Léa Salamé : « J’espère que les JO seront un moment de réparation »

ENTRETIEN - Durant les Jeux, la présentatrice sera aux manettes d’un talk-show quotidien sur France 2. L’occasion de se confier sur sa carrière, sa famille et le climat politique. Rencontre.
Léa Salamé à Paris à l'Hôtel Amour le 5 juillet.
Léa Salamé à Paris à l'Hôtel Amour le 5 juillet. (Crédits : © LTD / CYRILLE GEORGE JERUSALMI POUR LA TRIBUNE DIMANCHE)

Le nom de l'établissement parisien où elle nous a donné rendez-vous invite à la douceur et à l'apaisement. Bienvenue à l'Hôtel Amour, entre Pigalle et Saint-Georges, où Léa Salamé débarque en voisine. Dans la cour arborée, elle retrouve avec plaisir notre photographe, qui avait signé en 2014 son tout premier cliché pour un célèbre magazine. C'était à l'occasion de son arrivée comme chroniqueuse dans On n'est pas couché sur France 2. Une décennie plus tard, la journaliste s'est imposée comme l'une des taulières de la chaîne publique. Elle fait un carton le samedi en deuxième partie de soirée dans Quelle Époque !, tout comme dans la matinale de France Inter. Cet été, à partir du 27 juillet, les téléspectateurs de la Deux la retrouveront tous les soirs à 23 h 20 aux commandes de Quels Jeux ! Rencontre sans filtre.

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LA TRIBUNE DIMANCHE - On ne vous attendait pas franchement à la tête d'une émission de sport !

LÉA SALAMÉ - Vous verrez, Quels Jeux ! ne sera pas uniquement un programme sportif. Car le public aura suivi toute la journée les épreuves sur France 2, France 3 et la chaîne numérique olympique. Nous, le soir, dans ce late show, on offrira un regard plus sociétal. On recevra bien évidemment des athlètes, mais également des artistes et des politiques avec qui on revivra en images tous les moments forts de la journée. L'idée est de marier, le temps des Jeux, l'émission Quelle Époque ! avec le service des sports de France Télévisions. C'est pourquoi j'aurai le plaisir d'être accompagnée de l'une de ses figures les plus populaires : Laurent Luyat.

Êtes-vous calée en sport ?

Alors, sur l'échelle de Laurent Luyat, je suis nulle, je vous l'accorde ! [Rires.] J'en jouerai d'ailleurs à l'antenne. Mais en réalité, je ne suis pas aussi néophyte que ça. J'ai toujours aimé regarder les grands événements sportifs, dont les JO. Et puis tous mes amoureux ont été des malades de sport. À la maison, mon compagnon [Raphaël Glucksmann], mon fils de 7 ans et mon beau-fils de 12 ans ne parlent que de ça. Ça occupe tous nos déjeuners familiaux. Là, si vous voulez, je peux vous citer l'équipe type de Manchester City !

Ces Jeux arrivent dans un climat politique suffoquant...

Une trêve olympique va faire du bien dans cette France si fracturée. J'espère que les JO seront cathartiques et offriront un moment de concorde nationale durant lequel toutes les querelles seront mises en pause. Ils auront une résonance très forte à l'aune de la séquence politique que l'on vient de traverser. On en sort meurtris intérieurement. Beaucoup de Français sont « kaput », déprimés et dorment mal. Ces élections ont déchiré des familles et des amitiés. Les Jeux doivent permettre de faire corps, ils seront je l'espère un moment de consolation et de réparation. Ce sera notre rôle dans Quels Jeux!

Quelle Époque! a réuni cette saison en moyenne 1,3 million de téléspectateurs,
un record depuis 2017 sur cette case. Beaucoup d'observateurs prédisaient pourtant un échec cuisant quand vous l'avez récupérée il y a deux ans.

C'était votre cas ?

Honnêtement, oui, car vous succédiez à deux « poids lourds » du PAF très identifiés : Thierry Ardisson et Laurent Ruquier...

