Le FMI presse la France de redresser sans tarder ses finances publiques

L'Hexagone doit rapidement agir sur sa « trajectoire budgétaire » s'il veut « recréer des marges de manœuvre », a estimé, ce mardi, le chef économiste du FMI, Pierre-Olivier Gourinchas. Et ce, alors que le pays reste toujours dans l'incertitude sur le plan politique, une dizaine de jours après la tenue des élections législatives.
Le FMI met la pression sur la France pour que le pays redresse sans tarder ses finances publiques. (photo d'illustration)
Le FMI met la pression sur la France pour que le pays redresse sans tarder ses finances publiques. (photo d'illustration) (Crédits : Yuri Gripas)

Après la Cour des comptes lundi, c'est une autre institution, le Fonds monétaire international (FMI) qui presse la France, ce mardi, de mettre en ordre ses finances publiques.

« Il est important de rassurer les marchés mais aussi de recréer des marges de manœuvre. Il ne s'agit pas simplement de faire plaisir aux investisseurs, mais de permettre de baisser la prime de risque et pouvoir engager des dépenses sur des nouveaux chantiers, que ce soit la défense ou le climat », a déclaré à l'AFP, le chef économiste du FMI, Pierre-Olivier Gourinchas.

Pour rappel, la prime de risque représente un surcoût intégré au taux d'emprunt de la France afin de financer sa dette, qui prend en compte le risque que les investisseurs estiment prendre en pariant sur des obligations à terme (OAT) françaises.

Le chef économiste du Fonds s'exprimait ce mardi à l'occasion de la présentation de la dernière actualisation de son rapport annuel sur l'économie mondiale (WEO), dans lequel il anticipe une croissance de 0,9% en 2024 pour la France, mieux que les 0,7% anticipé en avril dernier.

Un « ajustement » nécessaire de la trajectoire budgétaire

« Sans ajustement sérieux » de la trajectoire budgétaire, « il va être difficile d'atteindre les objectifs d'un retour du déficit à 3% du PIB pour 2027 », a ajouté Pierre-Olivier Gourinchas, rappelant que la France a été placée mi-juin en procédure de déficit excessif par la Commission européenne.

« Le situation actuelle augmente l'incertitude économique, qui peut dériver du processus politique mais également d'une incertitude importante quant à la trajectoire budgétaire qui sera mise en place », a-t-il insisté.

« Il est nécessaire de réduire cette incertitude et d'avoir un accord qui soit le plus large possible pour prendre en compte cette situation budgétaire. Il faut que l'on soit capable de disposer de marges pour faire face aux chocs futurs car elles sont aujourd'hui très faibles », a-t-il précisé.

Le président de la République, Emmanuel Macron, a annoncé ce mardi qu'il acceptera la démission de son gouvernement dans la journée, qui sera ensuite chargée de gérer les « affaires courantes » le temps qu'un nouveau gouvernement puisse être nommé.

La période de transition pourrait cependant « durer un certain temps », vraisemblablement jusqu'à la fin des Jeux olympiques au moins, dans la mesure où le bloc arrivé en tête, le Nouveau Front populaire (NFP) tarde à s'entendre sur le nom d'un potentiel nouveau Premier ministre, et que le nouvel exécutif devra dans tous les cas composer avec une Assemblée nationale sans majorité claire.

La Cour des comptes sceptique sur le désendettement du pays

Dans son rapport sur la situation des finances publiques présenté lundi 15 juillet, la Cour des comptes s'inquiète elle aussi de la gestion des comptes publics par le gouvernement. Les magistrats financiers s'interrogent notamment sur la trajectoire budgétaire de l'exécutif, détaillée en avril à la Commission européenne dans le programme de stabilité (« PSTAB »). Celle-ci repose sur « des hausses importantes » des prélèvements obligatoires supplémentairesà savoir « quelque 21 milliards d'euros » en cumul pour les années 2025 et 2026, a expliqué son premier président, Pierre Moscovici, devant la presse.

Précisément, selon le rapport, la trajectoire « intègre des mesures de hausses d'impôts d'ampleur, à hauteur de 15 milliards d'euros en 2025 et de 6,2 milliards d'euros en 2026, soit 21,2 milliards à cet horizon ». Alors où l'exécutif compte trouver ces 21 milliards d'euros de prélèvements supplémentaires ? Pour l'expliquer, le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, met en avant la fin du bouclier tarifaire destiné à limiter les hausses des tarifs réglementés sur l'électricité, mis en place en 2022. Mais cette manne financière, qui a bien été identifiée par la Cour des comptes, est évaluée par les magistrats financiers à un gain de « 4 milliards d'euros en 2025 ».

