, on finit toujours par augmenter les impôts des classes moyennes, et ça je m'y refuse », a-t-il assuré.

Interrogé sur une possible désindexation des pensions de retraite et des prestations sociales sur l'inflation l'an prochain, une voie d'économies potentielle, il a répondu qu'aucune décision n'avait été prise.

Décrochage

Le gouvernement avait reçu un premier avertissement en décembre 2022, quand S&P avait placé la France sous « perspective négative ». De par cette dégradation, l'Hexagone décroche désormais du groupe composé notamment de la Belgique et du Royaume-Uni, mais reste mieux notée que l'Espagne ou l'Italie.

Avec un double A même suivi d'un signe moins, la capacité de la France à honorer les échéances de sa dette reste cependant « très forte » selon les critères de l'agence de notation. Surtout, cette décision « ne devrait pas avoir de conséquences économiques notables », a estimé dans une note l'économiste d'Asterès Sylvain Bersinger. Pour lui, le juge de paix reste le taux d'emprunt d'un Etat sur les marchés.

« Ce n'est pas une bonne nouvelle pour l'image de la France », a néanmoins réagi samedi le Medef. « La maîtrise des dépenses publiques courantes et la stimulation de l'activité économique sont plus que jamais nécessaires » pour l'organisation patronale

Lire aussiNotation de la France par S&P : six articles pour comprendre tous les enjeux

Critique des oppositions

Alors que la liste de la majorité est à la traîne dans les sondages pour le scrutin européen du 9 juin, les oppositions ont cependant saisi l'occasion pour éreinter la politique gouvernementale.

« La gestion catastrophique des finances publiques par des gouvernements aussi incompétents qu'arrogants a mis notre pays dans de très graves difficultés cumulant records d'impôts, de déficit et de dettes », a écrit Marine Le Pen, cheffe des députés du Rassemblement national, sur X.

« Voilà où nous mène la piteuse gestion des finances publiques du duo Macron/Le Maire ! », a posté sur X Eric Ciotti, président des Républicains, suivi de près par la présidente LR de la région Ile-de-France Valérie Pécresse qui appelle au « courage » et à la  « bonne gestion » pour une « remise en ordre dans nos comptes ».

Le président insoumis de la commission des Finances de l'Assemblée nationale, Eric Coquerel, a averti de son côté que le gouvernement allait « se servir de cette décision pour justifier de nouvelles coupes budgétaires ».

« Le manque de crédibilité des oppositions est total », a asséné samedi Bruno Le Maire, fusillant les propositions de ses adversaires politiques.

« Les Républicains ont proposé pour le budget 2024 125 milliards d'euros de dépenses supplémentaires. [...] Pour LFI, c'est 250 milliards. [...] Quant au RN, son plan fait furieusement penser à la politique marxiste en France de 1981, qui plongé le pays dans une récession économique épouvantable. C'est la cacophonie de la dette ! », a-t-il réagi.

Moody's et Fitch n'avaient pas modifié la note

Pour rappel, S&P note la France depuis 1975. C'est la première agence à avoir retiré à l'Hexagone son emblématique « triple A » en 2012, meilleure note possible et symbole d'une excellente gestion, dont un petit cercle bénéficie encore à l'instar de l'Allemagne et de l'Australie.

En avril, les deux autres principales agences internationales, Moody's et Fitch, n'ont pas modifié la note française. La première note la France « Aa2 », soit l'équivalent d'un « AA » pour S&P, tandis que la seconde est déjà au stade de « AA- » depuis avril 2023.

Lire aussiLe gouvernement évite la sanction de Moody's et de Fitch : Gabriel Attal vante « la crédibilité de la France » et son attractivité

(Avec AFP)

Commentaires 31
à écrit le 01/06/2024 à 19:46
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De l'idéologie pure. Le Portugal a eu l'intelligence de faire baisser son déficit, en ne faisant pas de baisses d'impôts. Maintenant, ils ont des marges de manœuvre. En plus, M. Le Maire oublie de dire que lorsqu'on baisse les prestations, à taux ...

le 01/06/2024 à 20:52
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Oui bien d’accord avec ça. Non seulement on finance des baisses d’impôts à crédit, c’est à dire qu’ils seront payées par les impôts des actifs et leurs enfants avec les intérêts en plus, mais en plus ils augmentent les retraites plus vite que les sal...

à écrit le 01/06/2024 à 19:44
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De l'idéologie pure. Le Portugal a eu l'intelligence de faire baisser son déficit, en ne faisant pas de baisse d'impôts. Maintenant, ils ont des marges de manœuvre. En plus, M. Le Maire oublie de dire que lorsqu'on baisse les prestations, à taux d...

à écrit le 01/06/2024 à 19:18
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MENTEUR.......y aura des changements d'assiettes, des augmentations de taux, des contributions, et que sais je encore....va falloir arreter les CHEQUES

à écrit le 01/06/2024 à 18:57
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Il y aurait quand-même besoin de rafraîchir la mémoire aux LR. A la suite de la crise de 2008, on a non seulement perdu le triple A, mais il y avait des plans sociaux tous les jours, les industries qui fermaient les unes après les autres. Aucune ...

à écrit le 01/06/2024 à 18:31
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A l'évidence il faut faire payer les intérêts de la dette française aux Parlementaires qui soutiennent la minorité 49-3 Présidentielle et aux membres des gouvernements successifs qui ont DÉGRADÉ la Nation Française.