C'est vrai que ça étonnait beaucoup de monde qu'une femme arrive sur une case occupée précédemment par deux hommes puissants et charismatiques. Je me disais moi-même que ça allait être très compliqué. À l'époque, mon image était différente. Cela faisait cinq ans que je présentais l'émission politique sur France 2. On me reprochait parfois d'être trop dure voire agressive avec mes invités. J'ai compris au fil du temps qu'il n'était pas nécessaire de « mordre » pour faire de bonnes interviews. Je me suis arrondie, même si j'espère ne jamais devenir lisse. Dans l'Apocalypse de Saint-Jean, il est écrit que « Dieu vomit les tièdes ». Cette phrase m'est très chère.

Y a-t-il eu cette saison des tensions avec votre chroniqueur Christophe Dechavanne, comme on a pu le lire?

Je n'ai pas compris tous ces articles. Oui, il a pu y avoir des frictions, mais comme cela arrive avec n'importe quel collègue. Ça m'est arrivé parfois le matin sur France Inter avec Nicolas Demorand. On a monté en épingle une rivalité qui n'existe pas. Ce qui est vrai, c'est que Christophe a beaucoup de caractère et est ultra-sensible. Quand il est malheureux et traverse des moments difficiles dans sa vie personnelle, il n'arrive pas à le cacher et on peut le ressentir à l'antenne. À l'inverse, quand il est gai, ça se voit. Ça fait son charme, et je suis heureuse qu'il soit de nouveau avec nous à la rentrée.

Il est indiqué sur votre bio Instagram « dors parfois ». Que cache cette boulimie de travail ?

Probablement une peur du vide et du silence. Un besoin tripal d'être accroché à l'actu vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Mais je me soigne et suis plus apaisée qu'avant. Les moments de contemplation et de déconnexion m'apportent de la quiétude. Il y a deux ans, un ami m'a offert le livre Puissance de la douceur, d'Anne Dufourmantelle, qui m'a fait réfléchir. La maternité aussi m'a permis de me recentrer. Je dois gérer au quotidien une famille recomposée, avec un compagnon qui est très souvent à Bruxelles pour son travail de député européen. Toutes les lectrices de La Tribune Dimanche savent que la charge mentale repose sur les épaules des femmes. Même avec un compagnon progressiste et féministe comme le mien !

Pendant la campagne de Raphaël Glucksmann, vous avez dû vous mettre en retrait des interviews politiques sur France Inter et France 2. C'était déjà le cas en 2019 lors des précédentes élections européennes. Votre compagnon avait alors évoqué un « acte d'amour »...

Je considère plutôt cela comme un acte professionnel. Pour protéger les antennes, dans une période où les journalistes sont parfois conspués. Cette saison, j'en ai discuté très tôt avec mes patrons. Ce retrait m'a semblé normal. En revanche, je ne pourrais jamais arrêter complètement de travailler. Même par amour. Pour moi, cela serait une punition, car j'ai bossé comme une acharnée pour en arriver là.

"Dieu vomit les tièdes": cette phrase de l'Apocalypse m'est très chère

Pendant cette campagne, lui avez-vous prodigué des conseils, vous l'experte du monde politique ?

Il a tout fait de son côté : ses interviews, ses meetings, ses choix, etc. Maintenant, évidemment qu'il m'arrive de lui dire ce que j'ai pensé de certaines prestations télé ou radio. Je lui reproche parfois de parler trop lentement. Je peux également lui dire « là, tu as été chiant » ou « tu ne te tenais pas droit ». Mais comme n'importe quelle compagne d'une personnalité publique. Après, bien sûr qu'on aime parler politique à la maison. C'est notre vie à tous les deux. On a des valeurs communes mais avec des convictions qui ne sont pas tout à fait les mêmes sur certains thèmes. Je ne dirai pas lesquels, car cela dévoilerait mes opinions politiques. Ce que je peux vous dire, c'est que France Inter et France 2 ont effectué en interne des études qualitatives qui ont montré que le public n'arrivait pas à me situer politiquement. J'en suis très fière et je tiens à préserver cela.

