La France se dote d’un référentiel pour limiter l’empreinte carbone des services numériques

Les régulateurs des télécoms et de l’audiovisuel ont présenté, ce vendredi, un référentiel général afin d’inciter les acteurs du numérique à concevoir des sites web, des plateformes vidéo, des applications et autres outils d’intelligence artificielle moins datavores, et plus respectueux de l’environnement.
Pierre Manière
Dans l’Hexagone, les émissions de gaz à effet de serre (GES) liées au numérique représentent 2,5% de l’empreinte carbone nationale.
Dans l’Hexagone, les émissions de gaz à effet de serre (GES) liées au numérique représentent 2,5% de l’empreinte carbone nationale. (Crédits : Shutterstock)

La réduction de l'empreinte carbone du numérique passe, aussi, par la conception de services numériques plus sobre d'un point de vue environnemental. Tel est le message envoyé ce jeudi par Laure de La Raudière, la présidente de l'Arcep. Le régulateur des télécoms et l'Arcom, son homologue de l'audiovisuel, ont levé le voile, au Conservatoire national des arts et métiers (CNAM) sur « un référentiel général de l'écoconception des services numériques ». Celui-ci a vocation à inciter tous les acteurs du digital à prendre en compte les enjeux environnementaux lorsqu'ils développent des sites web, des plateformes vidéo, des applications ou encore des outils d'intelligence artificielle.

Ces actions doivent notamment permettre de modérer le trafic Internet - « qui croît de 25% par an », rappelle Laure de la Raudière - afin de modérer l'utilisation comme le déploiement des infrastructures numériques, qu'il s'agisse des réseaux mobiles, Internet fixe, ou des data centers. Il s'agit aussi, par exemple, de prolonger la durée de vie des terminaux, comme les smartphones, lesquels représentent jusqu'à 80% de l'empreinte carbone du numérique, et ainsi repousser l'échéance de leur renouvellement.

« Un outil pour passer à l'action »

Pour l'Arcom, cette initiative s'inscrit dans son « projet stratégique », qui fait « de l'accompagnement des acteurs audiovisuels et numériques vers la transition écologique » un « axe prioritaire », a insisté Roch-Olivier Maistre, son président. Il rappelle que l'empreinte carbone du numérique « pourrait tripler d'ici à 2050 si rien n'est fait pour limiter ses effets et que les usages continuent de progresser au rythme actuel, en particulier avec le développement très rapide des IA génératives ». Dans l'Hexagone, les émissions de gaz à effet de serre (GES) liées au numérique représentent, pour rappel, 2,5% de l'empreinte carbone nationale.

Aux yeux de Marina Ferrari, la secrétaire d'Etat en charge du Numérique et des Télécoms, « ce référentiel est un outil pour passer à l'action ». Concrètement, celui-ci « prend en compte les composantes clés du cycle de vie du service numérique, de la définition de sa stratégie à son hébergement, en passant par le développement de son architecture et de ses contenus », précise l'Arcep. Il est constitué par « 78 critères pour accompagner les démarches d'écoconception ». Ses principaux objectifs sont d'aider à développer « des services numériques plus durables permettant d'allonger la durée de vie des terminaux », de « promouvoir une démarche de sobriété face aux stratégies de captation de l'attention de l'utilisateur ». Mais aussi de « diminuer les ressources mobilisées (y compris informatiques) sur le cycle de vie du produit », et d'« accroître le niveau de transparence sur l'empreinte environnementale des services numériques ».

Faire de la sobriété numérique une priorité européenne

S'agissant des vidéos, l'idée est, par exemple, de recourir à des systèmes de compression pour limiter les transferts de données. Le référentiel préconise, aussi, d'adapter leur définition « au contexte de visualisation, notamment à la taille du terminal ». Ou encore de proposer un mode de « sobriété énergétique » à l'utilisateur, avec des définitions réduites.

Ce référentiel n'a, aujourd'hui, rien de contraignant pour les acteurs du numérique. A eux, s'ils le souhaitent, de s'en saisir. Cela dit, l'Arcep compte bien profiter de l'arrivée prochaine d'une nouvelle Commission européenne pour vanter son référentiel, et faire en sorte que la sobriété numérique deviennent une priorité politique sur le Vieux Continent. Dans ce cas, le référentiel pourrait, à terme, « devenir prescriptif » dans l'UE, affirme Laure de La Raudière.

Pierre Manière

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Commentaire 1
à écrit le 18/05/2024 à 9:32
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"outils d’intelligence artificielle moins datavores" l'IA a besoin de data, de beaucoup de data, et encore ça ne l'empêche pas de faire des erreurs, il faudrait encore plus de data (de bonne qualité et assez variées vs le sujet d'apprentissage)... :-...

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