Budget : Bruno Le Maire dévoile ses dernières pistes d'économies

EXCLUSIF. Le ministre de l'Economie démissionnaire Bruno Le Maire livre à La Tribune ses pistes pour faire des économies. Contestant l'Etat Providence, le locataire de Bercy plaide pour des aides ciblées sur les plus fragiles. Ce virage vers un « Etat protecteur » serait un pas supplémentaire vers un système par capitalisation. Après un septennat mouvementé à la tête de Bercy, il se prépare à faire ses valises pour se consacrer à l'écriture et l'enseignement.
Grégoire Normand
Le ministre de l'Economie lors d'une audition devant le patronat en juin dernier.
Le ministre de l'Economie lors d'une audition devant le patronat en juin dernier. (Crédits : Reuters)

La France va-t-elle réussir à sortir de l'impasse budgétaire ? Empêtré dans le marasme des comptes publics et plombé par une dette à 110% du PIB, l'Hexagone est sous le feu des critiques. Entre les agences de notation, le Fonds monétaire international (FMI) et la Cour des comptes, les avertissements continuent de pleuvoir sur l'exécutif démissionnaire. Sur le départ, le ministre de l'Economie se prépare à laisser les clés de son ministère après un septennat percuté par les crises.

Encore aux manettes du paquebot de Bercy, Bruno Le Maire veut poursuivre l'écriture de ses livres et l'enseignement. Pressenti pour donner des conférences dans des universités européennes, l'ancien haut-fonctionnaire ne s'est pas présenté aux élections législatives anticipées de juin dernier. En attendant la nomination d'un gouvernement, le ministre livre à La Tribune ses pistes pour tenter de résoudre le casse-tête budgétaire de l'Hexagone. La France va devoir engager des investissements considérables dans la transition écologique, la Défense et la Santé tout en redressant les comptes publics. De quoi donner des sueurs froides au prochain gouvernement.

Lire aussiBruno Le Maire, un septennat dans le chaudron de Bercy

Passer d'un Etat-Providence à un Etat protecteur

Jugée « préoccupante » par la Cour des comptes, la situation des finances publiques de la France risque de s'aggraver si Bercy se refuse à augmenter les impôts. Dans son programme économique, le Nouveau Front Populaire prévoit notamment de relever la fiscalité sur les grandes fortunes en créant un ISF climat et revoir le barème de l'impôt sur le revenu en passant de cinq tranches à 14 tranches. Toujours attaché au totem de la baisse de la fiscalité, Bruno Le Maire propose, lui, de revoir de fond en comble le modèle social de la France. « La France doit passer d'un État Providence à un État protecteur. L'État doit protéger les plus faibles, mais il ne doit pas continuer de verser des chèques et des aides de manière aussi large. L'Etat doit se concentrer sur l'éducation, la décarbonation, la Défense et la sécurité, et la réduction de la dette. Ce sont les priorités pour le XXIème siècle », confie-t-il à La Tribune.

Mais cette proposition libérale risque de faire l'effet d'une bombe. Instituée par les ordonnances de 1945, la Sécurité sociale pilier de l'Etat Providence en France met en place un système de protection collective pour les Français où le risque et la maladie sont détachés de l'individu. L'Etat Providence fonctionne sur une logique assurantielle inspirée du modèle bismarckien allemand. Son financement est assuré par un système de cotisation des employeurs et des salariés. Or, le modèle défendu par Bruno Le Maire repose sur une logique d'assistance aux plus fragiles qui exclurait une partie des Français. Ce qui signifie que cette population devrait souscrire plus souvent à des systèmes d'assurance privée ou des mutuelles pour se couvrir des risques et des aléas. L'Etat reviendrait alors à ses missions plus régaliennes (Police, justice, défense) pour faire des économies.

Pouvoir d'achat : revoir les allègements de cotisations

L'autre piste mise sur la table par Bruno Le Maire concerne le pouvoir d'achat des Français. L'inflation a certes ralenti ces derniers mois en France (1,8% en juin) mais la question des fins de mois pour de nombreux ménages demeure une question brûlante. En janvier dernier, le chef du gouvernement Gabriel Attal avait promis de s'attaquer à la « smicardisation » de la société. Le pourcentage de salariés au salaire minimum a en effet atteint un niveau record (17,3%) en 2023, selon la Dares.

Sur les bas salaires, la proposition du Nouveau Front Populaire d'augmenter le SMIC à 1.600 euros net a suscité de vifs débats chez les économistes ces dernières semaines. Dans les milieux dirigeants, les craintes se propagent à grande vitesse. Le ministre de l'Economie démissionnaire fustige cette mesure avancée par le camp de la gauche. « Le débat politique est hors-sol aujourd'hui », critique-t-il. « Le débat fait fi de toute réalité économique et financière. Par exemple sur le Smic, il y a des TPE, des PME, des indépendants et des artisans qui doivent payer leurs salariés. Si on leur demande de payer ces salariés 1.600 euros alors que la productivité baisse, ces entreprises licencieront », prévient l'ancien ministre de l'Agriculture sous Nicolas Sarkozy.