Lire aussiÉlectricité : le gouvernement reporte l'augmentation des factures prévue le 1er août

« Pour le reste (17 milliards, ndlr), on n'a aucun élément », relève Carine Camby, présidente de la première chambre de la Cour des comptes. « Ce n'est pas du tout documenté. Il n'y a absolument pas d'éléments précis pour dire à quoi ce serait dû », poursuit-elle.

Outre ce manque de réalisme, la juridiction financière administrative pointe l'épée de Damoclès qui repose au-dessus des comptes publics. « Les scénarios alternatifs testés par la Cour des comptes montrent que tout écart par rapport aux prévisions de croissance, de dépenses ou de recettes suffirait à faire dérailler la trajectoire et à manquer les cibles de déficit et de dette pour 2027 », prévient-elle.

Le FMI table sur une croissance mondiale de 3,2% en 2024

Le Fonds monétaire international (FMI) a maintenu inchangée ce mardi sa prévision de croissance mondiale pour 2024, à 3,2%, anticipant notamment une amélioration de la croissance en Chine et en Inde, mais confirmant les précédentes anticipations pour les économies avancées. Pour la troisième et dernière actualisation de son rapport annuel sur l'économie mondiale (WEO), le FMI a indiqué toujours s'attendre à une croissance de 3,2% pour 2024, améliorant légèrement sa prévision pour 2025 à 3,3% (+0,1 point de pourcentage).

Malgré tout, la croissance mondiale reste sur une tendance de moyen terme historiquement basse, à peine supérieure à 3,2% depuis deux ans et pour les prochaines années en moyenne, loin des 3,8% observés sur la période 2000 à 2019, et plus encore le siècle dernier.

« Nous avons deux domaines d'inquiétudes », a alerté le chef économiste du FMI, Pierre-Olivier Gourinchas, interrogé par l'AFP. « L'une concerne la trajectoire budgétaire d'un certain nombre de pays où les finances publiques ont été très sollicitées (...), la seconde concerne les politiques industrielles et commerciales, le risque de fragmentation géo-économique », a-t-il détaillé.

(Avec AFP)

Commentaires 26
à écrit le 18/07/2024 à 7:14
Signaler
Il faut en informer le nouveau front populaire en priorité

à écrit le 17/07/2024 à 23:56
Signaler
Ils ne connaissent pas bien le RN et le NFP au FMI !

à écrit le 17/07/2024 à 14:01
Signaler
je doute que ce soit avec le NFP que cela sera possible

à écrit le 17/07/2024 à 11:49
Signaler
Il faut arrêter d'écrire n'importe quoi : le déficit public était à 2.7 % en 2017, et sur une pente descendante. Il est à 5.5 % en 2023. Les électeurs de M. MACRON doivent assumer et être taxés jusqu'à faire revenir le déficit à 2.7 %. C'est tout. C...

le 17/07/2024 à 19:57
Signaler
René MONTI La dette était dans les clous avec le COVID et tout ses impacts, dont la remontée des taux, et les augmentations des couts sur la logistique et les matières premières, puis sur les composants. Puis la guerre de la Russie a suivi, hausse ...

à écrit le 17/07/2024 à 10:11
Signaler
Sourions, nous sommes déjà sur le radeau de la Méduse! Peu se souviennent en occident de Alejandro Olmos, ce journaliste très courageux qui, en 1982, alors que la dictature en Argentine ne s’était pas encore effondrée, a porté plainte devant la justi...

à écrit le 17/07/2024 à 9:17
Signaler
Le FMI se trompe de cicle, ce n'est pas la France qu'il faut viser mais Le Maire et Macron !

à écrit le 17/07/2024 à 8:29
Signaler
J ai écrit a madame Macron il y a un moment déjà pour lui dire combien l'histoire se souviendra du couple qui a ruiné la France. Nous y sommes! Macron est très loin d'être un génie de la finance encore moins un grand homme d'état, il est celui par qu...

le 17/07/2024 à 14:46
Signaler
Macron est en fait le dernier des présidents giscardiens, le giscardisme consistant à endetter le pays pour acheter le vote de la classe d'âge née dans les années 40, mais celle-ci a maintenant un pied en EHPAD et l'argent commence à manquer...

