Conjoncture : après le pic des Jeux, l’automne en pente douce ?

Si la fréquentation touristique aux premiers jours des JO fait un bond de 20 %, la rentrée s’annonce plus difficile pour l’économie française.
Touristes en train de regarder un plan de Paris lors des JO 2024.
Touristes en train de regarder un plan de Paris lors des JO 2024. (Crédits : © LTD / Linsale Kelly/BePress/ABACA via Reuters)

Sur les quais, dans les gradins, en terrasse, ils veulent en profiter, et dépensent beaucoup d'argent. Les visiteurs étrangers et français ont envahi les rives de la Seine fin juillet, signant le succès planétaire des JO. Une fréquentation touristique en hausse de 20 % du 24 au 27 juillet dans toute l'Île-de-France par rapport à la même période l'an passé, selon Choose Paris Region, l'agence régionale qui s'occupe de l'attractivité. Sur les mêmes quatre premiers jours de la compétition, l'office de tourisme de la capitale comptabilise 650000 arrivées.

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Mieux, les passionnés de sport ont joyeusement cassé leur tirelire: la dépense moyenne est évaluée à 234 euros par nuit en meublé et location saisonnière (+40 % par rapport à juillet 2023) et 389 euros pour une chambre d'hôtel (+24 %). Les établissements affichent un taux d'occupation très élevé. Ce week-end, il atteint 90 %, d'après les estimations de l'Umih, syndicat professionnel du secteur de l'hôtellerie-restauration, ce qui signifie que tout est complet.

La grande majorité des touristes sont français (82 %). Le taux confirme l'engouement du public tricolore pour l'événement et pour les athlètes en bleu. Les autres sont pour beaucoup des Américains (29 % des arrivées), qui continuent de bénéficier d'un taux de
change appréciable entre l'euro et le dollar. « Ils sont majoritaires dans les sites du Grand Palais, au château de Versailles ou à Paris La Défense Arena », souligne Choose Paris Region. Les spectateurs étrangers étaient globalement très nombreux (six sur dix) sur les quais parisiens le soir de la cérémonie d'ouverture, qui a rassemblé 358500 chanceux malgré la pluie.

Au-delà du tourisme, l'impact économique des JO s'annonce positif. Selon l'Insee, il représenterait cet été une poussée de 0,3 point de PIB - ce qui est élevé sur un seul trimestre. L'essentiel du rebond provient des ventes de billets et de l'encaissement comptable des droits de retransmission. Pour la seule région Île-de-France, les retombées à long terme sont évaluées entre 7 et 11 milliards d'euros, d'après les calculs du Centre de droit et d'économie du sport, cités dans une note de blog de l'Institut de la statistique.

Selon l'Insee, l'impact économique des JO représenterait cet été une poussée de 0,3 point de PIB

Le souffle olympique se poursuivra-t-il à la rentrée, après les Paralympiques? Il faut l'espérer. Mais les indicateurs pour l'automne invitent à la prudence. Les récentes enquêtes de conjoncture auprès des chefs d'entreprise ont piqué du nez. L'effet JO ne suffit pas: le climat des affaires mesuré par l'Insee accuse une chute de 5 points en juillet, tombant à son plus bas niveau depuis février 2021 et la sortie de la crise du Covid.

Les dirigeants estiment que les perspectives se sont assombries, dans la foulée de la conjoncture internationale et sous le coup des incertitudes politiques aux États-Unis et en France. Dans les services, les contrats potentiels s'évanouissent, notamment chez les consultants. Dans l'industrie, les carnets de commandes à l'exportation fléchissent. La production manufacturière tricolore accuse en juillet sa plus vive glissade depuis six mois, selon l'indice PMI publié par l'agence S&P Global et la Hamburg Commercial Bank.

Dans le bâtiment, le marasme perdure. Et l'immobilier souffre toujours. Le nombre de ventes a atteint 793000 en cumul sur douze mois à fin mai, soit une baisse de 22,6 % depuis novembre 2023. « Il faut remonter à décembre 2015 pour retrouver des volumes de transactions à ce niveau », s'inquiètent les Notaires de France, qui relèvent un phénomène d'attentisme supplémentaire lié à l'absence de majorité à l'Assemblée et donc de cap clair pour la politique économique et fiscale.

Anticipant un coup de froid, les chefs d'entreprise revoient à la baisse leurs décisions d'embauche, ce qui entretient la probabilité d'une remontée du chômage, déjà entrevue par l'Insee. À ce stade, un panorama conjoncturel morose attend le futur gouvernement. Parmi ses premières décisions, il devra formuler une hypothèse de croissance pour 2025, qui servira de cadre au budget. Cette fois-ci, il ne pourra plus compter sur les Jeux pour servir de locomotive.

Commentaires 4
à écrit le 06/08/2024 à 11:43
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Pourquoi passer son temps à faire des prévisions qui ne sont quasiment jamais respectées ? On peut surtout en déduire 3 choses a) l'économie est trop complexe pour pouvoir être vraiment prédictible. b) Ou alors, que les économistes sont nuls. c)...

à écrit le 04/08/2024 à 7:40
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Nos dirigeants sont NULS.

le 05/08/2024 à 18:01
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Heureusement que c'est vous qui avait organisé ces JO!

le 06/08/2024 à 8:19
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C'est marrant je note une véritable régularité chez les commentateurs ici de ne pas aimer quand j'écris "NOS DIRIGEANTS SONT NULS. Une vérité qui se vérifie pourtant chaque jour un peu plus. Alors si ça peut vous rassurer les gars, je pense à tous le...

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