[Article publié le 29 juillet 2024 à 10h27 et mis à jour à 14h40, puis 17h10]
Trois jours après des lignes TGV de la SNCF, ce sont les réseaux de fibre optique de plusieurs opérateurs français qui ont été visés dans la nuit de dimanche à lundi par des actes de « sabotage nocturne », en plein Jeux olympiques de Paris.
Le parquet de Paris a annoncé, ce lundi après-midi, l'ouverture d'une enquête pour les « dégradations commises sur des dispositifs de relais de télécommunications », comme l'indiqué lundi la procureure de Paris, Laure Beccuau. Comme pour le sabotage des lignes à grande vitesse, c'est la Juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée (Junalco) qui s'en est saisie « pour détérioration de biens de nature à porter atteinte aux intérêts fondamentaux de la nation, atteintes à un système de traitement automatisé de données en bande organisée et association de malfaiteurs ».
A noter, ces actes n'ont fait l'objet d'aucune revendication à ce stade, selon une source proche du dossier.
Plusieurs départements touchés
Ces actes de malveillance ont touché les installations de Free et SFR, notamment dans six départements : les Bouches-du-Rhône, l'Aude, l'Oise, l'Hérault, la Meuse et la Drôme, a appris l'AFP de source policière, confirmant une information du Parisien. Paris, cœur des Jeux olympiques (26 juillet - 11 août), n'a pas été touché, a ajouté la source policière. La direction de Free a par ailleurs signalé à l'AFP des incidents dans la Marne et le Vaucluse.
« Des dégradations commises dans plusieurs départements cette nuit ont affecté nos opérateurs de télécommunications », a aussi écrit ce lundi à 10h28 la secrétaire d'État démissionnaire chargée du Numérique, Marina Ferrari sur X. « Elles ont des conséquences, localisées, sur l'accès à la fibre, la téléphonie fixe et la téléphonie mobile.(...) Je condamne avec la plus grande fermeté ces actes lâches et irresponsables », a-t-elle ajouté la secrétaire d'Etat.
Ces actes de malveillance ont affecté aussi bien des clients fixes que des clients mobiles de SFR, ainsi que les opérateurs étrangers empruntant ses réseaux (Vodafone, British telecom...), selon une autre source policière.
L'opérateur a tenu à en minimiser les perturbations, qui n'ont visé que son réseau longue distance.
« Côté client final chez SFR, il y a peu d'impact car le réseau longue distance, ce sont des grosses boucles et c'est rerouté quand il est coupé », a expliqué le groupe à l'AFP. « Ce matin (...) il n'y a que 10.000 clients fixes (impactés), ce qui est ridicule à l'échelle du réseau. »
« C'est du vandalisme. Ce sont des grosses sections de câbles qui ont été coupées. Il faut y aller à la hache ou à la disqueuse », a-t-on ajouté.
De son côté, l'Autorité de régulation des communications électroniques, l'Arcep, a dénoncé « des actes de vandalisme », précisant dans un communiqué que cinq départements et 11.000 clients sont touchés.
Les lignes de TGV réparées après des sabotages
Ces nouvelles actions interviennent quelques jours après les sabotages de plusieurs lignes de trains à grande vitesse qui avaient entraîné une grande pagaille dans les gares vendredi matin, quelques heures avant la cérémonie d'ouverture des JO.
Des câbles de fibre optique passant près des voies et garantissant la transmission d'informations de sécurité pour les conducteurs (feux rouges, aiguillages, etc.) avaient été coupés et incendiés sur différents postes d'aiguillage stratégiques à Courtalain (LGV Atlantique), Croisilles (LGV Nord) et Pagny-Sur-Moselle (LGV Est). Un acte de malveillance avait en revanche été déjoué sur la LGV Sud-Est, à Vergigny (Yonne), par des cheminots qui menaient des opérations d'entretien pendant la nuit.
Le sabotage a suscité une pagaille monstre dans les gares vendredi en plein pic de fréquentation pour les départs et retours de vacances estivales, et à quelques heures seulement de la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques à Paris.
« Tous les trains » du réseau de lignes à grande vitesse français circulent « normalement » ce lundi matin, trois jours après les actes de sabotage, a assuré le ministre délégué aux Transports, Patrice Vergriete.
Une opération « bien préparée », organisée par « une même structure »
Concernant les sabotages des lignes TGV, il s'agissait d'une opération « bien préparée », organisée par « une même structure », a indiqué une source proche de l'enquête, ouverte par le parquet de Paris.
Un message de soutien aux sabotages a été reçu samedi par plusieurs médias. Signé « une délégation inattendue », il justifie les actions et critique les Jeux olympiques en ayant recours à une dialectique utilisée par les militants de l'ultragauche anarchiste. Pour autant, aucun détail sur les actions menées n'est fourni. De sorte que, selon une source proche du dossier, « il ne s'agit pas d'une revendication à proprement parler ». « Rien de vraiment sérieux », selon une autre source.
Ce lundi, le ministre de l'Intérieur démissionnaire a insisté sur le fait que ces « sabotages étaient volontaires, très précis, extrêmement bien ciblés ». « C'est le mode traditionnel d'action de l'ultragauche », a poursuivi Gérald Darmanin. Comme on lui demandait si « les profils identifiés » étaient proches de l'ultragauche, il a répondu : « Il faut être prudent (...), la question est de savoir s'ils ont été manipulés ou est-ce que c'est pour leur propre compte ». « Ce sont des gens qui peuvent s'approcher de cette mouvance », a-t-il dit encore.
Un militant d'ultragauche interpellé sur un site SNCF
Dimanche, un militant de la mouvance de l'ultragauche a été interpellé sur un site de la SNCF à Oissel (Seine-Maritime), a appris l'AFP, ce lundi de source policière.
Dans la voiture de cet homme placé en garde à vue à Rouen, les enquêteurs ont découvert, selon la même source, « des clés d'accès à des locaux techniques de la SNCF », des « pinces coupantes », un « jeu de clés universelles ».
Mais cette interpellation est « sans rapport » avec l'enquête menée sur les sabotages de vendredi des lignes TGV, a toutefois indiqué une source proche du dossier.
Reste maintenant à savoir si les sabotages des lignes de fibre optique, qui ont eu lieu cette nuit, sont liés à ceux des lignes à grande vitesse de la SNCF.
(Avec agences)
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