Alors que les sollicitations frauduleuses par textos ou par e-mails sont devenues monnaie courante, Orange va lancer, ce jeudi, une offre de cybersécurité à destination du grand public. Jusqu'alors, ces solutions, développées par le pôle Orange Cyberdefense de l'opérateur historique, étaient réservées aux grands groupes, et depuis 2022 aux TPE et PME. C'est désormais au tour des particuliers d'en bénéficier, dans un contexte où les cyberattaques sont en plein essor, et surtout de plus en plus difficile à reconnaître pour un œil non-averti.
En quoi consiste cette offre ? Celle-ci dispose d'abord d'un volet gratuit. Il s'agit d'un portail doté d'un moteur de recherche, où les particuliers pourront vérifier si certains messages qu'ils reçoivent (via des textos ou des mails) sont frauduleux. Des ateliers pour adopter de bonnes pratiques dans l'espace numérique seront également proposés. « Nous avons tous des comportements qui ne sont pas au bon niveau par rapport à ce que nous avons fait dans le monde physique, souligne Hugues Foulon, le patron d'Orange Cyberdefense. Il ne nous viendrait pas, par exemple, à l'idée de sortir de chez soi sans fermer la porte... » Ce portail, gratuit donc, doit aussi permettre à Orange d'étoffer sa base de données sur les cyber-menaces.
En parallèle, Orange va commercialiser un service payant. Il s'agit d'un pack, vendu 7 euros par mois. Cette solution comprend une « suite de sécurité ». Cette application pourra être installée sur un smartphone, un ordinateur ou une tablette, avec une limite de dix appareils par abonnement. Elle permettra notamment de bloquer les appels fixes et mobiles indésirables. Là où Orange se différencie d'autres fournisseurs de solutions de cybersécurité, c'est que les particuliers bénéficieront d'une assistance personnalisée en cas de problème. Ils pourront, au besoin, joindre l'un des 220 spécialistes recrutés par l'opérateur.
Orange refuse de communiquer sur le nombre de clients qu'il entend ferrer avec son offre. Mais l'opérateur considère qu'elle répond à un besoin important sur le marché. « Seulement 15% des Français se sentent aujourd'hui suffisamment protégés », argue Christel Heydemann, la directrice générale du géant français des télécoms. Il va sans dire qu'Orange voit sa nouvelle offre comme une nouvelle arme pour gagner des abonnés dans l'Internet fixe et la téléphonie mobile. Elle constitue, aussi, un moyen de conserver ses abonnés, et éviter qu'ils ne filent à la concurrence, alors que la compétition demeure féroce avec ses rivaux SFR, Bouygues Telecom et Free.
Les hackers profitent de l'IA
Orange considère que se protéger contre les cyberattaques va, de plus en plus, devenir une nécessité, alors que les pirates informatiques continuent d'envahir l'espace numérique et sont désormais très bien organisés. C'est notamment le cas depuis la crise du Covid-19, a rappelé Christel Heydemann, où de nombreux Français se sont convertis au télétravail et passent toujours plus de temps en ligne. L'« industrie » des hackers représente « plus de 1.000 milliards de dollars » à l'échelle mondiale, souligne la patronne d'Orange. « C'est à peu près l'équivalent des chiffres d'affaires d'Amazon, de Microsoft et d'Apple réunis », renchérit-elle. En outre, poursuit Hugues Foulon, ces « organisations mafieuses », parfois « étatiques », se perfectionnent. Elles profitent notamment des avancées de l'IA pour améliorer l'efficacité de leurs attaques.
Sous la houlette de Christel Heydemann, Orange a fait de la cybersécurité un axe prioritaire de développement. Orange Cyberdefense a dépassé le milliard d'euros de chiffre d'affaires l'an dernier, ce qui représente une croissance de 11% par rapport à l'exercice précédent. Sur ce créneau, Orange estime se différencier de la concurrence. L'opérateur argue qu'il est capable, grâce à ses réseaux télécoms, de détecter les menaces parfois très en amont, et ainsi de les contrer plus facilement.
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