60 milliards d’euros d'économies dès 2025 : l'astronomique somme pour stabiliser la dette, selon Rexecode

Par latribune.fr  |   |  718  mots
Le gouvernement a jusqu'ici communiqué autour d'un objectif d'économies de 20 milliards d'euros en 2025. (Crédits : Reuters)
La stabilisation de la dette publique de la France impliquerait, à croissance constante, des économies de 60 milliards d'euros en 2025, largement supérieures à celles prévues par le gouvernement sortant, a estimé mercredi l'institut Rexecode.

Stabiliser la dette publique française nécessiterait des économies de 60 milliards d'euros en 2025, selon Rexecode. Avec une croissance de 1% et une fiscalité stable, « le calcul montre que la stabilisation » de la dette à son niveau de fin 2023, autour de 110%, exigerait « une réduction de dépenses publiques de 60 milliards d'euros dès 2025 », a estimé l'institut dans une note mercredi.

Ces économies seraient donc largement supérieures à celles prévues par le gouvernement sortant. Ce dernier a jusqu'ici communiqué autour d'un objectif d'économies de 20 milliards d'euros en 2025. Mais il table sur une croissance de 1,4% en 2025 et une légère hausse de la fiscalité, souligne Rexecode.

Un écart avec les économies du gouvernement

En outre, le gouvernement sortant n'ambitionne pas de réduire dès 2025 la dette publique, sa décrue étant attendue à compter de 2026 seulement. Autant de paramètres qui peuvent expliquer l'écart entre les 60 milliards d'économies avancés par Rexecode et les 20 milliards envisagés avant la dissolution de l'Assemblée nationale par le gouvernement. Reste que la prévision de croissance du gouvernement pour 2025 est supérieure à celle de la Banque de France (1,2%) ou de l'OCDE (1,3%) et reste tributaire de la politique économique du futur exécutif.

Ce scénario de 60 milliards d'euros d'économies est toutefois jugé insatisfaisant par Rexecode, puisqu'il implique des coupes radicales et ne permet pas d'investir suffisamment dans la « décarbonation et la transition climatique ». Avec une croissance faible, « il est illusoire d'espérer stabiliser la dette publique, accroître les dépenses publiques pour conduire la transition climatique et augmenter le pouvoir d'achat des ménages », considère l'institut réputé proche du patronat.

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Coût élevé des mesures avancées pendant les législatives

Rexecode juge par ailleurs qu'après les législatives anticipées des 30 juin et 7 juillet, « la nouvelle Assemblée nationale se trouvera rapidement confrontée au déséquilibre des finances publiques et à la montée de la dette publique de la France ».

« La plupart des mesures avancées au cours de la campagne électorale ont un coût budgétaire élevé et leur mise en œuvre se traduirait par un déséquilibre encore plus marqué et de nouvelles augmentations de la dette publique », avertit encore Rexecode.

Le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, appelle d'ailleurs ce jeudi à « reconnaître les exigences du réel » et à éviter les « coûts salariaux excessifs » pour les entreprises, quatre jours après le second tour des élections législatives.

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Alors que le Nouveau Front populaire, arrivé en tête, propose de relever le Smic de plus de 200 euros pour le porter à 1.600 euros nets, le patron de la banque centrale a été invité sur franceinfo à commenter l'impact de cette mesure sur les entreprises. À la Banque de France, qui a publié mercredi sa dernière enquête de conjoncture, « nous n'avons pas d'évaluation de telle ou telle mesure », a assuré son gouverneur.

« Mais je crois (...) que dans la compétition économique, nos PME, nos entreprises ne peuvent pas être alourdies par des coûts salariaux excessifs, y compris le Smic, et par des impôts trop lourds. Ça serait très mauvais pour l'emploi tout de suite, et très mauvais pour le pouvoir d'achat à terme », a jugé François Villeroy de Galhau.

« Effriter progressivement » la position avantageuse de la France

Dans une note publiée mercredi et également consacrée à la dette publique, les économistes de La Banque Postale Maël Blanchet et Corentin Ponton soulignent que « la prolongation d'une situation de déficit des finances publiques pourrait effriter progressivement » la position avantageuse de la France, qui « a longtemps profité d'un statut d'emprunteur privilégié en raison de sa stabilité politique, de la crédibilité des politiques économiques et de son rôle d'influence dans les instances européennes ».

« L'instabilité politique actuelle pourrait être un catalyseur de cette évolution », ajoutent-ils. « À l'inverse, la clarification de la trajectoire financière par le gouvernement issu des élections et la réassurance sur les atouts traditionnels français (éducation, infrastructure, taille du marché) seraient susceptibles de rassurer les marchés. »

(Avec AFP)