Pourquoi le groupe Ouest-France croit en ses chances d'obtenir une fréquence TNT

L’Arcom a lancé un appel à candidatures pour le renouvellement en 2025 de quinze fréquences nationales de la TNT. Auditionné mardi par le gendarme des médias, le groupe breton de presse régionale, Ouest-France, fait partie des nouveaux entrants potentiels avec un projet de chaîne généraliste et gratuite, Ouest-France TV. Explications.
François-Xavier Lefranc, président du directoire d'Ouest-France.
François-Xavier Lefranc, président du directoire d'Ouest-France. (Crédits : Capture d'écran)

Porter un regard qui va « de la commune au monde ». Et une promesse éditoriale fondée sur la fidélité « aux valeurs humanistes et d'indépendance garanties par l'Association propriétaire de Ouest-France (ASPDH, à but non lucratif) ». Dans le cadre de la procédure de renouvellement de quinze fréquences nationales de la TNT en 2025, le groupe régional breton Ouest-France (560 millions de chiffre d'affaires), auditionné mardi par l'Arcom (l'Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique), a mis en avant son éthique et la force de sa charte déontologique.

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Éditeur du premier quotidien français, avec 628.391 exemplaires payants en 2023 (source ACPM), il fait partie des nouveaux entrants issus de la presse qui briguent une part du gâteau TV. Alors que plusieurs auditions, dont celles de LCI, BFM TV ou CNews, ont été dominées par les thèmes du pluralisme, des courants d'expression ou de l'indépendance éditoriale, le groupe basé à Rennes, mais diffusant sur le Grand Ouest, a souhaité marquer sa différence.

Une offre alternative pour les 25-49 ans vivant en dehors des centres-villes

Il n'a pas défendu la création d'une énième chaîne d'information dans un marché publicitaire saturé mais d'une chaîne généraliste gratuite et grand public, incarnant tous les territoires. Face aux autres projets jugés très parisiens, et concentrés, par les rachats successifs, aux mains des mêmes opérateurs, Ouest France TV (OFTV) veut raconter « ce que vivent les Français et porter un regard à la fois divertissant et ancré dans le réel ».

Prêt à démarrer au 1er septembre 2025, le groupe s'est positionné en lieu et place d'une chaîne de la TNT payante, avec une distribution sur tous les réseaux (IPTV, satellite, OTT).

« Ce projet singulier marque une étape ambitieuse et s'inscrit dans le prolongement d'un développement numérique soutenu du groupe, positionné parmi les leaders des médias d'actualité français », a considéré François-Xavier Lefranc, président du directoire d'Ouest-France, dont la plateforme numérique s'est hissée en 2023 dans le Top 3 des sites d'information selon les mois.

« OFTV sera une télévision nationale qui rendra compte de la France telle qu'on la vit, une télévision produite en région, proche des citoyens, de leurs préoccupations du quotidien », a-t-il ajouté en préambule.

Destinée à « raconter, divertir et partager », le projet se veut « fédérateur, accessible à tous, créateur de cohésion et acteur du renforcement du lien intergénérationnel ». Avec des programmes dans tous les genres  (JT d'information, magazines, divertissements, fiction, cinéma, sport), « sans voyeurisme ni sensationnel », OFTV cible en particulier les jeunes adultes de 15 à 49 ans, vivant en dehors des centres-villes et insuffisamment représentés.

Pool de banques partenaires, en dette et en prise de participation

Sur le plan éditorial, Ouest-France appuie l'organisation de son projet sur un maillage déjà existant. Fort de 1.640 collaborateurs, dont 780 journalistes de terrain, de la Normandie à la Vendée, et déjà présent dans l'audiovisuel à travers des radios (Hit West) et des participations dans des télés locales (TVRennes, TéléNantes, 20 Minutes TV), il prévoit de travailler via des partenariats avec les titres de la presse quotidienne régionale (groupe Rossel, Ebra, Sud-Ouest, La Dépêche), avec des journalistes extérieurs et des sociétés de production en région. En interne, l'équipe sera réduite et ne comptera pas plus de cinquante-huit personnes au départ, dont douze à la direction des contenus, y compris une rédaction en chef et un chef d'édition pour le JT.

Le modèle économique de OFTV repose sur la publicité et des recettes tirées du marché dit « Total vidéo » qui combine les inventaires linéaires et non linéaires. « Ce marché est structurellement en croissance et peut absorber des nouveaux entrants », juge Marine Morio, directrice marketing de la filiale Additi, citant le chiffre de 5,3 milliards d'euros en 2030. La commercialisation de la publicité sera confiée à une régie installée.

Ouest-France, qui compte soutenir les filières de la création française avec 400 heures de programmes inédits par an (10 heures par semaine), prévoit de sécuriser son financement avec « un pool de banques partenaires, en dette et en prise de participation minoritaire, ainsi qu'avec un club d'investisseurs des territoires ». « Sipa Ouest-France conservera le contrôle exclusif avec au moins 51% », a précisé Fabrice Bazard, le directeur général.

Ressources humaines et recettes pub interrogent l'Arcom

Façon de rassurer les membres de l'Arcom qui ont particulièrement interrogé les représentants d'Ouest-France tant sur la faisabilité éditoriale, avec l'absence d'équipe journalistique et rédactionnelle propre au média, que sur l'équation économique de son projet.

« Comment garantir une forme d'indépendance du média au milieu du groupe Ouest-France ? Comment assurer la maîtrise éditoriale, la véracité de l'info et le final cut avec une si petite équipe face à tant de partenaires ? », s'est ainsi interrogé Hervé Godechot.

Le membre du collège de l'Arcom s'est également montré dubitatif sur les recettes amenées et la projection d'Ouest-France de multiplier par 10 en quatre ans le produit d'exploitation TV et TV de rattrapage.

« On a du mal à comprendre où vous arrivez là où vous arrivez, sur les recettes publicitaires. La publicité numérique augmente assez fortement à horizon 2030 mais ça ne profite pas tant que cela aux médias traditionnels, notamment à la télévision et à ses services numériques », a-t-il fait remarquer. Ouest-France saura fin juillet si OFTV fait partie des chaînes retenues.

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Commentaires 5
à écrit le 17/07/2024 à 23:33
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"Pourquoi le groupe Ouest-France croit en ses chances d'obtenir une fréquence TNT" Encore un média de para-ponctionnaires sous perfusion du contribuable français pour matraquer la propagande bougeoise de gauche... Ces gens là ne peuvent pas s...

à écrit le 17/07/2024 à 21:47
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On est d'accord, est elle encore française ? À coup sûr, non ! On a pas ça en Angleterre, cette propagande indigeste que seule la France doit subir pour expier.

à écrit le 17/07/2024 à 10:12
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Ce sera encore un doublon de se que l’on voit et on entend tous les jours sur toutes les chaînes au nom du vivre ensemble et de l’accueil sans limite du monde entier et je ne parle de la propagande massive des minorités qu’elles soient sexuelles ou c...

le 18/07/2024 à 7:19
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Tu regardes la télé cubaine ? LOL ! ^^

à écrit le 17/07/2024 à 9:24
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Si c'est pour nous mettre la même daube que toutes les chaines télévision, si c'est pour entasser les mêmes propagandes de toutes sortes c'est inutile, merci. Notre télévision est NULLE.

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