à écrit le 01/06/2024 à 18:31
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On voit bien que nous sommes en période pré-électorale pour continuer à promettre de ne pas augmenter les impôts, déjà parmis les plus hauts…et continuer d’afficher une satisfaction de façade. Pour les oppositions ils feraient mieux de ne pas trop l...

à écrit le 01/06/2024 à 18:26
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Ca ne va pas l'empêcher d'écrire son septieme bouquins

à écrit le 01/06/2024 à 18:02
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bruno est content de lui il a bouffe la caisse mais sa fait rien il avait reconnu etre mauvais en math mais là on en est sur a degager par les voies les plus rapides et son patron pas mieux mr touche a tout bouffe tout gestion lamentable il peut s...

à écrit le 01/06/2024 à 17:02
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ils ont croqué le gâteau depuis 30 ans !!!!!!!!!!!!!des miettes tout les jours

à écrit le 01/06/2024 à 17:02
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ils ont croqué le gâteau depuis 30 ans !!!!!!!!!!!!!des miettes tout les jours

à écrit le 01/06/2024 à 16:48
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même discourt en 2016 ..AAAA ( sketch Roumanoff )

à écrit le 01/06/2024 à 16:48
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même discourt en 2016 ..AAAA ( sketch Roumanoff )

à écrit le 01/06/2024 à 15:26
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pas un mot sur les allegements d impots et charges depuis 10 ans qui ont reduit les recettes de l etat, de la secu, du chomage.....sans provoquer la croissance attendue qui aurait a terme fait des recettes. quand on baisse les impots et qu on augment...

le 01/06/2024 à 16:21
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Malgré ces baisses d'impôts nous sommes le pays le plus taxé au monde. Vous voudriez les augmenter ?

le 01/06/2024 à 19:34
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@Marc469. Déjà il faudrait commencer par développer le "nous". Mais en prenant l’ensemble des prélèvements obligatoires (impôt sur le revenu, impôt sur les sociétés, cotisations sociales, TVA…), le taux français s’établit à près de 50% du revenu nat...

à écrit le 01/06/2024 à 15:06
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les déficits, la dette qui s'envole, l'inflation, bref tout ce qui ne va pas c'est pas du à l'incompétence, c'est voulu c'est une stratégie !!

à écrit le 01/06/2024 à 14:45
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En France, la règle budgétaire de non affectation de recettes à des dépenses est une aberration qui nous conduit vers toujours plus de déficits.

à écrit le 01/06/2024 à 14:31
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Sans chercher à savoir, comme certains vont sûrement essayer de le faire, si les dépenses qui ont été effectuées pendant la période de la pandémie puis pendant celle de la montée de l’inflation étaient bien toutes absolument nécessaires, il faut me s...

à écrit le 01/06/2024 à 14:17
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« Stratégie », « Investissement », au siècle passé, ces mots n’avaient-ils pas un sens différents?

à écrit le 01/06/2024 à 14:16
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"Ce n'est pas un désaveu" C'est meme un succès !

à écrit le 01/06/2024 à 13:50
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Stratégie solide ? Incapable toujours là !

le 01/06/2024 à 13:58
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et ceux qui detruise la france sont toujours en activite voir souhaite continuer leur desastre que ce soit en economie en securite voir simplement gouverner enfin gouverner en france c'est appliquer les directives de bruxelles et les ordres des usa...

à écrit le 01/06/2024 à 13:29
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Le résultat logique de 32 ans d'UE : nous n'arrêtons pas de dégringoler, à donner du fric en centaines de milliards à des pays de l'Est qui nous poignardent dans le dos, et une BCE devenue folle avec sa planche à billets, ayant renié tous les princip...

le 01/06/2024 à 14:32
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Notre dette a commencé sa progression dans les années 80.. et nous pouvons comprendre que pour des états c'est un moyen facile de boucler un budget..

le 01/06/2024 à 17:24
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Sauf qu'en 6 ans le poudré nous a collé 1000 milliards de plus au compteur, soit 3200 milliards actuels. Et la dégradation ne fait que s'accélérer, avec un déficit commercial qui "plonge" ! Et on veut intégrer ENCORE 9 pays de l'Est à une UE de 27 qu...

à écrit le 01/06/2024 à 13:22
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Pas de hausse des impôts? À voir. Mais certainement des coupes drastiques dans les dépenses publiques en particulier dans les services publics utiles à la population (hôpital, école, sécu, etc.) et aussi des hausses de taxes plus discrètes que les ha...

le 01/06/2024 à 14:55
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@Jean Paul B. Mais c'est déjà tout vu, car la dégradation (réduction quantitative e-o qualitative) des services publics essentiels correspond - intrinsèquement parlant pour une proportion statique des recettes fiscales régaliennes - à une inflation d...

à écrit le 01/06/2024 à 13:01
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💥 Bruno Le Maire s'est fait gifler par S&P 😂 ❗☠️ Le régime francophobe et communiste de Macron, avec ses chaînes TV et ses radios aux ordres, vous offre LA TYRANNIE et LA RUINE 🤓📉🤪📉💀‼️ Pour retrouver notre souveraineté monétaire, reconstruire le tiss...

le 01/06/2024 à 16:25
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Vous parlez dans le vide. Les français sont pour l'UE et l'euro, fort heureusement !

à écrit le 01/06/2024 à 12:45
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s'il vous plait monsieur Poutine, une reaction....

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