TotalEnergies annonce un nouveau projet pétrolier dans les eaux profondes de l'Angola

TotalEnergies a annoncé ce mardi le lancement d'un projet pétrolier situé au large des côtes angolaises, dont la production devrait débuter en 2028 avec l'objectif d'atteindre « un plateau de 70.000 barils de pétrole par jour ». Dans le même temps, trois ONG et huit personnes issues du monde entier ont déposé plainte à Paris contre le géant pétrolier français ce mardi.
TotalEnergies a annoncé le lancement d'un projet pétrolier situé au large des côtes angolaises en 2028. (photo d'illustration)
TotalEnergies a annoncé le lancement d'un projet pétrolier situé au large des côtes angolaises en 2028. (photo d'illustration) (Crédits : Sarah Meyssonnier)

[Article publié le mardi 21 mai, à 11h09, mis à jour à 13h] TotalEnergies poursuit ses investissements dans les énergies fossiles. Le géant de l'énergie a annoncé ce mardi le lancement d'un projet pétrolier situé au large des côtes angolaises en 2028. Dans un communiqué, le géant pétrolier indique que son PDG Patrick Pouyanné a rencontré lundi à Luanda le président de la République d'Angola, João Lourenço, ainsi que les PDG des entreprises partenaires ANPG et Sonango.

TotalEnergies, qui détient 40% des parts dans le projet, et ses partenaires Petronas (40%) et Sonangol (20%), « ont annoncé avoir pris la décision finale d'investissement (FID) du projet Kaminho, un projet destiné à développer les champs de Cameia et Golfinho, situé à 100 km au large des côtes angolaises, par 1.700 m de profondeur d'eau ».

Aucun montant n'est communiqué, mais l'agence Bloomberg évoque un investissement de 6 milliards de dollars.

Le projet Kaminho, qui est « le premier grand développement en eaux profondes dans le bassin de la Kwanza, comprend la conversion d'un tanker de type VLCC (Very Large Crude Carrier) en unité flottante de production, de stockage et de déchargement (FPSO), qui sera reliée à un système de puits sous-marins », précise le communiqué.

Objectif de 70.000 barils par jour

TotalEnergies affirme que cette unité flottante, « tout électrique », est « conçue de façon à minimiser les émissions de gaz à effet de serre et éliminer le torchage de routine » et que « le gaz associé sera entièrement réinjecté dans le réservoir ». La production devrait démarrer en 2028, avec un plateau de 70.000 barils de pétrole par jour.

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« Ce projet sera à la fois notre septième FPSO en Angola et le tout premier développement dans le bassin de la Kwanza », a mis en avant Patrick Pouyanné, cité dans le communiqué.

« Les contrats signés incluent des entreprises nationales et contribuent au contenu local : plus de 10 millions d'heures de travail seront ainsi effectuées par des entreprises locales », a de son côté souligné Diamantino de Azevedo, ministre angolais des Ressources Minières, du Pétrole et du Gaz.

Nouvelle plainte contre TotalEnergies ce mardi

TotalEnergies est régulièrement visé par les associations environnementales pour ses investissements dans les énergies fossiles. Ce mardi, trois ONG et huit personnes issues du monde entier ont déposé plainte à Paris contre le géant pétrolier français, ses dirigeants et actionnaires, accusés d'homicide involontaire ou d'atteintes à la biodiversité.

Les plaignants, menés par les ONG Bloom, Alliance Santé Planétaire et Nuestro Futuro, veulent mettre en cause pénalement le groupe pétrolier et ses plus hauts représentants « pour leur contribution au changement climatique et son impact fatal sur les vies humaines et non humaines », d'après un communiqué transmis à l'AFP.

Trois jours avant l'assemblée générale annuelle de TotalEnergies, prévue vendredi après-midi à La Défense, leur plainte simple a été déposée mardi matin au Tribunal judiciaire de Paris, qui comporte un pôle santé publique et environnement, et vise à obtenir l'ouverture d'une enquête et à terme, un procès.

Dans le détail, le document de près de 100 pages vise deux autres délits: mise en danger d'autrui ou abstention de combattre un sinistre. Il cible TotalEnergies, son conseil d'administration, son PDG et certains de ses principaux actionnaires comme le groupe BlackRock et la banque centrale de Norvège Norges Bank, « qui ont voté en faveur des stratégies » qui seraient incompatibles avec la protection du climat.

La plainte est cosignée par huit « survivants et victimes du changement climatique » venant de France, Pakistan, Grèce, Belgique, Zimbabwe, Australie, Philippines, qui ont été affectés par de récents cataclysmes, comme les inondations dévastatrices au Pakistan en 2022, la tempête Alex en France en 2020 ou le cyclone Idai au Zimbabwe.

