Pétrole : les cours en baisse ce jeudi, malgré les tensions géopolitiques

Le pétrole fléchissait ce jeudi matin, les craintes croissantes d'une récession des grandes économies comme les États-Unis pesant sur les perspectives de demande. Les prix n'ont, pour l'instant, pas été affectés par les tensions géopolitiques.
Le prix du baril de Brent de la mer du Nord perdait 0,78% à 77,72 dollars ce jeudi matin.
Le prix du baril de Brent de la mer du Nord perdait 0,78% à 77,72 dollars ce jeudi matin. (Crédits : Reuters)

Les cours du pétrole sont en baisse ce jeudi. Vers 11h50, heure de Paris, le prix du baril de Brent de la mer du Nord, pour livraison en octobre, perdait 0,78% à 77,72 dollars. Son équivalent américain, le baril de West Texas Intermediate (WTI), pour livraison le même mois, cédait 0,77%, à 73,60 dollars.

« Les principales préoccupations du marché pétrolier sont la faiblesse persistante de la demande de pétrole en Chine et la possibilité d'une récession aux États-Unis, qui pourrait entraîner une réduction de la demande de pétrole », résume Ole Hvalbye, analyste chez Seb.

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Une série d'indicateurs économiques moroses aux États-Unis alimente depuis plusieurs semaines les craintes d'une récession. Or, le pays de l'Oncle Sam est un important consommateur de pétrole. Le marché de l'emploi a ralenti plus qu'attendu en juillet aux États-Unis, avec un taux de chômage en augmentation, à 4,3% (contre 4,1% en juin), au plus haut depuis octobre 2021, selon les chiffres publiés vendredi dernier par le département du Travail.

Par ailleurs, 114.000 emplois seulement ont été créés en juillet, contre 179.000 le mois précédent - chiffre révisé en forte baisse, 206.000 créations d'emplois ayant initialement été annoncées pour juin. Les analystes voyaient le taux de chômage rester à 4,1% en juillet, mais avec une baisse des créations d'emplois, à 185.000.

Tassement de la croissance en Chine

La Chine est également au cœur des préoccupations des investisseurs, en particulier depuis le tassement de sa croissance au deuxième trimestre à 4,7% sur un an, à un rythme bien inférieur aux attentes des analystes. Le géant asiatique est par ailleurs en proie à une crise inédite de son vaste secteur immobilier, à une consommation toujours faible et à un taux de chômage élevé chez les jeunes.

Un an et demi après la levée des restrictions sanitaires, la reprise post-Covid tant espérée a été brève et moins robuste qu'escompté. « Le marché a du mal à trouver un niveau d'équilibre », commente Matt Britzman, de Hargreaves Lansdown.

« Les tensions mondiales ajoutent à la nervosité autour de l'offre, mais les craintes croissantes d'une récession des grandes économies » alimentent les inquiétudes sur la demande.

Léger rebond dans les services aux États-Unis

Mardi, les cours du pétrole avaient pourtant conclu légèrement dans le vert après la publication d'un indicateur américain positif sur l'activité dans les services aux États-Unis, rassurant un peu les investisseurs quant à la santé économique américaine.

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Mais « il ne s'agit pas d'un rebond très important » des prix, avait alors tempéré Bjarne Schieldrop, analyste chez Seb, rappelant que la veille, les deux références mondiales du brut avaient touché leur plus bas prix depuis environ six mois.

« La grande question est de savoir si nous nous dirigeons vers une récession ou non », avait-il expliqué. Pour Michael Pearce d'Oxford Economics, « les craintes quant à la santé de l'économie ont escaladé rapidement ces derniers jours mais les marchés ont surréagi à ce qui est un ralentissement progressif » aux États-Unis.

Du côté de la Chine, le premier importateur mondial de brut, « la demande de pétrole a été faible cette année et si les États-Unis entraient maintenant en récession », les prix du pétrole baisseraient significativement, avait encore estimé Michael Schieldrop.

Risque géopolitique

« Le risque géopolitique au Moyen-Orient est toujours à l'ordre du jour », rappellent également les analystes de DNB, tempérant les pertes du brut.

Pour rappel, lundi, des roquettes ont été lancées contre une base en Irak accueillant des troupes américaines, faisant des blessés, selon un porte-parole de la Défense américaine. Cette dernière attaque survient dans un contexte de craintes grandissantes d'une attaque de l'Iran et de ses alliés contre Israël et de conflagration régionale élargie, après les assassinats récents de hauts responsables du mouvement islamiste palestinien Hamas et du Hezbollah libanais, attribués à ou revendiqués par Israël.

Le chef du Hezbollah libanais Hassan Nasrallah a affirmé mardi que le mouvement islamiste libanais, allié de Téhéran, et l'Iran étaient « obligés de riposter » contre Israël après les assassinats du chef politique du Hamas, Ismaïl Haniyeh, et du chef militaire du Hezbollah, Fouad Chokr.

Les prix du pétrole « pas affectés par ces gros titres »

Israël a promis mercredi d'éliminer le nouveau chef du Hamas, Yahya Sinouar, désigné mardi pour remplacer Ismaïl Haniyehau.

La Russie faisait par ailleurs toujours face ce jeudi matin à une incursion majeure des troupes ukrainiennes sur leur sol, dans la région frontalière de Koursk. L'armée ukrainienne avait lancé mardi une offensive surprise transfrontalière dans cette région russe, employant jusqu'à 1.000 soldats et des véhicules blindés, selon l'état-major russe.

« Les prix du pétrole n'ont pas été directement affectés par ces gros titres, car l'offensive ne semble pas suffisamment menaçante pour entraîner une escalade dramatique de la part de la Russie et aucune infrastructure pétrolière n'est menacée par cette avancée », affirment les analystes de DNB.

(Avec AFP)

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Commentaire 1
à écrit le 09/08/2024 à 7:00
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C'est pour dire l'ampleur phénoménale de la crise économique dans laquelle nous ont plongé les dirigeants du monde, ils n'arrivent même plus à contrôler le cours du pétrole alors que pourtant ça fait des dizaines d'années qu'ils y sont habitués. "Si ...

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