Pour le quinquagénaire, « la bonne solution pour augmenter le salaire net des salariés est de revoir complètement la pente des allègements de charges, redonner de la dynamique salariale, et continuer de créer de l'emploi ». Là encore, la remise en question des allègements de charges pourrait certes faire baisser le coût du travail au risque de plomber les comptes de la sécurité sociale déjà dans le rouge. Missionnés par le Premier ministre Attal, les économistes Antoine Bozio (Institut des politiques publiques) et Etienne Wasmer (New York University) avaient également proposé dans un rapport intermédiaire de diminuer la pente des allègements de cotisations pouvant « avoir un effet multiplicateur fort sur la formation de compétences et donc permettre la montée en gamme des salariés au niveau du Smic ». Mais le rapport définitif censé être remis à Matignon à l'été pourrait être enterré compte tenu du grand flou politique.

Lire aussiPouvoir d'achat : les premières pistes des économistes pour « désmicardiser » la France

Grégoire Normand
Commentaires 36
à écrit le 30/07/2024 à 12:43
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26000 euros par député et par an, y compris des délinquants fichés S, des retraites qui se cumulent pour chaque élu de la "république bananière", des repas à l'Elysée à 400 000 euros pour 100 convives soit 4000 euros le menu ça doit être bien bon pou...

à écrit le 20/07/2024 à 15:35
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Maintenant qu'il n'est plus qu'un demi ministre, il va nous expliquer ce qu'il n'a pas fait en 7 ans. Pauvre France, vivement la fin des scrutins à deux tours pour avoir enfin des vraies majorités !!

à écrit le 19/07/2024 à 22:04
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Ce que je trouve extraordinaire de la.part de le Maire, c'est qu'il ose donner des leçons a certains alors qu'il est celui qui aura enterré définitivement le pays dans la dette et ses conséquences futures.. Tout est hors de contrôle mais , lui ,le Ma...

à écrit le 19/07/2024 à 18:05
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bravo lemaire apres avoir bouffe la caisse il se barre comme un pet... quel courage honte a lui et il oserait se presenter en 2027 il reve

à écrit le 19/07/2024 à 11:53
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Bruno, vous pourriez commencer par reprendre les milliards affectés aux retraités (qui sont déjà bien trop gras eu égard à leurs cotisations) et quelques-uns des incroyables crédits d'impôts qui ont été distribués à tout va sans droit de regard. C'es...

le 20/07/2024 à 15:27
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Que l'on reprenne aux bénéficiaires des régimes spéciaux et tous les fonctionnaires bonifiés des DOM-TOM. Les retraités du privé ont été suffisamment pressurés ces derniers temps, et l'Agirc-Arrco va très bien, merci.

à écrit le 19/07/2024 à 10:40
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imposer les exilés au même titre que les autres ou les interdir de revenir en France dans les 50 années qui viennent

à écrit le 19/07/2024 à 9:01
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Picsou est au bout du rouleau, aprés avoir remplie les poches des uns, il veut leur éviter de sortir le portefeuille pour les autres ! :-)

à écrit le 19/07/2024 à 6:22
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Les riches ne paieront donc toujours pas l'impôt. Mais pourquoi ?

le 19/07/2024 à 8:35
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Parce qu'ils en paient déjà. Beaucoup. Et c'est bien normal. Mais arrêtez de raconter le contraire

le 19/07/2024 à 8:37
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Parce qu'aujourd'hui, il est très facile de déménager et de gérer, avec le télétravail, un business depuis la Belgique ou la Suisse.

le 19/07/2024 à 11:52
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À quel niveau placez vous le seuil de richesse ? 4000€ par mois et 600 000 € peut être

le 19/07/2024 à 13:59
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Vous ânnonez le catechisme de Piketty et Mélenchon. Les 'riches' paient l'impôt : beaucoup, même (et c'est normal). D'après Piketty et Louis Maurin, on est 'riche' en France à Partir d'environ 3000€ de revenus nets par mois. Des profs agrégés en fin...

le 19/07/2024 à 16:52
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Peut-être parce-qu'ils emploient 8 actifs sur 10 dans le pays. Si vous supprimez les "riches", 79% de la pop active devient chômeuse. Evidemment, ils ne paieront plus d'impôt et dans le trimestre qui suit, l'état se déclarera en faillite, les salaire...

le 20/07/2024 à 7:16
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Et donc c'est autorisé par les autorités ? Pourquoi c'est autorisé qu'aux riches et pas à tout le monde ?

à écrit le 18/07/2024 à 22:24
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Hallucinant!!!!!!!!!!!! Lemaire, qui propose plein de trucs et plein d'idees, c'est comme MOSCOVICI qui a ouvert large et fait n'importe quoi, avant de changer de poste et de se mettre en censeur!!!!!! la bave morale ne coute rien, chez ceux qui n'on...