à écrit le 17/07/2024 à 5:42
Signaler
Le FMI presse la France de redresser sans tarder ses finances publiques en agissant rapidement sur sa « trajectoire budgétaire » si elle veut « recréer des marges de manœuvre » Le décor est planté !

le 17/07/2024 à 8:47
Signaler
qui a quasi impose a la france le mozart de la finance si ce n'est le fmi alors la dette francaise c'est aussi la dette du fmi il ne faut pas oublier le battage de l'organisme en question pour regler le deficit d'alors

à écrit le 17/07/2024 à 0:15
Signaler
Chef-Oui-Chef, à vos ordres grand Chef! Oui, il nous faut respecter à la lettre les termes du "Consensus de Washington" - ou plus précisément les exigences de l'actionnaire principal de cette si "vénérable institution" qui se soucie plus de ces "tabl...

le 17/07/2024 à 9:41
Signaler
Cessez d'accuser les autres de vos propres turpitude!!! La dette et le deficit francais n'ont rien á voir avec la réforme de la zone EURO !!!! Le Portugal, l'Italie, l'Allemagne ont des excédents primaires.... Ils ont leur retraites ä 67 ans, moins d...

le 17/07/2024 à 15:18
Signaler
@Appache. Allez prendre des cours d'économie monétaire et seulement ensuite vous viendrez me faire une leçon. Vous pouvez toujours lire mon intervention étoffée sur la chronique "Qui veut faire les poches du contribuable allemand ?", vous apprendrez ...

le 17/07/2024 à 17:05
Signaler
@appache "Ils ont leur retraites ä 67 ans" Tu veux être concerné ou tu proposes cela pour les générations suivantes ?

à écrit le 16/07/2024 à 22:26
Signaler
Première mesure à prendre d’urgence: exiler Bruno en Suisse!

le 17/07/2024 à 3:33
Signaler
Il y a tant de pistes à explorer pour diminuer le train de vie de l'état. Diminuer le cout de l'Elysée qui a fortement augmenté dans la dépense des conseillers brillants qui ont mené à la dissolution entre autre. Limiter à 10 000 € mensuel primes co...

le 17/07/2024 à 11:26
Signaler
@Calamard: Et avez-vous pensé à faire l'économie de ce parlement de salariés, plus préoccupés de leur cuisine politique que de définir les orientations économiques de la France? Il est anormal que le président de la république ait le droit (?) de dis...

à écrit le 16/07/2024 à 19:33
Signaler
La Troika avance à grands pas!!!! Pour une GRANDE NATION je trouve cela humiliant. Apres tout ca fait plus de 50 ans que la France vit au dessus de ses moyens gräce á l'EURO !!! Mainteant retour á la réalité, il faut serrer la ceinture, cesser la gab...

le 17/07/2024 à 0:16
Signaler
Dites le à vos parents baby boomer qui ont endetté le pays comme jamais pour éviter de trop travailler par rapport aux autres européens… : plein emploi inflation payant le crédit immobilier , préretraite à 57 ans, retraite à 60 ans à taux plein y com...

le 17/07/2024 à 0:18
Signaler
Dites le à vos parents baby boomer qui ont endetté le pays comme jamais pour éviter de trop travailler par rapport aux autres européens… : plein emploi inflation payant le crédit immobilier , préretraite à 57 ans, retraite à 60 ans à taux plein y com...

le 17/07/2024 à 8:47
Signaler
Le problème, c'est que c'était justement pour reconvertir dans les services les sureffectifs de l'agriculture et de l'industrie qu'on a fait du déficit à tout va, et effectivement, la classe d'âge du baby-boom a profité de l'occasion pour s'accorder ...

le 17/07/2024 à 11:25
Signaler
"plus de 50 ans que la France vit au dessus de ses moyens gräce á l'EURO !!!" : belle performance pour une monnaie qui n'existe que depuis 25 ans !

à écrit le 16/07/2024 à 19:26
Signaler
To big to fail se disent nos gouvernants. Jusqu'à ?

à écrit le 16/07/2024 à 18:50
Signaler
Et voilà le FMI qui dit: j'arrive; tous aux radeaux!

le 17/07/2024 à 10:01
Signaler
Pour sûr, les boomers risquent de pleurer car ils ont perdu leur position dominante et leur camp politique s'est fait "castoriser" au même titre que le RN et LFI...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.