Durant cette campagne, il a été la cible de très violentes charges, comme lorsqu'il s'est fait exfiltrer d'une manifestation ou insulter. Comment l'avez-vous vécu humainement ?

Là, pardon, mais je sors ma carte joker. Car on entre dans un domaine trop intime où vous me pousserez à dire des choses que je préfère garder pour moi.

Il ne faisait pas de politique lorsque vous l'avez rencontré. Si vous aviez su qu'il serait un jour si exposé, auriez-vous entamé cette relation ?

Je ne crois pas ! Même si on ne peut rien faire quand l'amour vous tombe dessus. [Rires.] Je fais partie des journalistes intervieweurs qui ne déjeunent pas avec les politiques. On s'est rencontrés en 2015 sur le plateau d'On n'est pas couché. Il était essayiste et n'avait à l'époque pas du tout envie d'entrer en politique. Lorsqu'il en a émis le souhait, je ne l'ai évidemment pas freiné. Depuis, chacun mène en parallèle sa carrière. On a réussi à cloisonner nos activités. On ne se montre jamais publiquement ensemble. Il n'existe qu'une seule photo où l'on nous voit tous les deux. C'était avant qu'il entre en politique, en 2017, lors de la projection à Cannes d'un film de Michel Hazanavicius qui est l'un de ses grands amis. Le reste, ce sont des photos volées.

On observe en France une flambée de l'antisémitisme et de l'islamophobie. Comment le vivez-vous ?

Cela me bouleverse en tant que citoyenne et journaliste, mais également en tant que mère d'un petit garçon dont le papa est juif. Je suis moi-même un « millefeuille » d'identités : chrétienne, d'origine arabe avec un passeport français et un libanais et avec une mère arménienne. Je viens d'un pays où il y a eu une guerre civile pendant quinze ans entre les chrétiens et les musulmans. Je sais donc ce que c'est que d'être réduit à sa religion. La France est grande quand elle est universaliste. Ce mélange des origines enrichit le pays. L'une des questions pendant ces législatives était « que faire des binationaux ? », ce qui est mon cas. Tout cela me traverse de manière aiguë depuis plusieurs semaines. Après cette campagne violente, j'aimerais que l'on revienne à ce qui nous rassemble.

La saison de France Inter a été marquée par l'affaire Guillaume Meurice, avec en creux la question de la place de l'humour politique sur l'antenne...

France Inter suscite beaucoup de fantasmes, car c'est la première radio de France [avec 7 millions d'auditeurs quotidiens selon les derniers sondages publiés mercredi]. À titre personnel, je pense que l'humour politique fait partie du succès de la station et je sais que la direction en a conscience. L'année a été compliquée pour Charline Vanhoenacker et sa bande. Mais également pour les autres salariés, qui se sont sentis parfois dépassés. Charline est quelqu'un qui a un talent fou et que j'apprécie beaucoup. Je suis heureuse qu'elle ait la saison prochaine une place toujours aussi importante. Elle assurera une chronique du lundi au jeudi dans la matinale.

Rachida Dati voulait fusionner le service public, et le RN comptait le privatiser. Êtes-vous inquiète pour son avenir dans les prochaines années ?

Oui, comme tous les salariés de l'audiovisuel public. France Télévisions et Radio France rassemblent des millions de personnes. Leurs audiences n'ont jamais été aussi bonnes. À l'heure où l'école, la justice et l'hôpital sont en difficulté, il y a un service public qui fonctionne bien, c'est celui de l'audiovisuel public. Ne le cassons pas et préservons-le, c'est un bien précieux pour tous les Français.

