France : la dette publique remonte à son tour, au moment où l'UE menace d'une sanction

Après la mauvaise nouvelle d'un déficit public en forte augmentation, l'Insee a annoncé ce vendredi que la dette publique de la France a grimpé à 110,7% du PIB à la fin du premier trimestre, contre 109,9% à la fin de 2023. Dans le même temps, la Commission européenne menace la France d'une procédure pour déficit public excessif.
La dette publique de la France a grimpé à 110,7% du PIB à la fin du premier trimestre, contre 109,9% (revu en baisse) à la fin de 2023. (Photo d'illustration du ministère de l'Economie.)
La dette publique de la France a grimpé à 110,7% du PIB à la fin du premier trimestre, contre 109,9% (revu en baisse) à la fin de 2023. (Photo d'illustration du ministère de l'Economie.) (Crédits : © LTD / Clément Martin/HANS LUCAS)

Les mauvaises nouvelles concernant les finances publiques continuent d'affluer. Ce vendredi, l'Insee a annoncé que la dette publique de la France a grimpé. Elle atteint désormais 110,7% du PIB à la fin du premier trimestre, contre 109,9% à la fin de 2023.

L'endettement public du pays, qui s'est massivement accru depuis la crise sanitaire, a augmenté de 58,3 milliards d'euros pour s'établir à 3.159,7 milliards d'euros, a précisé l'Institut national de la statistique, alors que le mauvais état des finances publiques est un des sujets centraux de la campagne des législatives anticipées. A noter cependant, la dette publique est en repli par rapport au premier trimestre 2023 (111,9% du PIB).

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Dans le détail, la hausse enregistrée sur les trois premiers mois de l'année provient essentiellement de l'augmentation de la dette de l'Etat (+44,4 milliards d'euros). Celle des administrations de sécurité sociale a progressé de 12,9 milliards d'euros. En revanche, la dette des administrations publiques locales est restée quasiment stable (+0,8 milliard), comme celle des organismes divers d'administration centrale (+0,2 milliard).

Dérapage sur le déficit public

Cette remontée du taux d'endettement arrive quelques mois après une autre mauvaise nouvelle sur les finances publiques. En 2023, le déficit public avait dérapé à 5,5% du PIB, plus que prévu par le gouvernement. Ce dernier avait attribué ce dérapage à des recettes fiscales de 21 milliards d'euros plus faibles qu'espéré l'an dernier. « On a eu un accident. Je le reconnais bien volontiers. En 2023, tout le monde nous est tombé dessus. Il y a eu un accident de recettes, on est à 5,5 (% du PIB) au lieu d'être en dessous de 5 », a ainsi reconnu le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, mercredi.

Le ministre français a justifié le dérapage des finances par la pandémie en 2020, puis la crise de l'inflation dans le sillage de la guerre en Ukraine à partir de 2022.

« Nous avons beaucoup protégé l'économie française pendant la crise du Covid et pendant l'inflation, et beaucoup protégé les ménages français. Le résultat, c'est que nous sommes le premier pays de la zone euro à avoir retrouvé son niveau d'activité d'avant crise », a-t-il expliqué le 21 juin.

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L'Europe menace la France d'une procédure pour déficit public excessif

Reste que ce dérapage n'est pas du tout vu d'un bon œil par la Commission européenne qui a ouvert la voie mi-juin à des procédures pour déficits publics excessifs contre la France et six autres pays.

Les déficits publics de ces pays ont dépassé, l'an dernier, la limite de 3% du produit intérieur brut (PIB), seuil fixé par le Pacte de stabilité depuis 1997 pour maintenir les comptes de la zone euro à l'équilibre. Formellement, l'exécutif européen proposera aux Etats membres d'ouvrir les procédures lors d'une prochaine réunion des ministres des Finances le 16 juillet. Rien de nouveau pour la France, dont le dernier excédent budgétaire remonte à 1974, et qui a été la plupart du temps en procédure de déficit excessif depuis la création de l'euro au tournant des années 2000. Elle en était toutefois sortie en 2017.

Bruno Le Maire promet de réduire le déficit

Pour éviter des sanctions de l'Europe, et apaiser les craintes, Bruno Le Maire a affirmé qu'il allait réduire la dette et ramener le déficit public sous le seuil européen de 3% du PIB en 2027.

Le gouvernement prévoyait, avant l'annonce de la dissolution de l'Assemblée nationale le 9 juin, un effort budgétaire de 20 milliards supplémentaires en 2024, puis encore 20 milliards en 2025. « En 2024, nous avons pris les décisions nécessaires pour être à 5,1 (% du PIB). En 2025, nous devrions être à 4,1% (...) en 2027, nous serons à 3 », dans les limites prévues par la Commission européenne, a ajouté Bruno Le Maire mercredi.

Mais dans ce contexte d'élections législatives, les partis politiques en course présentent des programmes coûteux qui risquent d'enfoncer un peu plus la France dans un déficit excessif.

Le ministre de l'Économie se veut néanmoins rassurant. Ce dernier a affirmé, mercredi, sur BFMTV, que l'Etat disposait de « 3 milliards d'euros de recettes fiscales excédentaires » par rapport à ses prévisions. « Je peux déjà vous annoncer que nos recettes fiscales aujourd'hui sont bonnes. Au moment où je vous parle, nous avons 3 milliards d'euros de recettes fiscales excédentaires par rapport à ce qui a été prévu en mai 2024. C'est une bonne nouvelle », a-t-il indiqué.

Commentaires 5
à écrit le 29/06/2024 à 7:59
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Français préparez vous à éjecter l'invasion allemande via la troïka, Nietzsche nous avait prévenu de cette obsession allemande contre la civilisation française, attention car il l'a écrit dans plusieurs de ses oeuvres. L'Allemagne, le st empire allem...

à écrit le 29/06/2024 à 7:01
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J'aimerais que vous expliquiez comment il est possible pour le ministre des finances de réduire la dette avec un déficit de 3 pour cent qui représente environ 80 milliards d'euros ????????

à écrit le 28/06/2024 à 12:36
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Depuis l’introduction de l’euro et les critères de stabilité, la France a chaque année dépassé la barre – avant même la pandémie et la guerre en Ukraine. Cela restera ainsi à l’avenir. Les promesses du ministre français des Finances ne sont que des p...

le 28/06/2024 à 16:02
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Et pour cause, et forcément cette fois ci, ils ont intérêt à sortir des tiroirs les dépenses non prises en compte par la loi de programmation des dépenses adoptées par les députés car non soumises à debat à l'AN. C'est la raison pour laquelle l'ende...

à écrit le 28/06/2024 à 11:53
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Et ça vous étonne bande de loulous? C'est mécanique les loulous, à croire qu'aucune leçon depuis 2008 n'a été retenue.

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