60 ONG appellent à ne plus prêter à TotalEnergies

En avril, près de 60 ONG avaient appelé à couper le financement de TotalEnergies en refusant de lui prêter de l'argent. Elles demandaient aux banques et investisseurs de « ne pas participer » à l'apport d'argent frais de l'entreprise qui continue « sa stratégie climaticide ».

Ces organisations viennent principalement de France (les Amis de la Terre, Attac), d'Afrique (Justiça Ambiental du Mozambique, le Cecic en Uganda), mais sont aussi implantées à l'international (Reclaim Finance, Extinction Rebellion).

« En aidant TotalEnergies à lever de l'argent sur le marché obligataire, [banques et fonds d'investissement] lui permettent alors indirectement de financer » ses nouveaux projets pétroliers et gaziers, expliquait le communiqué commun des ONG.

L'énergéticien est, en effet, très critiqué pour la poursuite de ses investissements dans les énergies fossiles, néfastes pour le climat. En 2023, TotalEnergies a notamment annoncé des projets ou acquisitions en Namibie, au Suriname et au Brésil, et il s'est renforcé aux Etats-Unis dans le gaz liquéfié (GNL), une énergie très convoitée par l'Europe qui cherche à remplacer le gaz russe. « On est quand même durablement lié à l'importation de gaz naturel liquéfié en Europe », affirmait mi-janvier Patrick Pouyanné, le PDG du groupe qui revendique la place de 3e acteur mondial du GNL.

En septembre, le groupe s'était notamment attiré les critiques en annonçant vouloir augmenter sa production d'hydrocarbures de 2 à 3% par an dans les cinq prochaines années, tandis que plusieurs énergéticiens comme Shell et BP ont annoncé en 2023 une révision en baisse de certains de leurs objectifs de transition énergétique.

TotalEnergies défend sa stratégie

TotalEnergies a néanmoins rappelé à l'AFP qu'il avait investi 17 milliards de dollars en 2023 dont 35 % dans les énergies bas carbone, disant vouloir « réussir notre transition et d'accompagner celle de nos clients ».

Parmi ses dépenses d'investissement d'ici 2030, TotalEnergies prévoit « un tiers dans les énergies bas carbone, environ 30% dédiés au développement de nouveaux projets pétrole et gaz, le reste étant consacré à la maintenance du portefeuille hydrocarbures », avait indiqué l'entreprise par le passé.

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Fin avril, le PDG de TotalEnergies, Patrick Pouyanné, a défendu sa vision du futur énergétique, reposant sur les hydrocarbures et les énergies renouvelables, lors d'une audition très attendue devant la commission sénatoriale qui s'interroge sur la cohérence des activités du groupe avec les engagements climatiques de la France.

Les hydrocarbures, « fondamentalement, c'est ça qui nous rapporte aujourd'hui des profits (...) et si je veux investir dans le système B (les énergies décarbonées, NDLR), il faut que je tire l'argent de quelque part (...) et donc nous continuons à investir dans le système A », a exposé le dirigeant.

« Si nous n'investissons pas dans le système pétrolier et c'est la même chose pour le gaz, on aura un déclin de l'offre et à ce moment-là, les prix montent au ciel », a aussi justifié le patron du groupe, longuement interrogé sur le gaz, une priorité du groupe.

TotalEnergies a encouragé vendredi dernier ses actionnaires à voter lors de son assemblée générale, organisée cette semaine, « afin de soutenir » la stratégie du groupe « face à une campagne » de « certains activistes » opposés au renouvellement du mandat de Patrick Pouyanné.

(Avec AFP)

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Commentaires 5
à écrit le 22/05/2024 à 8:29
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Dommage qu'il n'y ait pas de forages au large de notre Guyane (à côté du Suriname et du Guyana). Nous aurions du pétrole français, sans avoir besoin d'en importer.

à écrit le 21/05/2024 à 19:29
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La question qu'il faut se poser est la suivante : Est-ce que les pays pauvres ayants des ressources pétrole, gaz ou quelles qu'elles soient vont renoncer à les exploiter ? La réponse est non. Que TotalEnergies ait une part ou pas ne changera rien. Pa...

à écrit le 21/05/2024 à 13:30
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🧐 Regardons le rapport financier des "amis de la terre" (exercice 2022) : Subventions publiques du ministère de l'écologie 130 kEUR en 2020, 120 kEUR en 2021, 120 kEUR en 2022, 150 kEUR prévus en 2023 🤬🔥. Subventions privées prévues en 2023 : 900 kEU...

à écrit le 21/05/2024 à 11:54
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C'est très curieux mais on n'entend pas toutes ces associations indépendantes et tolérantes donc de gauche, hurler contre les projets au VENEZUELA, chez le melenchon local et ses amis chinois qui n'ont rien d'ultra neo capitaliste medef, donc poll...

à écrit le 21/05/2024 à 11:36
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J'invite ces fameuses ONG de intéresser aux investissements pour les forages gaz et pétrole de schiste aux USA.

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