L’essor de l’IA plaide, selon Orange, pour une consolidation des télécoms en Europe

La « révolution industrielle » de l’intelligence artificielle va accroître le trafic Internet et nécessiter davantage d’investissements dans les réseaux, affirme Christel Heydemann. Pour y arriver, la patronne d’Orange appelle une nouvelle fois l’Europe à autoriser plus de fusions sur le continent.
Pierre Manière
Christel Heydemann, la directrice générale d'Orange.
Christel Heydemann, la directrice générale d'Orange. (Crédits : Reuters)

Tandis que les élections européennes se rapprochent, Orange poursuit son lobbying afin de convaincre Bruxelles et la commission de changer de politique à l'égard des télécoms. Ce mercredi, lors de l'assemblée générale de l'opérateur historique, Jacques Aschenbroich, le président du conseil d'administration, a tiré à boulets rouges sur la « réglementation » du secteur, qui pèse sur la « rentabilité des capitaux investis », et in fine sur le cours de Bourse. Les télécoms, a-t-il lancé, sont « un métier qui, ces quinze dernières années, a détruit de la valeur ». Dans son viseur, figure la politique pro-concurrence de Bruxelles, qui veut coûte que coûte conserver des prix bas pour les consommateurs.

Au salon Vivatech, ce jeudi à Paris, Christel Heydemann ne s'est pas faite prier pour remettre une pièce dans la machine, en profitant de cette importante tribune médiatique. Alors que cet événement est, cette année, résolument tourné vers les avancées de l'intelligence artificielle, la patronne de l'opérateur historique a souligné l'importance des réseaux pour que les cadors de cette « révolution industrielle » puissent déployer correctement leurs services. « Les infrastructures télécoms comptent, on a tendance à l'oublier », a-t-elle insisté. La dirigeante a mis l'accent sur l'accroissement du trafic Internet attendu avec l'essor de l'IA, qui va nécessiter des tuyaux plus gros pour faire transiter ces monceaux de données. « Nous aurons besoin d'investir », a-t-elle poursuivi. Mais pour ce faire, il faudra, à l'en croire, qu'Orange et ses homologues européens disposent de davantage de marges financières.

« La taille compte »

Voilà pourquoi l'opérateur milite pour que la prochaine commission européenne permette au secteur de se consolider. Christel Heydemann estime que celui-ci est mal en point. « Cela fait peur », a-t-elle renchéri. Elle en veut pour preuve « Telecom Italia qui vend son réseau Internet fixe à KKR », ou encore le britannique Vodafone « qui quitte l'Espagne et l'Italie ». La consolidation est, d'après elle, la seule possibilité pour le secteur de retrouver des couleurs. « La taille compte, car les télécoms sont une industrie de coûts fixes », a-t-elle rappelé.

Or, c'est précisément la taille des opérateurs européens qui, d'après Christel Heydemann, pose problème. Elle a rappelé qu'« il y a environ 90 opérateurs » qui se partagent le marché en Europe, contre trois aux Etats-Unis ou en Chine. D'après elle, Bruxelles doit urgemment revoir son logiciel, d'autant qu'« il manque aujourd'hui 175 milliards d'euros d'investissements pour atteindre ses objectifs de connectivité ».

Faire payer les géants du Net

Christel Heydemann considère que si « la compétition est une bonne chose », cette logique a, dans le cas des télécoms, atteint ses limites. « En Roumanie, se payer un forfait mobile revient moins cher que d'acheter un hamburger », a-t-elle lancé. Ces propos rappellent une ancienne sortie de Patrick Drahi. Lors d'une audition au Sénat, en 2022, le propriétaire d'Altice (SFR) avait déploré qu'il était possible de s'offrir un forfait mobile pour « 8 euros », soit le prix d'un « café croissant »« On n'a pas de quoi être fier », s'était-il étranglé.

Christel Heydemann appelle également à un débat sur le « fair share », en clair à la contribution des géants du Net au financement des réseaux télécoms. D'après elle, le problème est que les Microsoft, Google, Amazon, Netflix, Meta ou TikTok « ne payent pas » pour le déploiement de nouvelles infrastructures que leurs services, toujours plus gourmands en bande passante, nécessitent. Christel Heydemann souhaite, aussi, que des mesures soient prises pour limiter leur trafic.

Pierre Manière

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 2
à écrit le 24/05/2024 à 8:08
Signaler
Ca vous fera plus de données personnelles à voler de la sorte je comprends bien. Je peux vous garantir que le coup que vous m'avez fait, à la stalinien, je l'ai en travers.

à écrit le 23/05/2024 à 19:11
Signaler
on rappelera qu'a la base l'AI permettait de corriger les erreurs dans les modeles XOR, donc en particulier dans les communications ( enfin en 0/1, le numerique c'etait pas forcement le pb)......l'AI n'impacte pas les FAI, vu que la puissance de calc...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.