En Corse, Le Meur réinvente l’horlogerie sur mesure

Seul horloger créateur de l’île, Jean-Dominique Le Meur puise son inspiration au cœur de la petite cité balnéaire de Solenzara pour aujourd’hui donner l’heure jusqu’aux Etats-Unis.
Jean-Dominique Le Meur réalise sa première montre en 2020 : « la Chronograph Regatta ».
Jean-Dominique Le Meur réalise sa première montre en 2020 : « la Chronograph Regatta ». (Crédits : DR)

L'horlogerie a conquis Jean-Dominique Le Meur avant l'adolescence. « J'avais 11 ou 12 ans quand j'en suis tombé amoureux », raconte-t-il. Interpellé par la mécanique des montres et leur fonctionnement sans piles, il entreprend alors des recherches approfondies qui le conduiront à une fascination pour les mouvements horlogers. « C'est là que j'ai mis le doigt dans l'engrenage », poursuit le jeune homme.

Une fois son baccalauréat « STI électronique » en poche à 17 ans, partir de l'île pour mieux revenir sonnait comme une évidence, mais pas vers n'importe quelle destination. « J'ai choisi la Suisse et le Bachelor en Ingénierie Micromécanique Horlogère de la Haute Ecole ARC de Neuchâtel ». Une formation de trois ans et un diplôme qui n'ont fait que confirmer et faire grandir la passion de Jean-Dominique Le Meur. Mais sa quête de savoir ne s'est pas arrêtée là, puisqu'il a ensuite enchaîné avec un Master Management et un Master 2 Marketing « afin », dit-il, « d'avoir les clés de la bonne gestion et du bon développement de mon projet ».

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Montres de luxe

C'est la pandémie de Covid-19, en 2020, qui, depuis sa chambre, dans la maison familiale, lui a donné le déclic pour se lancer dans la création de la première montre « Le Meur », « la Chronograph Regatta ».

« J'ai trouvé les croquis tellement beaux que je me suis dit qu'il fallait que je tente d'en obtenir un produit fini. J'ai donc commencé à réaliser les dessins techniques, à rechercher les industriels pour me fournir les pièces détachées et produire le cadran selon mes plans et codes Pantone », se remémore-t-il.

S'installer à Solenzara - sur la côte est de l'île, frontière naturelle entre la Haute-Corse et la Corse-du-Sud - coulait de source. Lui qui dispose désormais de son propre atelier, situé à l'endroit même où il fréquentait l'école primaire.

Equipé d'un matériel productif performant, Jean-Dominique Le Meur, 28 ans, façonne des créations qui reflètent un mariage subtil entre tradition et innovation horlogère. « Je fabrique des montres de luxe personnalisables et réalisées avec des matériaux nobles », explique-t-il. Chaque pièce, assemblée, réglée et testée par ses soins, porte la marque de l'authenticité et d'un savoir-faire artisanal d'exception. « Je suis souvent amusé de voir des "éditions limitées" à 1.000 exemplaires dans d'autres marques, sachant qu'au rythme où je travaille il me faudrait plus de 20 ans pour les produire », commente-t-il.

Le Meur Horloger

[Jean-Dominique Le Meur dessine et produit près de 45 montres par an]


« Après le succès de l'édition limitée du modèle "A Prima" avec son cadran en météorite, je pense que ma création phare de 2023 est l'édition limitée à 10 exemplaires du modèle Lucerna ; "cernier" en langue corse, une espèce de poisson cousine du mérou et qui habite nos côtes », précise Jean-Dominique Le Meur. « Ce garde-temps unique se distingue par un cadran en acier feuilleté forgé à partir de minerais corses, réalisé en collaboration avec le coutelier Xavier Biancarelli, et un bracelet en cuir cousu à la main par l'artisan du cuir Dumè Santoni. Cette collaboration entre artisans souligne la richesse du savoir-faire local », décrit-il.

Optique de transmission

Jean-Dominique Le Meur indique être « en mesure de concevoir sur demande un cadran unique » pour ses clients, mais également de proposer « des gravures personnalisées au dos de leurs montres ». Cette approche de personnalisation vise à créer des pièces uniques chargées de significations.


« C'est dans cette optique de transmission que j'ai choisi de travailler avec des boîtiers dont l'étanchéité minimum est de 100 mètres, en acier inoxydable, avec des verres en saphir à haute résistance aux rayures, et enfin avec des mouvements suisses largement utilisés dans l'industrie du luxe. Il s'agit de garantir une fiabilité mais également l'accès aux pièces détachées -et donc la réparabilité de mes montres- sur le long terme ».

La production minutieuse des montres « Le Meur » témoigne du dévouement de Jean-Dominique. « J'ai dessiné chacun des modèles, des premiers prototypes imprimés en 3D jusqu'au dessin technique final pré-production », précise l'horloger-créateur. Chaque étape, de la conception à l'assemblage, est guidée par la volonté de créer des garde-temps sans pareil. « J'ai la chance de réaliser environ 45 pièces par an, estime-t-il. C'est à la fois très peu et énorme puisque je suis seul dans cette entreprise à tout assumer et que cela fait presque une montre réalisée par semaine ! ».

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Avec environ 25% de ses créations exportées à l'étranger - aux Etats-Unis, en Espagne ou encore en Suisse - Jean-Dominique envisage l'avenir avec ambition. « Il m'est indispensable d'exister en dehors du marché insulaire, car à lui seul il ne suffira pas pour pérenniser mon activité à moyen-long terme, conclut-il. En cela, les réseaux sociaux et le bouche-à-oreille deviennent des vecteurs essentiels pour faire rayonner mon travail à plus large échelle ».

Commentaire 1
à écrit le 02/08/2024 à 20:00
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Enfin l' histoire d'une vie faite de passion et qui peut , elle, servire d' exemple aux générations futures

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