Baisse de la facture d’électricité en 2025 : la promesse de Bruno Le Maire est-elle réellement tenable ?

Alors que la question du pouvoir d'achat demeure un sujet phare des élections législatives à venir, le ministre de l'Economie s'est engagé à une baisse de 10 à 15% du prix du tarif réglementé de vente d'électricité en février prochain. Selon plusieurs experts, un tel recul est effectivement réaliste et probable... mais à plusieurs conditions.
Juliette Raynal
Le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, a promis une baisse de 10 à 15% de la facture d'électricité en février 2025.
Le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, a promis une baisse de 10 à 15% de la facture d'électricité en février 2025. (Crédits : Sarah Meyssonnier)

Bruno Le Maire riposte. Alors que la Commission de régulation de l'énergie (CRE) a officialisé, lundi, une hausse de la facture de gaz de millions de Français de 11,7% à partir de juillet prochain, comme nous l'annoncions déjà en février dernier, le ministre de l'Economie n'a pas attendu très longtemps pour lancer une promesse : celle de faire baisser la facture d'électricité, cette fois-ci, de 10 à 15% en février 2025.

Cette annonce, faite sur BFMTV/RMC ce mardi 11 juin, n'a rien d'un hasard. En effet, l'envolée des factures d'énergie s'est imposée comme un des sujets phares de la campagne pour les élections européennes alors que le pouvoir d'achat figure parmi les principales préoccupations des citoyens. Lesquels sont appelés à retourner aux urnes dès le 30 juin prochain, dans le cadre des élections législatives anticipées provoquées par la dissolution de l'Assemblée nationale.

Alors, cette promesse est-elle réellement tenable ? Selon plusieurs experts du marché de l'électricité, un tel recul est effectivement probable, même s'il est impossible d'en avoir la totale certitude. Pour le comprendre, il faut revenir à la composition du tarif réglementé de vente (TRV) d'électricité. Celui-ci repose sur trois coûts distincts : le coût de fourniture, le coût du réseau et les taxes.

Une baisse à retardement

La promesse de Bruno Le Maire repose sur la baisse attendue du coût de fourniture, qui se compose lui-même de deux parties : la part Arenh (pour accès régulé à l'électricité nucléaire historique) avec un mégawattheure à 42 euros et une part dite de « complément de marché », amenée à évoluer en 2025. En effet, dans cette partie, le prix du mégawatheure correspond à la moyenne des prix observés sur le marché de gros (là où l'électricité est négociée et achetée par les fournisseurs aux producteurs avant d'être commercialisée sur le marché de détail) au cours des deux dernières années. « Donc pour fixer le TRV au 1er février 2024, la CRE a pris en compte la moyenne des prix de gros en 2023 et en 2022, année pendant laquelle les prix étaient très élevés », pointe l'économiste spécialiste des marchés de l'énergie Jacques Percebois. Pour rappel, en 2022, le prix moyen observé sur le marché spot en France a dépassé les 276 euros du mégawattheure.

« Ce mode de calcul a l'avantage d'être protecteur pendant une crise car cela permet de lisser la hausse des prix, mais une fois la crise terminée, les prix mettent plus de temps à baisser », résume Nicolas Goldberg, expert énergie au sein du cabinet Columbus Consulting.

En 2025, le régulateur du secteur n'intègrera plus les prix de gros de 2022 dans le calcul du TRV et il prendra en compte la moyenne des prix de marché observée en 2023 et en 2024. Or, en 2023, les prix de l'électricité sur le marché ont baissé et, en 2024, ils ont carrément chuté. Sur le marché spot français, ils oscillent, en moyenne, entre 40 euros et 60 euros du mégawattheure. Des niveaux bien en deçà de ceux observés chez nos voisins allemands.

Lire aussiPrix de l'électricité : pourquoi l'écart se creuse entre la France et l'Allemagne

« Ils sont très bas pour deux raisons. D'une part, il y a plus de nucléaire disponible, ce qui permet de moins faire appel aux compléments de production reposant sur les énergies fossiles. Ensuite, la production des renouvelables est très abondante ce qui conduit à observer régulièrement des prix négatifs sur le marché. Le complément marché dans le TRV calculé en février 2025 devrait donc être beaucoup moins élevé que le complément de marché calculé pour le TRV de février 2024 », expose Jacques Percebois.

Le retour de la taxe TICFE toujours au programme

Toutefois, deux nuances doivent être apportées à la promesse politique faite par Bruno Le Maire. D'abord, celle-ci repose sur l'hypothèse que les prix de marché resteront faibles au cours des six prochains mois. Pour le moment, les acteurs n'anticipent pas de flambée des prix au second semestre, hors événements exceptionnels, mais il n'existe aucune certitude. « On ne s'attend pas à ce que les prix de l'électricité sur le marché de gros remontent mais on ne peut pas exclure d'éventuels problèmes nucléaires ou le risque que le prix du gaz se remette à monter », note Jacques Percebois. Or, le prix du gaz influence le prix de l'électricité sur le marché de gros.

