Après la France, Amazon annonce un investissement massif dans le cloud en Allemagne pour s'imposer en Europe

Le géant du e-commerce et du numérique Amazon a annoncé mercredi 15 mai, qu’il allait investir près de 8 milliards d’euros en Allemagne, via sa filiale AWS spécialisée dans la technologie cloud. Objectif pour la firme : renforcer le développement d’un cloud européen alors que le Vieux Continent peine à développer une alternative aux systèmes américains.
Amazon Web Services (AWS) est la filiale d'Amazon spécialisée dans l'informatique dématérialisée (cloud).
Amazon Web Services (AWS) est la filiale d'Amazon spécialisée dans l'informatique dématérialisée (cloud). (Crédits : Benoit Tessier)

Après Singapour et la France, Amazon a jeté son dévolu sur l'Allemagne. Le géant du e-commerce et du numérique a annoncé qu'il allait investir 7,8 milliards d'euros outre-Rhin, d'ici 2040, via sa filiale spécialisée dans l'informatique dématérialisée (cloud) Amazon Web Services (AWS). Pour la firme américaine, il s'agit de soutenir le développement d'un cloud européen.

« Cet investissement renforce notre engagement à offrir à nos clients l'offre la plus poussée en termes de respect de la souveraineté, protection des données privées et l'ensemble des options de sécurité disponibles sur le cloud. Nous investissons fortement afin d'aider à fournir la souveraineté opérationnelle que nos clients demandent », a expliqué le vice-président de la branche cloud d'AWS, Max Peterson, dans un communiqué.

Des serveurs indépendants pour l'Europe

Le développement d'un « cloud européen » vise à installer sur le territoire de l'Union européenne des serveurs qui pourront accueillir les données sensibles des entreprises, services publics ou particuliers européens, en assurant qu'elles restent bien sous la législation - notamment concernant la protection des données dans l'UE -, plus stricte qu'aux Etats-Unis par exemple.

Selon AWS, ce cloud sera une structure de serveurs indépendante, pour l'Europe, « mise en place pour apporter plus de choix aux organisations du secteur public et industries très réglementées afin de répondre à leurs besoins en termes de souveraineté ». Il doit permettre aux clients d'AWS de répondre « à des exigences strictes en matière d'autonomie opérationnelle et de résidence des données au sein de l'UE, avec des infrastructures totalement locales, dans l'UE, et opérées indépendamment des autres régions ».

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La France n'est pas en reste

Si Amazon a choisi d'investir massivement en Allemagne, l'entreprise américaine n'en a pas pour autant oublié l'Hexagone. À la veille du 7e sommet Choose France qui s'est tenu, lundi 13 mai, au château de Versailles, l'Elysée avait, en effet, indiqué que la firme allait investir « plus de 1,2 milliard d'euros en France » dans ses infrastructures logistique et web avec, à la clef, la création de « plus de 3.000 emplois ». D'ici la fin de l'année, Amazon devrait ainsi compter pas moins de 24.000 salariés en France.

Dans le détail, ces investissements portés par AWS s'inscrivent dans le développement de l'intelligence artificielle (IA) générative ainsi que de l'infrastructure logistique de distribution de colis.

Un business cloud très rentable pour Amazon

Les profits d'Amazon ont triplé au premier trimestre 2024 par rapport à la même période l'an passé. Ils ont dépassé la barre des 10 milliards de dollars (10,4 milliards). Sur un an, le chiffre du groupe a fait un bond de 13% pour atteindre 143,3 milliards de dollars. De même, au second semestre, ses résultats ont dépassé ses propres attentes avec 134,4 milliards de dollars de chiffre d'affaires, soit une progression de 11% ainsi qu'un bénéfice net de 6,7 milliards.

Des bons résultats qui sont le fruit, en grande partie, de l'essor de la technologie cloud. La branche cloud de la firme américaine pèse de plus en plus lourd dans les résultats. Pour preuve, AWS affiche désormais un chiffre d'affaires annuel de 100 milliards de dollars. Au cours du dernier trimestre, ses revenus ont représenté 17 % du chiffre d'affaires total d'Amazon. Et son bénéfice opérationnel 61 % du bénéfice opérationnel total.

Le business cloud devrait encore prendre de l'ampleur dans les années à venir. Interrogé par La Tribune il y a quelques semaines, Julien Groues, directeur général France et Europe du Sud d'Amazon prédisait : « 65% des entreprises en France pensent que l'IA va modifier leur modèle économique. À terme, je pense que ce chiffre montera à 100%. ».

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L'Europe soutient le développement d'un cloud européen

De son côté, l'Europe ambitionne de développer son propre cloud. La question d'un cloud souverain est, en effet, considérée comme stratégiquement essentielle sur le Vieux Continent, où près de 80% du marché du cloud à destination des services publics est contrôlé par trois groupes américains, AWS, Google et Microsoft. Or, les Etats comme les entreprises hésitent à y héberger leurs données les plus sensibles, du fait des risques d'accès par des tiers, en particulier par les autorités américaines.

Mais les alternatives européennes peinent à se démarquer. La Commission européenne cherche toutefois à aider au développement d'entreprises européennes capables de développer des infrastructures de cloud, afin d'y héberger les données les plus sensibles. Fin 2023, elle a ainsi annoncé la mise en place d'une enveloppe de 1,2 milliard d'euros de financement public, dans le cadre d'un projet important d'intérêt européen commun (PIIEC), qui « devrait permettre de débloquer 1,4 milliard d'euros d'investissements privés supplémentaires » afin d'aller dans ce sens.

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Les PIIEC permettent à plusieurs Etats européens de se regrouper pour financer le développement d'une industrie dans un secteur considéré comme essentiel au niveau européen, tout en respectant les règles européennes en matière de subvention des entreprises. Celui consacré au cloud regroupe l'Allemagne, l'Espagne, la France, la Hongrie, l'Italie, les Pays-Bas et la Pologne, ainsi que 19 entreprises, dont les opérateurs Orange et Telefonica, le conglomérat Siemens, ainsi que Capgemini, OVH ou Atos.

(Avec AFP)

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Commentaires 3
à écrit le 21/05/2024 à 17:40
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Amazon : sans le Cloud les autres activités seraient en faillite car absolument non rentables. Les investisseurs ne s'y trompent pas qui valorisent la société à la baisse relative, déjà pourtant surévaluée, au double de son chiffre d'affaires. Quant ...

à écrit le 16/05/2024 à 14:35
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Quels sont les projets d'investissement sur lesquels le gouvernement fonde de grands espoirs ? Quelles sont les entreprises qui seront soutenues par le gouvernement ? Cliquez sur le lien pour m'ajouter. Je vous indiquerai les meilleurs produits d'inv...

à écrit le 16/05/2024 à 10:46
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Sauf qu'en Allemagne les investissements sont plus colossaux et surtout se font sans aucun bruit!!! Cet investissemnt ne figure sur la UNE d'aucun journal en Allemagne. En France oü on manque de modestie, on crie fort au moindre investissemnt VICTOI...

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