Amazon, IBM, Pfizer, AstraZeneca... Gros investissements en vue dans l'IA et la pharmacie lors du sommet Choose France

Le gouvernement a levé le voile dimanche sur plusieurs annonces attendues autour d'Emmanuel Macron lors du 7e sommet Choose France, lundi au château de Versailles, destiné à promouvoir les investissements étrangers. Au total, 56 projets et plus de 15 milliards d'euros d'investissements seront dévoilés a annoncé l'Elysée lundi.
Emmanuel Macron lors de la précédente édition de Choose France.
Emmanuel Macron lors de la précédente édition de Choose France. (Crédits : Reuters)

Alors qu'un nombre devrait d'investissements étrangers record est attendu ce lundi lors du 7e sommet Choose France destiné à promouvoir les investissements étrangers en France, le gouvernement a levé le voile dimanche sur plusieurs annonces qui concernent en particulier « des secteurs extrêmement stratégiques », selon l'Elysée, comme la santé, la décarbonation, l'intelligence artificielle, mais aussi le secteur bancaire et diverses autres industries (engrais, nickel, aviation, robots ménagers, chimie).

Ce dimanche, l'Elysée a annoncé que le géant américain du e-commerce Amazon va investir « plus de 1,2 milliard d'euros en France » dans ses infrastructures logistique et web, avec la création de « plus de 3.000 emplois ». Ces nouveaux investissements portent sur le développement de l'infrastructure cloud d'Amazon Web Services (AWS), surtout pour le domaine de l'intelligence artificielle (IA) générative ainsi que sur l'infrastructure logistique de distribution de colis. Le géant américain avait précédemment annoncé 2.000 créations de postes en 2024, pour atteindre 24.000 salariés en CDI dans le pays d'ici à la fin de l'année, notamment dans ses centres logistiques.

Dans le même secteur, le groupe américain IBM doit annoncer 45 millions d'euros d'investissements dans l'informatique quantique (informatique super-puissante) et une cinquantaine d'embauches d'ici à 2025 sur son site de Paris-Saclay, selon une source proche du dossier.

Gros investissements dans la santé

Du côté de la santé, les deux géants de la pharmacie, l'américain Pfizer et le britannique AstraZeneca, ont annoncé dimanche s'engager à investir plusieurs centaines de millions d'euros supplémentaires dans la santé en France. Le laboratoire Pfizer indique dans un communiqué prévoir 500 millions d'euros d'investissement sur cinq ans pour développer les collaborations en matière de recherche et augmenter les essais cliniques dans les thérapies anticancéreuses et l'hématologie.

« Notre intention est de significativement accroître la part des sites français dans nos études cliniques internationales majeures en cancérologie », déclare Reda Guiha, président de Pfizer en France, cité dans le communiqué.

Cet investissement supplémentaire doit aussi permettre « d'accélérer l'accès des patients aux innovations thérapeutiques, notamment pour traiter la drépanocytose, la forme la plus fréquente d'une maladie héréditaire du sang, et le myélome multiple, le type de tumeur plasmocytaire le plus courant », ajoute-t-il.

Connu pour son vaccin contre le Covid-19 en collaboration avec la société de biotechnologie allemande BioNTech, le groupe veut également « poursuivre ses investissements dans la fabrication de produits pharmaceutiques en France ». Lors des précédentes éditions de Choose France, Pfizer s'était engagé à investir plus d'un milliard d'euros (520 millions sur cinq ans annoncés en 2022 et 500 millions sur quatre ans annoncés en 2023). A ce jour, plus des trois-quarts de ce montant, soit « plus de 730 millions d'euros ont déjà été alloués à des projets » de R&D, d'essais cliniques et de production pharmaceutique en France, souligne le groupe, qui ne détient pas d'usine en propre dans l'Hexagone. Pfizer, qui emploie 1.000 personnes en France, dit consacrer environ 40% de ses investissements en R&D à l'oncologie.

De son côté, AstraZeneca a annoncé un nouvel investissement de 388 millions de dollars (plus de 360 millions d'euros) pour développer et rendre plus « vert » l'ensemble de la production sur son site de Dunkerque (Nord) dédié aux maladies respiratoires.

« Ce nouvel investissement sera notamment dédié à la création de deux nouvelles lignes d'assemblage et d'emballage » ainsi que « de nouveaux bâtiments », avec à la clé « une centaine d'emplois », détaille le groupe dans un communiqué.

Il porte à « plus de 2,2 milliards de dollars » (plus de 2 milliards d'euros) les investissements engagés en France depuis 2020, selon le laboratoire qui compte plus de 2.000 employés sur le territoire.

