Au titre de 2023, les producteurs d'énergie renouvelables ont versé 13,7 milliards d'euros de recettes à l'État, selon la Commission de régulation de l'énergie (CRE). Engie green, filiale du groupe Engie, revendique sa place de premier acteur, en nombre d'éoliennes, sur le territoire national, avec 1.300 éoliennes sur 9.600 installées sur l'ensemble de l'Hexagone.
« Le parc de Thory dans l'Yonne, représente six éoliennes de 3 MW chacune, soit une puissance de 18 MW. Ce qui le place un peu au-dessus de la moyenne nationale qui tourne autour de 12 à 15 MW avec généralement cinq éoliennes », précise William Arkwright, directeur général d'Engie Green.
Pour construire ce nouveau parc, Engie Green a investi 26 millions d'euros.
Un parc réduit au profit de la biodiversité
Le parc de Thory est le résultat d'un appel à projet de la communauté de communes Avallon-Vézelay-Morvan, lancé en 2014. A l'époque, c'est le développeur, La Compagnie du vent - racheté en 2017 par Engie Green - qui avait remporté cet appel d'offre.
« À la base, le projet pouvait aller jusqu'à 16 machines, mais cela nécessitait de défraichir une grande partie des bois communaux de Thory, avec des espèces sensibles, comme les chauves-souris », se souvient Émilie Pierrot, chef de projet développement du parc éolien de Thory.
« Nous avons fait le choix de ne pas toucher à ces bois et de garder seulement six machines pour respecter la biodiversité en concertation avec la commune », poursuit-elle. En fonctionnement depuis septembre 2022, le nouveau parc éolien a été inauguré, presque deux ans plus tard. La maire de Thory, Maryse Olivieri, attendait en effet que le pont emprunté par les camions d'Engie et Enedis, partiellement détruit pendant les travaux, soit entièrement réparé.
Désormais, ce dernier fait face à celui de Sainte-Colombe construit quelques années auparavant. « Il a vraiment été pensé au niveau paysager pour ne pas occuper d'autres espaces visuels. Dans 90% des points de vue éloignés, les deux parcs se superposent, donnant l'impression d'un seul et même parc », fait valoir Émilie Pierrot. Pour masquer les éoliennes depuis le château de Thory, des arbres de haute-tige ont été plantés aux abords de la forteresse et au sein de sa cour.
25% du budget consacré à l'étude de la biodiversité
Plus de 50 lieux de vie situés à proximité du projet ont été étudiés et fait l'objet d'une analyse de terrain approfondi, que ce soit sur la visibilité mais également sur l'environnement, notamment la biodiversité. « Lorsque nous développons un projet éolien, nous consacrons 25% de notre temps, et donc du budget, à l'adaptation à l'environnement à la faune et flore locale », insiste William Arkwright. Un certain nombre de mesures environnementales ont donc été mises en place sur ce projet.
Par exemple, la mise en place d'un système de détection avifaune provoquant l'arrêt des pales à l'approche d'oiseaux. « Nous avons bloqué les travaux durant un an pour étudier les migrations du héron cendré et être en capacité d'arrêter le parc lors des passages migratoires », précise le directeur général d'Engie Green. Le coût de l'ensemble des mesures environnementales s'élève à 200.000 euros.
Une collaboration avec les agriculteurs locaux permet également d'anticiper les envols au pied des éoliennes en période de moisson ou de déchaumage. « Lors des moissons, les animaux présents, sortent des champs de céréales et attirent des oiseaux et des prédateurs. Durant cette période, nous arrêtons nos éoliennes », indique William Arkwright.
Un parc éolien à proximité d'un lieu classé à l'Unesco
Le site a demandé une vigilance particulière. Et pour cause, le parc éolien est situé à une vingtaine de kilomètres d'un site classé au patrimoine mondial de l'Unesco. Celui-ci comprend à la fois la « colline éternelle » de Vézelay et la Basilique Sainte-Marie-Madeleine de Vézelay, un des chefs-d'œuvre de l'art roman bourguignon. L'étude paysagère a été spécifiquement poussée pour étudier tous les points de vue autour.
« Nous nous sommes rendu compte que depuis un chemin proche de la colline de Vézelay, on apercevait un bout de pale. Nous avons donc décidé d'abaisser les éoliennes », illustre William Arkwright.
Le gabarit des machines est ainsi passé de 200 mètres à 180 mètres en bout de pale, afin que celles-ci soient cachées par la végétation. « La vigilance était de ne pas créer de nouvelles vues sur les balisages nocturnes notamment, car il y a d'autres parcs éoliens autour », complète Émilie Pierrot.
Des retombées fiscales pour la commune
L'imposition forfaitaire des entreprises en réseau (IFER) répartit les recettes provenant des éoliennes, pour celles installées à compter du 1er janvier 2019, comme suit : 20 % pour la commune, 50 % pour les EPCI ou MGP et 30 % pour le département. Pour le parc éolien de Thory, une décision communautaire a été prise afin que la communauté de communes reverse 15% de plus à la commune de Thory.
Cette dernière récupère ainsi 35% des recettes, à égalité avec la communauté de communes. Le département, lui, reçoit 30% comme prévu. « L'impôt foncier pour les éoliennes terrestres a rapporté, en 2023, pour notre commune, environ 29.000 euros, auquel il faut ajouter 22.000 euros que nous a reversé la communauté de communes de l'avallonnais », confie Maryse Olivieri, maire de Thory. Une manne financière non-négligeable pour la commune, qui a fait pencher les habitants en faveur de ce projet, celui-ci n'ayant fait l'objet d'aucun recours en justice.
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