Qui est Millicom, géant des télécoms en Amérique latine, que lorgne Xavier Niel ?

Le fondateur et propriétaire du groupe Iliad (Free) entend mettre la main sur la quasi-totalité du capital de Millicom, dont il est déjà le premier actionnaire depuis l’an dernier. Présent au Guatemala, en Colombie, en Bolivie, au Paraguay ou encore au Salvador, cet opérateur dispose de plus de 40 millions d’abonnés mobiles, et de 13 millions de clients Internet fixe.
Pierre Manière
En 2023, il a réalisé un chiffre d’affaires de 5,6 milliards de dollars, en petite de progression de 0,7% par rapport à l’exercice précédent.
En 2023, il a réalisé un chiffre d’affaires de 5,6 milliards de dollars, en petite de progression de 0,7% par rapport à l’exercice précédent. (Crédits : Reuters)

Cela faisait des semaines que les rumeurs allaient bon train, dans le secteur des télécoms, sur une opération de Xavier Niel concernant Millicom. Ce lundi, le fondateur et propriétaire du groupe Iliad (Free) est finalement sorti du bois. Il a proposé, via son holding Atlas Investissement, de racheter l'intégralité du capital du groupe de télécoms. Millicom est aujourd'hui présent dans plusieurs pays en Amérique latine et centrale. Son siège est au Luxembourg, et il est coté en Suède ainsi qu'au Nasdaq. Xavier Niel espère convaincre les minoritaires de souscrire à son offre, de 24 dollars par action, laquelle valorise Millicom à 4,1 milliards de dollars. Un « prix attrayant », assure Atlas dans un communiqué. Depuis début 2023, le titre a vogué sous les 20 dollars, avant de s'envoler au printemps, jusqu'à titiller désormais les 24 dollars.

Avec cette opération, Xavier Niel espère mettre la main sur au moins 95% du capital de Millicom. L'homme d'affaires est déjà le premier actionnaire du groupe, à hauteur de 29%. Xavier Niel est entré au capital de Millicom fin 2022, avant d'augmenter progressivement sa participation. L'homme d'affaires a déjà placé plusieurs de ses fidèles chez l'opérateur. Respectivement directeur général et directrice générale adjointe d'Iliad, Thomas Reynaud et Aude Durand sont tous deux administrateurs non exécutif de Millicom. Il en va de même pour Maxime Lombardini, président et directeur des opérations d'Iliad.

L'abandon des activités africaines

Millicom est surtout connu pour sa marque, Tigo, avec laquelle il opère dans ses différentes géographies. Il est notamment présent au Guatemala, en Colombie, en Bolivie, au Paraguay ou encore au Salvador. Millicom possède quelque 40,6 millions de clients dans la téléphonie mobile, et 13,3 millions d'abonnés à ses services Internet fixe. En 2023, il a réalisé un chiffre d'affaires de 5,6 milliards de dollars, en petite progression de 0,7% par rapport à l'exercice précédent. Il a néanmoins accusé une perte de 245 millions d'euros.

Ces dernières années ont été marquées par de profondes transformations. Le groupe a, en particulier, abandonné toutes ses activités en Afrique, où il a longtemps été un acteur de premier plan. Au début des années 1990, Millicom a multiplié les emplettes sur ce continent, prenant pied au Congo, au Rwanda, au Sénégal, au Tchad, au Ghana, ou encore en Tanzanie. Mais confronté à une concurrence de plus en plus féroce, le groupe a décidé de jeter l'éponge et de revendre tous ses actifs. C'est Mauricio Ramos, l'ex-PDG de Millicom - tout récemment remplacé par Marcelo Benitez - qui a initié ce désengagement à son arrivée, en 2015.

Réduction des coûts

Milicom consacre désormais ses ressources à renforcer ses positions dans ses différents pays, et au déploiement, coûteux, des dernières technologies, à l'instar de la 5G et de la fibre optique. Confronté depuis deux ans à l'inflation et à la forte hausse des taux d'intérêts, le groupe a initié un vaste plan de réduction des coûts, baptisé « projet Everest ». Millicom a notamment vu ses effectifs fondre. Le groupe comptait 16.500 employés fin 2023, soit 4.000 de moins que deux ans auparavant. L'un de ses grands enjeux de son état-major est de gérer une dette importante, qui s'élève à près de 6,7 milliards de dollars.

Rien ne dit toutefois, à ce stade, que Xavier Niel réussira à prendre complètement le contrôle de cet opérateur. La semaine dernière, dans la foulée d'un communiqué d'Atlas signifiant déjà l'étude d'une offre de rachat à 24 dollars par action, un comité de membres indépendants du conseil d'administration de Millicom a émis un avis défavorable. Celui-ci a indiqué que le prix proposé « sous-évaluerait considérablement le groupe, et ne serait pas dans l'intérêt des actionnaires ». Le comité, dont on attend encore la réponse à l'offre formelle envoyée par Atlas ce lundi, espère sans doute inciter Xavier Niel à mettre davantage la main au portefeuille...

Xavier Niel veut encore étendre son empire

Le milliardaire français multiplie aujourd'hui les opérations pour étendre son empire dans les télécoms. Déjà présent en France, en Italie ou encore en Pologne, il a annoncé le rachat, en février dernier, de 19,2% de Tele2, un opérateur présent en Suède et dans les pays baltes. Au mois de janvier, il a indiqué vouloir acquérir l'ukrainien Lifecell pour 500 millions de dollars. Son groupe a en revanche échoué, en début d'année et pour la seconde fois, à racheter la filiale italienne du géant britannique Vodafone, qu'il souhaitait fusionner avec son jeune opérateur dans ce pays.

Pierre Manière

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