Malgré la baisse des prix du gaz, Engie résiste et relève ses prévisions

En dépit de la chute des cours du gaz et de l'électricité, l’énergéticien français Engie relève ses prévisions financières pour 2024. Il enregistre cependant une baisse de 20% de son chiffre d’affaires par rapport au semestre dernier.
Marine Godelier
Le groupe revoit à la hausse son objectif de résultat net récurrent part du groupe pour 2024 à un niveau compris entre 5,0 et 5,6 milliards d'euros (contre une fourchette de 4,2 à 4,8 milliards d'euros annoncée précédemment).
Le groupe revoit à la hausse son objectif de résultat net récurrent part du groupe pour 2024 à un niveau compris entre 5,0 et 5,6 milliards d'euros (contre une fourchette de 4,2 à 4,8 milliards d'euros annoncée précédemment). (Crédits : Stephane Mahe)

[Article mis à jour le 02/08/2024 à 16:19]

Fini les années fastes. Alors que les résultats du groupe tricolore Engie, dont l'Etat détient 23,64 % des parts, ont été portés par l'explosion des prix de l'énergie en 2023 et surtout en 2022, la situation revient à la normale. Loin des quelque 150 euros par mégawattheure (MWh) atteints il y a deux ans et des 60 euros/MWh d'avril 2023, le gaz flirte en effet autour de 30 euros par MWh depuis le début de l'année, soit un niveau proche de celui d'avant-crise.

Ce qui fait reculer le chiffre d'affaires d'Engie de 20,4% à 36,5 milliards d'euros au premier semestre de l'année, par rapport à la même période un an plus tôt. Et pour cause : malgré une progression de ses investissements dans les énergies renouvelables, la vente de gaz représente toujours une activité cruciale pour l'entreprise.

Lire aussiEn pleine crise de l'énergie, Engie explose ses bénéfices

Néanmoins, son bénéfice net récurrent (qui exclut les éléments exceptionnels ou non récurrents pour se concentrer uniquement sur les activités courantes de l'entreprise) résiste mieux, même s'il affiche quand même un recul de 5,9% à 3,8 milliards d'euros. De fait, Engie a pâti d'une diminution des volumes d'énergie distribués en France en raison d'un climat doux et, par là-même, d'une consommation de gaz plus faible.

« Par rapport à la normale, l'effet température normatif est négatif de 104 millions d'euros, générant une variation négative cumulée de 69 millions d'euros par rapport au premier semestre 2023 dans les Infrastructures, le Retail et les activités GEMS » [Global Energy Management & Sales, son unité dédiée aux entreprises et grands consommateurs d'énergie, ndlr], peut-on lire dans un communiqué publié dans la matinée.

Il n'empêche, la base de comparaison du premier semestre 2023 « était particulièrement élevée puisque nous nous trouvions à l'époque dans un environnement de prix très élevés et très volatiles », a expliqué sa directrice générale, Catherine MacGregor lors d'une conférence téléphonique de présentation des résultats aux agences de presse, a rapporté l'AFP ce vendredi.

Surtout, le groupe revoit à la hausse son objectif de résultat net récurrent pour 2024, à un niveau compris entre 5,0 et 5,6 milliards d'euros (contre une fourchette de 4,2 à 4,8 milliards d'euros annoncée précédemment).

« Capturer » la volatilité des prix

Et ceci est lié à deux phénomènes : d'abord, Engie peut compter sur un très bon remplissage des barrages en Europe, notamment en France et au Portugal, en raison d'importantes précipitations. Ce qui a généré des volumes nettement plus élevés d'hydroélectricité lors du premier semestre, de l'ordre de 30%, lesquels ont plus que compensé la baisse des prix, ont expliqué ses dirigeants lors d'une présentation aux analystes.

Ensuite, l'entreprise a montré sa capacité à « capturer » la volatilité des prix du gaz et surtout de l'électricité, même si celle-ci s'avère moins importante qu'en 2022 et 2023, pour réaliser d'importants profits grâce à l'achat-revente, a expliqué son directeur général adjoint en charge des Finance, Pierre-François Riolacci. En effet, malgré une baisse globale des cours, ceux-ci continuent de varier bien davantage qu'avant la crise.

Enfin, pour ce qui est du résultat net global, qui inclut les éléments exceptionnels (c'est-à-dire les gains ou pertes non récurrents, par exemple la vente d'un actif important ou l'achat-revente), Engie revient même dans le vert. Et affiche un bénéfice net de 1,9 milliard d'euros pour les six premiers mois de l'année, contre une perte de 800 millions au cours de la même période il y a un an. Le résultat opérationnel (Ebit) hors nucléaire est lui attendu dans une fourchette indicative de 8,2 à 9,2 milliards d'euros (contre 7,5 à 8,5 milliards d'euros auparavant).

1 gigawatt de renouvelables installé au premier semestre

Au global, il s'agit d'un « très bon premier semestre », a commenté Catherine MacGregor vendredi.

« Cette performance financière prouve que nous pouvons délivrer des résultats solides et fiables quel que soit le contexte », a-t-elle poursuivi auprès des analystes.

Et de citer l'ajout de 800 mégawatts (MW) de batteries aux Etats-Unis, grâce à l'acquisition de Broad Reach Power, une jeune entreprise basée aux Etats-Unis spécialisée dans le stockage sur batteries. Par ailleurs, les activités renouvelables ont également progressé de manière significative, avec plus de 1 gigawatt (GW) installé sur la période et près de 7 GW en cours de construction à fin juin. Enfin, Engie se dit « confiant dans l'atteinte de son objectif d'augmentation de capacités renouvelables de 4 GW en moyenne chaque année jusqu'en 2025 ».

Lire aussiProlongation du nucléaire belge : l'UE lance une enquête approfondie, « pas une surprise » pour Engie

Marine Godelier

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 4
à écrit le 05/08/2024 à 11:59
Signaler
Tant mieux puisque le prix de l'électricité est basé sur le prix du gaz et cela explique pourquoi l'électricité baisse actuellement .

le 07/08/2024 à 20:58
Signaler
Vous ne devez pas vivre en France. Le prix de l'électricité a doublé en même pas un an. Parler d'une baisse faut pas exagérer surtout que les factures elles augmentent tout les ans... Où voyez vous baisser les prix de l'électricité??

à écrit le 02/08/2024 à 13:32
Signaler
Des SUPERPERTES qu il faut compenser en taxant la cgt qui en a les moyens, elle

à écrit le 02/08/2024 à 11:29
Signaler
Quoi de plus logique ! lorsque le gaz baisse, la note du client final elle pas ! le faux marché de l'électricité adossé au gaz permet déjà la de comprendre qu'il ne s'agit pas d'économie mais de rente. Lorsque des entreprises n'investissent que p...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.