« Au plus près des athlètes »

Dans Quels Jeux!, Léa Salamé et Laurent Luyat auront à leurs côtés un chroniqueur bien connu des téléspectateurs de Quelle Époque! : Paul de Saint Sernin. L'humoriste de 32 ans ne sera pas dépaysé par la thématique olympique, car il a longtemps été journaliste sportif. « Il a vraiment explosé cette année, glisse Léa Salamé. Le public adore ses vannes grinçantes et spontanées, il apporte l'esprit du stand-up dans une émission télé. » Un certain Michel Drucker passera également « faire des "coucou" quand ses médecins l'autoriseront », se réjouit la présentatrice. Toute la fine équipe prendra place dans un studio niché au cœur du Club France, dans l'Est parisien. « C'est ce qui va donner sa force au programme car nous serons en direct, au plus près des athlètes. Ça coûtera plus cher que de le faire dans le studio où nous enregistrons d'habitude Quelle Époque!, mais ça permettra de faire vivre l'événement aux téléspectateurs comme s'ils étaient avec nous. » Le talk-show sera diffusé sept jours sur sept durant les Jeux olympiques puis paralympiques. Un rythme... sportif!

Quels Jeux!, à partir du 27 juillet à 23h20 sur France 2.

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Commentaires 13
à écrit le 29/07/2024 à 18:58
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Quelle déception d’apprendre que l’après-Jo commenté chaque soir est co présenté par Léa Salamé qui ne sait même pas la composition d’une épreuve de triathlon…et les invités aucun intérêt. revenez à une présentation unique avec Laurent Luyat plus sim...

le 31/07/2024 à 11:18
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En effet j'ai quand même zappé par curiosité et elle est nulle, même si on voit enfin surtout entend des sportifs commentateurs limites car ayant du mal à parler au moins ils s'y connaissent on leur pardonne, là ce n'est que du parachutage comme lors...

à écrit le 20/07/2024 à 11:22
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L'entre-soi dans toute sa splendeur......les français qui vont faire (vivre) les jeux n'ont pas le niveau intellectuel adéquat ?????? pour analyser l'évènement.. Abracadabrantesque ces médias, mais vus les audiences !!!!!!!!

à écrit le 19/07/2024 à 7:41
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"« J’espère que les JO seront un moment de réparation »" "Chéri donne pour la paix parce que moi je veux que tout aille bien !" La Fin Du Siècle.

à écrit le 18/07/2024 à 3:26
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Halla Salame, la mediocrite incarnee. Merci papa. L'Intelligentia bobo parisienne. Elle va atterrir apres cet evenement qui sera rate.

à écrit le 17/07/2024 à 9:47
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VŒUX PIEUX - 😯 On aimerait bien que le service public de l'information (Radio France / France TV) connaisse un "moment de réparation" et justifie nos deniers, avec de vrais journalistes qui ont lu et mettent en pratique les principes contenus dans le...

à écrit le 15/07/2024 à 20:21
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Elle a eu son heure de gloire médiatique , éphémère comme beaucoup, mais dorénavant elle appartient au passé , son compagnon l'a éclipsée .

à écrit le 14/07/2024 à 14:48
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Parler pour rien dire.. Qu’elle sorte de son monde avant que la réalité du terrain la réveille..

à écrit le 14/07/2024 à 10:08
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Pas certains que nier les problèmes des Français (immigration, insécurité) ou traiter de "fachos" les électeurs de droite, comme sait le faire France Télévision ou France Inter, participe à la "réparation" du pays.

à écrit le 14/07/2024 à 9:37
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Il faut vraiment l'apprécier pour vouloir la suivre, mais s'il ne s'agit que de propagande, pourquoi pas !

à écrit le 14/07/2024 à 6:38
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"Panem et circenses" Et donc dans votre petit monde là haut bien protégé de tout ça va toujours nickel c'est ça ? On s'en doutait.

le 14/07/2024 à 11:35
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apres avoir divise et cliver les francais des excuses sont la base pour une concorde y compris celle du president et reconnaitre tous les elus puisque vous accepter les plus ignobles de la gauche

le 15/07/2024 à 7:20
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Je comprends pas, faut que tu te mouilles un peu plus là, au moins jusqu'aux chevilles...

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