Trou d'air financier pour le géant du pétrole TotalEnergies au deuxième trimestre

Au deuxième trimestre, la multinationale a enregistré un bénéfice en baisse de 7%, sur un an, à 3,8 milliards d'euros, soit moins qu'attendu. En cause, la baisse des marges de raffinage et le repli des ventes et du prix du gaz.
Vers 10h ce jeudi matin, le cours boursier de la major perdait 1,55% pour un action à 61,5 euros.
Vers 10h ce jeudi matin, le cours boursier de la major perdait 1,55% pour un action à 61,5 euros. (Crédits : STEPHANE MAHE)

Trou d'air pour le géant français du pétrole TotalEnergies. La multinationale a enregistré un bénéfice net en baisse de 7%, sur un an, au deuxième trimestre, à 3,8 milliards d'euros. Sur cette période, la major pétro-gazière affiche un résultat net ajusté de 4,7 milliards de dollars. C'est moins que ce qui était attendu. En effet, selon les données de LSEG, les analystes attendaient en moyenne un résultat net ajusté de 4,96 milliards de dollars. De quoi tirer à la baisse le cours boursier de la major qui perdait 2,4% à la Bourse de Paris à la mi-journée ce jeudi, pour une action à 60,95 euros.

« Une surréaction », selon Ahmed Ben Salem, analyste chez Oddo BHF. « Un écart de 2,7% avec les anticipations des analystes n'entraîne pas, habituellement, une baisse d'environ 2% du cours de Bourse », estime-t-il. Cette surréaction pourrait s'expliquer par deux facteurs : « TotalEnergies a déçu le consensus alors qu'il publie habituellement des résultats en ligne avec les attentes du marché » et « ses concurrents ont publié des résultats en moyenne 5% supérieurs aux attentes », note Ahmed Ben Salem, pour qui « les fondamentaux restent solides », évoquant un niveau d'endettement parmi les plus bas du secteur et une rentabilité pour sa division dédiée aux énergies bas carbone très élevée. « Ce trimestre n'est qu'une petite secousse qui ne change pas l'histoire de TotalEnergies à moyen et long termes », assure-t-il.

Dans le détail, sur le premier semestre de l'année, le géant des hydrocarbures voit son bénéfice net en baisse à 9,5 milliards de dollars, soit un léger recul de 1% sur un an, selon le groupe. Mais le bénéfice semestriel net ajusté (hors éléments exceptionnels) - l'indicateur le plus suivi par les analystes - a, lui, reculé de 15%, à 9,8 milliards de dollars. À noter aussi : au premier semestre 2024, TotalEnergies a réalisé un chiffre d'affaires de 110 milliards de dollars, en recul de 7,2% par rapport à la même période en 2023. Quant à l'Ebitda (indicateur qui mesure la rentabilité), il affiche un retrait de 11% sur un an, à 22,6 milliards de dollars.

Prioritaire, l'activité gaz liquéfié en baisse

Entre avril et juin de cette année, la performance opérationnelle (résultat opérationnel net ajusté) de la quatrième major pétro-gazière mondiale a tout particulièrement reculé dans son activité prioritaire du gaz liquéfié (GNL), « dans un contexte de moindre demande » en Europe et de repli des prix. Les prix du gaz ont, en effet, plongé depuis leurs records du début du conflit en Ukraine, s'établissant actuellement autour de 30 euros le mégawattheure selon l'indicateur de référence néerlandais TTF, en baisse de 40% sur un an.

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La chute est encore plus forte dans l'activité raffinage-chimie (-36%), en raison de la « baisse des marges de raffinage », principalement en Europe et au Moyen-Orient, selon le communiqué du groupe. Ceci s'explique notamment par la baisse de la demande diesel sur le Vieux continent. En revanche, la performance opérationnelle du pétrolier s'affiche en hausse dans sa division reine de l'exploration-production (+14%), grâce à des prix du pétrole soutenus, et dans sa branche électricité qui comprend les énergies renouvelables (+12%). Une branche que le groupe souhaite encore davantage renforcer puisqu'il a confirmé, en avril dernier, vouloir consacrer 17 à 18 milliards de dollars à ses investissements en 2024, dont 5 milliards pour la production d'électricité à partir de gaz ou de sources renouvelables. Il a d'ailleurs fait dernièrement des acquisitions pour se renforcer dans l'électricité, comme des centrales à gaz au Texas et au Royaume-Uni, des concessions d'éoliennes en mer et des sites de stockage par batteries en Allemagne.

Contraste avec le premier trimestre 2024

Ces derniers résultats contrastent donc avec ceux du premier trimestre 2024, durant lequel la firme pétrolière avait enregistré un bénéfice net en hausse de 3%, à 5,7 milliards de dollars. La compagnie, qui fête ses 100 ans cette année, affichait en revanche un Ebitda ajusté, en baisse de 19% par rapport au premier trimestre de 2023, à 11,5 milliards de dollars.

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En 2022, elle avait enregistré un bénéfice record de 20,5 milliards de dollars, surfant sur l'envolée des cours du gaz et du pétrole dans le sillage de la guerre en Ukraine et, en 2023, elle avait réalisé un nouveau bénéfice inédit de 21,4 milliards de dollars, soit le meilleur résultat de son histoire.

Pas à la hauteur des attentes

« Les résultats de TotalEnergies n'ont pas été à la hauteur des attentes du consensus, la faiblesse du raffinage et des produits chimiques, ainsi que l'augmentation des coûts de l'entreprise étant à l'origine de cet écart, par rapport au consensus », a résumé, ce jeudi, la banque RBC, dans une note.

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Mais, de son côté, le PDG du groupe, Patrick Pouyanné a, lui, estimé que « TotalEnergies a généré au deuxième trimestre des résultats financiers robustes ». « Conforté par ces résultats solides en ligne avec les objectifs de l'année 2024, le conseil d'administration a décidé le maintien du deuxième acompte sur dividende au titre de l'exercice 2024 d'un montant de 0,79 euros par action », en hausse de 7 % par rapport à 2023, « et a autorisé des rachats d'actions jusqu'à 2 milliards de dollars au troisième trimestre 2024 », a, d'ailleurs, indiqué le groupe.

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Le PDG de la major - qui a été reconduit en mai dernier pour un quatrième mandat afin de mettre en place « la stratégie de transition équilibrée présentée aux actionnaires en septembre 2023 » - le pétrole-gaz d'une part, et les énergies décarbonées d'autre part - devrait prendre la parole cette après-midi. À cette occasion, de nombreux observateurs espèrent en savoir plus sur une éventuelle cotation principale des actions du groupe à New York, après que le sujet ait défrayé la chronique au printemps.

(Avec AFP)

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Commentaires 2
à écrit le 25/07/2024 à 19:11
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Des SUPERPERTES a compenser a leuro pret avec une ponction sociale sur les CE diriges par la cgt, ils en ont les moyens eux

à écrit le 25/07/2024 à 13:10
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Mince ! S'il n'y a plus de superprofits, comment vont faire les gauchistes pour les taxer et financer leur démagogie brouillonbe ? Le rôle des riches c'est d'être riches pour pouvoir être taxés ! Non mais...

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