Dans le viseur de l'UE, X (ex-Twitter) fait marche arrière sur son IA en Europe

Critiqué pour utiliser les données personnelles de ses utilisateurs européens pour entraîner son programme d'intelligence artificielle, le réseau social d'Elon Musk a mis fin à cette pratique, selon un communiqué de la Commission irlandaise pour la protection des données publié ce vendredi.
Le réseau social d'Elon Musk s'est servi des données personnelles de ses utilisateurs européens entre le 7 mai et le 1er août.
Le réseau social d'Elon Musk s'est servi des données personnelles de ses utilisateurs européens entre le 7 mai et le 1er août. (Crédits : Jonathan Ernst)

Elon Musk abdique face à l'Union européenne. Ce vendredi, la Commission irlandaise pour la protection des données (DPC) a annoncé que le réseau social X a suspendu son utilisation des données personnelles de ses utilisateurs européens pour entraîner son programme d'intelligence artificielle.

La DPC, qui agit au nom de l'Union européenne, « a salué l'accord trouvé avec X afin qu'il suspende son utilisation des données personnelles de (ses) utilisateurs européens (pour) entraîner son intelligence artificielle Grok », a indiqué l'organisation.

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Le réseau social d'Elon Musk s'est servi des données personnelles de ses utilisateurs européens entre le 7 mai et le 1er août, d'après la DPC qui a saisi la justice irlandaise pour violation des règles de l'UE en matière de protection des données (RGPD).

La DPC, qui travaille en collaboration avec les régulateurs européens, « continue à examiner dans quelle mesure le traitement de ces données est conforme au RGPD », a précisé Des Hogan, son président, cité dans le communiqué. « Nous continuerons de travailler avec la DPC à propos de Grok et d'autres sujets liés à l'intelligence artificielle, comme nous le faisons depuis l'année dernière », a de son côté déclaré le réseau social X dans une publication.

Une IA qui base ses recherches sur X

C'est en novembre 2023 que le milliardaire a décidé de créer un chatbot intégré à X (ex-Twitter) pour défendre ses idées ultra-conservatrices. Musk a de nombreuses fois affirmé, en effet, que les IA soutenues par les géants de la tech sont « idéologiques» et remplies de biais pour lui.

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Lors du lancement de Grok, les développeurs ont promis que l'assistant serait drôle, caustique, voire même rebelle. Mais surtout, qu'il ne verserait pas dans le « politiquement correct », une critique répétée d'Elon Musk contre ChatGPT. En outre, il irait chercher ses réponses sur X, afin d'avoir des informations en temps réel, malgré les doutes sur la qualité des informations présentes sur le réseau.

Disponible depuis mai en France, l'IA est donc connue pour son manque de transparence sur la collecte des données des utilisateurs de X.

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Huit plaintes en Europe

D'ailleurs, la plateforme est visée par des plaintes dans huit pays européens pour l'utilisation « illégale » de ces données, selon un communiqué de l'association Noyb.

X « n'a jamais informé ses utilisateurs de manière proactive que leurs données personnelles étaient utilisées pour entraîner l'IA », a écrit cette semaine l'ONG viennoise, bête noire des géants de la tech qui a déjà fait reculer Meta sur le même sujet en juin.

« Il semble que la plupart des gens aient découvert le nouveau paramètre par défaut grâce au message d'un utilisateur le 26 juillet », s'est indigné l'organisation, qui a demandé au régulateur européen une « procédure d'urgence ».

L'IA Act contre les dérives technologiques

L'intelligence artificielle de X pourrait ne pas en avoir fini avec les rappels à l'ordre de l'UE. Et pour cause, le 1er août, la nouvelle législation de l'Union européenne pour encadrer l'intelligence artificielle (IA) ou « IA Act » est entrée en vigueur. Un règlement dont l'objectif est de favoriser l'innovation en Europe tout en limitant les possibles dérives. Si, pour l'essentiel, cette législation s'appliquera réellement à partir de 2026, certaines dispositions deviendront contraignantes dès l'an prochain.

L'« IA Act » adopte une approche « fondée sur le risque » et impose aux différents systèmes d'intelligence artificielle des contraintes proportionnées aux dangers qu'ils représentent pour la société. Des règles spécifiques s'appliqueront aux IA génératives, comme ChatGPT d'Open AI, pour s'assurer de la qualité des données utilisées dans la mise au point des algorithmes et le respect des droits d'auteur. Les sons, images et textes générés artificiellement devront clairement être identifiés comme tels pour éviter des manipulations de l'opinion.

(Avec AFP)

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