Ensuite, il faut que cette baisse de la part « complément marché », compense la hausse prévue de la taxe intérieure sur la consommation finale d'électricité (TICFE). En effet, cette taxe avait été drastiquement abaissée dans le cadre du bouclier tarifaire, mis en place à l'automne 2021 afin de protéger les consommateurs de la flambée des prix. Mais dans l'optique de sortir complètement du bouclier tarifaire, l'exécutif avait annoncé un rétablissement de cette taxe à 32 euros le mégawattheure en février 2025, après l'avoir déjà remontée à un premier palier de 21 euros en février dernier, conduisant à une hausse moyenne de la facture de 10%.

Du côté de Bercy, il n'y a aucun doute sur cet effet de compensation. Contacté par la rédaction, l'entourage de Bruno Le Maire assure que la baisse annoncée « intègre la sortie totale des boucliers ».

Juliette Raynal

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Commentaires 13
à écrit le 15/06/2024 à 14:58
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Bonjour, bon nous n'avons plus aucune confiance pour ce gouvernement ou pour Mr Macron .. Non seulement se qu'ils nous rendre d'une mains , ils nous en prendre plus de l'autre .. D'ailleurs les 1 000 milliards de dette en plus s'est qui d'après vous...

à écrit le 12/06/2024 à 16:39
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Le Maire annonce que "la facture d'électricité baissera de 10 à 15 %", alors qu'il oublie juste de préciser que "le reflux du prix viendrait de l’évolution des prix de marché et non pas d’un geste du gouvernement" qui prévoit par ailleurs d’augmenter...

à écrit le 12/06/2024 à 12:20
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Aux dernières nouvelles le gaz a baissé de 5% dans le monde. En France le gaz va augmenter de 11%.! Explication officielle : 1) Le réseau n'a pas été entretenu depuis des années ! (oui mais nous l'avons payé dans nos factures depuis des années) 2) No...

à écrit le 12/06/2024 à 9:54
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Je me souviens dans les années 80, sous le régime de la Mitterrandie, le Ministre de l'économie (Pierre Beregovoy, paix à son âme) avait pour habitude de baisser le prix de l'essence (qui était encadrée à cette époque) de 1 à 2 centimes quelques jour...

le 12/06/2024 à 10:47
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j'ai pas souvenir de ce détail, un centime ça faisait peu mais était notable (les 1/2 centimes n'existant pas). Quand on regarde les prix, pour ma 205 neuve l'essence, fin 1983, était à 4F80/L (équivalent de 0,78€), vs l'évolution des prix depuis, ç...

à écrit le 12/06/2024 à 9:53
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Il promet sachant qu'il ne sera plus là !

à écrit le 12/06/2024 à 9:31
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Il promet une baisse pour la Saint Glin-Glin, mais hier il acceptait d'aligner le prix de l'électricité sur celui du gaz... Dehors...

à écrit le 12/06/2024 à 9:31
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Le Maire menteur invétéré principal acteur politique du désordre économique de la Nation Française, Bardela a tous les attributs pour lui succéder dans les mensonges.

à écrit le 12/06/2024 à 9:13
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S'il est si sûr de ce qu'il dit, pourquoi de pas baisser de suite en faisant un rattrapage ? ;-)

à écrit le 11/06/2024 à 21:16
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Question à Bruno: Pourquoi attendre 2025? Les caisses sont vides, actuellement? On attend une rentrée fiscale exceptionnelle? Ne nous cache rien!

à écrit le 11/06/2024 à 20:48
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Les promesses n'engagent que ceux qui y croient. De toute façon, il ne sera plus là. Il pourrait déjà baisser les taxes franco françaises qui alourdissent les factures, à commencer par celle qui finance le régime spécial des retraites des salariés ...

à écrit le 11/06/2024 à 20:19
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Oui mais Bruno Le Maire a oublié de dire que cette baisse de la facture d’électricité ne sera possible que si les Français se comportent d’une manière raisonnable aux législatives en votant massivement pour le parti présidentiel à qui nous devons déj...

à écrit le 11/06/2024 à 20:07
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Ca sert à rien de promettre. Faites le sa changera de vos politique qui font que vous mettez en action tout ce qui détruit nos vies (augmentation électricité de 25 puis 15% en un ans passant nos facture de 80 à 185 euros par mois, les retraites que v...

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