Cotation à New York : Emmanuel Macron appelle TotalEnergies à « clarifier ce qui relève de la rumeur, et pas d'autre chose »

Par latribune.fr  |   |  990  mots
La semaine dernière déjà, Emmanuel Macron s'était déjà déclaré « pas du tout ravi » à l'idée d'une cotation de TotalEnergies hors de France. (Crédits : PASCAL ROSSIGNOL)
Dans un entretien publié par L'Express, le président de la République a appelé ce mercredi la major française à « clarifier » sa position concernant son éventuelle expatriation à la Bourse de New York, disant « ne pas croire qu'elle s'éloigne de la France ».

Les envies de TotalEnergies de s'exiler à la Bourse de New York continue de faire réagir le camp présidentiel. Dans un entretien publié par L'Express, le président de la République a en effet appelé ce mercredi la major française à « clarifier » sa position concernant son éventuelle cotation principale à Wall Street, disant « ne pas croire qu'elle s'éloigne de la France ».

Des propos qui font référence aux mots du PDG de la firme Patrick Pouyanné, qui avait dit, dans un entretien à Bloomberg, qu'il réfléchissait à déplacer la cote de son entreprise outre-Atlantique. « Je pense qu'il s'agit d'une question légitime », avait ainsi jugé le dirigeant du fleuron du CAC 40, en soulignant qu'il y avait là « un débat ». « Ce n'est pas une question d'émotion. C'est une question d'affaires », avait-il considéré, tout en assurant que le siège social de ce fleuron du CAC 40 resterait bien à Paris.

« Je ne peux pas croire qu'il s'éloigne de la France », dit Macron

La semaine dernière déjà, Emmanuel Macron s'était déclaré « pas du tout ravi » à l'idée d'une cotation de TotalEnergies hors de France. Dans son entretien à l'hebdomadaire, le chef de l'Etat a donc clarifié son propos de cette manière : « Je pense que Total n'a jamais eu à se plaindre d'être français quand il partait sur ses marchés à l'export. Je suis convaincu qu'ils marqueront cet attachement et clarifieront ce qui relève de la rumeur, et pas d'autre chose ».

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Et d'ajouter : « Je ne peux pas croire qu'il s'éloigne de la France. (...) Quiconque a vécu une cotation aux Etats-Unis sait que cette opération est dix fois plus compliquée qu'en France ou en Europe. Quand on observe les marchés sur lesquels opère le groupe, et qu'on connaît les risques de contentieux lorsqu'on est coté aux Etats-Unis, je pense que cela se regarde à deux fois. »

« Géopolitiquement, ensuite, être une entreprise française est un avantage incomparable par rapport à une entreprise américaine qui va être prise dans la confrontation avec la Chine. En Afrique, au Proche-Orient ou au Moyen-Orient, être français a beaucoup d'atouts... La France accompagne ceux qui croient en la France, pas les autres », relève par ailleurs Emmanuel Macron.

Les raisons d'une cotation new-yorkaise

Parmi les raisons essentielles qui motiverait une expatriation boursière de la major française, son PDG avait évoqué le fait suivant auprès de Bloomberg : près de la moitié de l'actionnariat de TotalEnergies est désormais constitué d'actionnaires institutionnels (fonds de pension, gestionnaires d'actifs, assureurs...) nord-américains.

« Nous sommes confrontés à une situation où les actionnaires européens vendent ou maintiennent leur participation, et où les actionnaires américains achètent », avait souligné à ce propos le patron du fleuron du CAC 40.

En effet, depuis 2012, la part de l'actionnariat institutionnel nord américain chez l'énergéticien est passée de 33% à 48% (dont 47% pour les Etats-Unis) en 2023, tandis que celle de l'Europe (hors Royaume-Uni) est passée de 45% à 34% sur la même période.

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Par ailleurs, le dirigeant avait évoqué cette autre raison : la frilosité des investisseurs européens vis-à-vis de sa stratégie actuelle, qui consiste à continuer d'investir dans les énergies fossiles pour financer sa transition vers les énergies bas carbone.

« En Europe, au lieu de soutenir les entreprises européennes qui veulent faire cette transition, même si c'est difficile, ils nous regardent et nous disent : regardez, vous continuez à produire du pétrole et du gaz », avait ainsi taclé le dirigeant.

Une critique adressée en demi-teinte aux instances européennes, qui ces dernières années, ont augmenté leurs exigences environnementales pour les grands groupes ayant des activités sur le Vieux-Continent. Notamment à travers la mise en place de nouvelles normes ESG (pour « Environnement Social et Gouvernance », ndlr) obligeant de nombreuses sociétés à faire état de leurs efforts en matière de transition écologique. Sous peine de rappel à l'ordre, voire de pénalités financières. La directive européenne CSRD (pour « Corporate Sustainability Reporting Directive », ndlr), qui entrera en vigueur en janvier 2025, est un exemple de législation allant dans ce sens.

De bons résultats trimestriels

Côté résultats, la major pétrolière a plutôt bien réussi le lancement de son année 2024. Au premier trimestre, le groupe a enregistré un bénéfice net de 5,7 milliards de dollars, améliorant encore ses résultats de 3% par rapport aux trois premiers mois de l'année 2023. Le groupe affiche en revanche un Ebitda ajusté (le bénéfice avant intérêts, impôts, dépréciation et amortissement, ndlr) - l'indicateur de rentabilité le plus suivi par les investisseurs - en baisse de 19% par rapport au 1er trimestre à 11,5 milliards de dollars.

Ses résultats s'inscrivent dans un « environnement marqué par des prix du pétrole et des marges de raffinage soutenus, mais des prix du gaz en retrait », avait déclaré le PDG de l'entreprise Patrick Pouyanné cité dans le communiqué accompagnant la publication de ces chiffres, fin avril.

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Par ailleurs, entre janvier et mars, le groupe a augmenté sa production d'hydrocarbures d'1,5% sur un an, notamment grâce à la montée en puissance de projets pétroliers au Brésil, et de gaz à Oman et en Azerbaïdjan, pays-hôte de la conférence climatique de la COP29 en novembre prochain. Sa production d'hydrocarbures pour le gaz liquéfié (GNL) a aussi augmenté de 6% sur un an, portée par des projets au Qatar et au Nigeria. Ses ventes de GNL se sont toutefois érodées de 9% sur le trimestre en raison d'une demande moins élevée du fait d'un hiver doux et de stocks de gaz élevés.

(Avec AFP)