Engrais azotés

Ces investissements s'ajoutent à ceux annoncés par Roland Lescure, le ministre de l'industrie et de l'énergie dans la Tribune Dimanche. Notamment celui du consortium européen FertigHy qui va annoncer envisager d'investir 1,3 milliard d'euros d'investissement pour une usine dans la Somme, à Languevoisin. L'usine produirait des engrais azotés sans utiliser de gaz naturel, qui est l'ingrédient historique. De l'hydrogène extrait de l'eau dans un électrolyseur permettra de remplacer un gaz que les Européens importaient autrefois largement de Russie.

Lire aussi« Choose France n'a jamais autant attiré de patrons ! » (Roland Lescure, ministre délégué de l'Industrie et de l'Energie)

Le projet, dont la décision finale d'investissement est attendue fin 2026, est une « feuille de route pour la souveraineté européenne », a dit à l'AFP Jose Antonio de las Heras Alonso, directeur général de FertigHy. Roland Lescure a également annoncé la décision du groupe chimique belge Solvay de reconvertir son usine de La Rochelle pour « lancer prochainement la première phase d'une unité de production à grande échelle de terres rares », lesquelles sont indispensables aux moteurs des voitures électriques. L'investissement pourrait à terme atteindre 100 millions d'euros, selon lui. Le ministre a également annoncé l'investissement de l'entreprise allemande, Vorwerk, qui produit les célèbres robots de cuisine Thermomix. Installée en France depuis les années 1960, elle va investir 72 millions d'euros en Eure-et-Loir avec à la clé 50 emplois créés.

Nouvelle vie pour Blanquefort

Le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, a annoncé de son côté la création d'une usine de raffinage de nickel sur les communes de Blanquefort/Parempuyre (Nouvelle Aquitaine) par l'entreprise KL1 basée en Suisse. Le site de Blanquefort, « avait été très marqué par la fermeture de Ford », a rappelé le ministre lors d'une communication téléphonique avec la presse. Montant de l'investissement : 300 millions d'euros, pour 200 emplois, selon lui. Le début de l'activité est prévu en 2027.

« Avec cet investissement la France sera en mesure d'avoir l'intégralité de la chaîne de valeur du véhicule électrique : mine, raffinage, cathodes, batterie, véhicule électrique », a-t-il assuré.

Bruno Le Maire a également annoncé une future usine aéronautique avec la société allemande Lilium « dans un site qui reste à déterminer mais qui sera en Nouvelle Aquitaine, pour produire un avion régional électrique et le reconditionnement des batteries de cet avion régional électrique ».

« L'investissement se monte à 400 millions d'euros, représente 850 emplois et l'entrée en service de l'usine est prévue en 2026 », a-t-il poursuivi. Lilium développe en Allemagne des appareils à décollage et atterrissage verticaux.

Le spécialiste allemand des équipements électriques Hager, déjà implanté à Obernai et Bischwiller (Bas-Rhin), va de son côté investir « plusieurs dizaines de millions d'euros » en France, a par ailleurs indiqué vendredi une source proche du dossier à l'AFP, confirmant une information du Monde.

Enfin, Bruno Le Maire a annoncé que la banque américaine Morgan Stanley, passée en trois ans de 150 à 400 salariés en France, accueillerait son nouveau campus européen à Paris (100 emplois supplémentaires).

La First Abu Dhabi Bank, principale banque émiratie, et la Zenith Bank, banque nigériane devenue l'une des principales banques panafricaines, vont s'installer à Paris, selon la même source.

« Ce qui est intéressant c'est de voir la confirmation des investissements anglo-saxons mais aussi le déploiement des investisseurs financiers en dehors de pays anglo-saxons », a estimé Bruno Le Maire qui déjeunera lundi avec les représentants de grandes banques internationales.

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Quelque 180 patrons étrangers attendus

Le sommet se tient alors que la France vient d'être désignée pour la cinquième année de suite pays le plus attractif d'Europe par le cabinet EY, devant le Royaume-Uni et l'Allemagne, avec 1.194 annonces de projets d'investissements étrangers en 2023, représentant 39.773 créations d'emplois. Cette année, quelque 180 patrons étrangers sont attendus, le maximum possible « pour garder à l'événement une taille raisonnable » et leur permettre de rencontrer chacun au moins un ministre français.

Parmi eux figurent les dirigeants d'ArcelorMittal, JP Morgan, Bank of America, Goldman Sachs, Coca-Cola, ou encore AstraZeneca et Novartis dans le domaine de la pharmacie, Envision, JD et Air Products dans le domaine industriel, et les dirigeants des fonds souverains saoudien ou qatari. Une soixantaine de patrons français seront là également.

L'an dernier, Choose France avait déjà marqué un record avec 28 projets annoncés pour un total de 13 milliards d'euros. Le montant des annonces de cette édition s'élève à 15 milliards d'euros.

Un tiers des patrons étrangers invités viennent pour la première fois à Choose France, a souligné l'Élysée, et plus de la moitié sont non européens : 20% sont nord-américains et 20% asiatiques, notamment.