à écrit le 18/07/2024 à 21:50
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"Budget : Bruno Le Maire dévoile ses dernières pistes d'économies" Vive Bozo Le Maire2 le roi de la piste! :o)

à écrit le 18/07/2024 à 21:48
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Il avoue donc que l'état tout-puissant est incompatible avec une économie viable. Mais tant qu'il était au pouvoir et que les marchés absorbent la dette pourquoi se bouger et dire la vérité aux français? Enfin, mieux vaut tard que jamais...nos gouve...

le 19/07/2024 à 5:58
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c'est bien connu m le maire comme m macron les responsables sont les francais et eux jamais ces pourtant leurs incompétences leurs refus de prendre en compte les revendications qui font la grandeur d'une nation ce n'est pas en détruisant l'industrie...

le 19/07/2024 à 7:54
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@Adieu BCE je crois que tout ceci ne signifie qu'une chose. Le libéralisme n'en est pas un puisque les aides vont desormais plus au possédants qu'à l'ensemble de la population... Ainsi, l'état n'est plus là pour réguler mais pour financer l'économie...

le 19/07/2024 à 8:22
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@Toony. Je fais le vœux qu'une fois pour toute le quidam intègre que le Libéralisme des Lumières (décédé depuis des décennies) n'est pas le néolibéralisme (qui peut-être embrassé autant par la gauche que par la droite) Car, l’approche néolibérale n’a...

à écrit le 18/07/2024 à 21:13
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Je crois que le mot économies n'a pas le même sens pour le vulgum pecus et pour un politicien: pour nous, les économies se font par rapport aux rentrées; pour un politicien, c'est l'annulation de crédits votés mais qui nécessiteront un appel à l'empr...

à écrit le 18/07/2024 à 20:38
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Un peu tard pour se réveiller ! Dehors !!!

à écrit le 18/07/2024 à 20:12
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Dommage qu’il ne puisse pas être poursuivi au pénal pour son bilan désastreux... Qu’il aille se planquer en Suisse.

à écrit le 18/07/2024 à 20:08
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Bonjour. Piste d'économie. Moins d'argent pour le train de vie des ministres . Des sénateurs. Des parlementaires... Moins d'avantage pour les anciens première ministres. Les anciens présidents... Limitation des cumuls des retraites de politiq...

le 19/07/2024 à 10:30
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le budget c est approximativement 1000 milliards. avec les economies que vous proposez vous avez au mieux 100 millions soit 0.1%. le gros des depenses financees par les prelevements obligatoires c est les pensions de retraites (pres de 25 % des depen...

le 19/07/2024 à 13:47
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geler les pensions - vive le nivellement par le bas...mon dieu...combien n'arrive à peine à vivre à la retraite...et puis moins de revenus c'est moins d'impots...cercle vicieux...de plus les retraités les plus fortunés ont constitué eux-même leur ret...

le 19/07/2024 à 17:17
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Dans votre style "spolions les français". Il y a tous ces employés de l'énergie qui ne paient pas leur énergie. Que leur entreprise leur fasse ce cadeau, pas de problème mais ils ne paient pas les taxes qui vont avec soit près de 20 %, vu le nombre q...

à écrit le 18/07/2024 à 19:54
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[Le locataire de Bercy plaide pour des aides ciblées sur les plus fragiles. Ce virage vers un « Etat protecteur » serait un pas supplémentaire vers un système par capitalisation] Non, ce virage va annihiler ce qu'il reste de la peau de chagrin de cet...

le 20/07/2024 à 7:34
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Il a raison de partir s'installer en suisses, il protège l'argent qu'il a gagné. En tant que ministre, il sait que l'épargne des français va être rendu aux marchés financiers.

à écrit le 18/07/2024 à 19:10
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Son trouble obsessionnel compulsif TOC à lui, son mantra, sa paranoia, c'est ne pas augmenter les impôts des plus riches.

à écrit le 18/07/2024 à 19:00
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Il ferait mieux de se taire qu à t’il fait en 7 ans ? Nada … a part distribuer le pognon à ses copains d écoles , de quartiers et de courtisans …. Et tous ceux qui ont cotisé pendant plus de 35 ans et qui o t 55 ans ils font quoi ? Ils vont brûler sa...

à écrit le 18/07/2024 à 19:00
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Il ferait mieux de se taire qu à t’il fait en 7 ans ? Nada … a part distribuer le pognon à ses copains d écoles , de quartiers et de courtisans …. Et tous ceux qui ont cotisé pendant plus de 35 ans et qui o t 55 ans ils font quoi ? Ils vont brûler sa...

à écrit le 18/07/2024 à 18:53
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Bruno lemaire c est pas celui qui nous a mis 1000 milliards d euros de dette supplémentaire depuis 7 ans et il veut faire des économies mais pourquoi n en n a t il pas fait avant ?

à écrit le 18/07/2024 à 18:28
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Si l' impasse budgétaire est étroit on n' en peut sortir qu' à reculon ! Dans les années 50 ou 60 ... du siècle dernier, le Maire d' une petite commune du Jura avait eu l' idée farçeuse de baptiser l' impasse dans laquelle se trouvait le bâtiment ...

à écrit le 18/07/2024 à 18:14
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Dans un pays où on en est à filer des euros pour réparer une chaussure ou un pantalon , on a vraiment touché le fond !

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