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« France, terre de champions »

Le thème de l'année est « France, terre de champions », une allusion aux Jeux olympiques et paralympiques de l'été. La cérémonie d'ouverture sera présentée aux participants, avec un discours du président du comité d'organisation Tony Estanguet.

Lundi matin, Emmanuel Macron effectuera un déplacement sur le terrain « pour mettre en valeur un projet emblématique » du sommet. Celui-ci débutera par un déjeuner présidé par le Premier ministre Gabriel Attal, une première, « pour montrer que tout le gouvernement est à la manœuvre en matière d'attractivité », a souligné l'Élysée. Le commissaire européen au marché intérieur, l'ancien ministre des Finances Thierry Breton, y participera.

Emmanuel Macron arrivera ensuite et présidera deux tables rondes sectorielles, l'une sur la décarbonation, l'autre sur les sujets d'intelligence artificielle et de quantique. Il aura ensuite des entretiens bilatéraux avec des patrons, avant de clôturer une table ronde franco-indienne. Il s'exprimera aussi devant l'ensemble des patrons, avec séance de questions-réponses, avant un dîner dans la prestigieuse galerie des Glaces.

Choose France : 122 projets d'investissements annoncés en six ans

Depuis le premier des sommets Choose France en 2018, destinés à attirer les investissements industriels étrangers en France, 122 projets ont été annoncés pour un cumul de 31,9 milliards d'euros portant surtout sur des extensions de sites déjà existants, selon une compilation du magazine l'Usine Nouvelle vendredi. Au final, 27 projets concernent exclusivement l'implantation de nouvelles usines ou nouveaux centres de recherche et développement, selon les décomptes du magazine.

Tous ne sont pas sortis de terre. Mais les abandons sont rares selon le magazine qui en relève deux : en 2018, le groupe américain Del Monte avait annoncé l'implantation d'une usine de découpe de fruits frais dans la Somme qui a finalement été abandonnée. En Normandie, le groupe coréen SPC qui ambitionnait de produire des viennoiseries n'a pas donné non plus suite.

Dans le numérique, beaucoup de projets annoncés sont opérationnels : Google a inauguré en février son centre de recherche parisien sur l'intelligence artificielle, Snap a un studio de réalité augmentée au sein de Station F, annoncé en 2021 et le centre d'expertise d'Accenture à Brest compte une centaine de salariés.

Le spécialiste de l'e-commerce Zalando a pris possession d'une plate-forme logistique en Seine-et-Marne qui devrait employer 2.000 personnes à terme.

L'Usine Nouvelle relève par ailleurs des remises en cause environnementales : le projet de giga-ferme de saumons Pure Salmon, détenu par le fonds singapourien 8F Asset management, initialement annoncé à Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais), très consommateur en eau, s'est déplacé dans l'estuaire de Gironde (275 millions d'euros d'investissement, 250 emplois) mais il a pris deux ans de retard et fait face à l'opposition d'associations environnementales.

Plusieurs industriels sont en phase de concertation environnementale et demandes de permis de construire, et attendent les autorisations administratives pour leur décision finale d'investissement.

L'installation d'une usine de plastique PET à partir de déchets entièrement recyclés portée par Suez, le canadien Loop industries et le sud-coréen SK Geo Centric, initialement prévue pour 2025 en Normandie, doit finalement ouvrir en 2027 et à Saint-Avold (Moselle).

Le projet géant de recyclage du plastique par le chimiste américain Eastman à Port-Jérôme (Seine Maritime), annoncé pour 2026, n'a sécurisé que 70% de son approvisionnement en déchets PET en France, Allemagne, Espagne et Italie, relève le journal qui s'inquiète par ailleurs pour l'avancement du projet d'usine de puces électroniques annoncé en 2022 par STMicroelectronics et GlobalFoundries à Crolles (Isère). Son coût d'investissement a été relevé de 5,7 milliards à 7,5 milliards d'euros.

Commentaires 5
à écrit le 13/05/2024 à 6:49
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Quoique l'on fasse dans ce pays, les pleureuses sont toujours de sortie, pleureuses qui elles ne s'étalent pas sur ce qu'elles ont fait pour la France

le 15/05/2024 à 16:52
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"les pleureuses sont toujours de sortie" Féminiser une insulte en dit bien plus sur celui qui insulte que sur ceux qui sont insultés :-)

à écrit le 13/05/2024 à 6:23
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Je suis toujours méfiant des grandes envolées lyriques du Président. Tout d'abord il y a toujours un décalage entre l'annonce et la réalité. Autre point même si cela est devenu la règle mondiale à combien vont d'élever les aides de l'état sans oublie...

à écrit le 12/05/2024 à 21:04
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Il faudrait savoir ce que deviennent ces investissements, annoncés à grands coups de trompettes. Et savoir ce qui a été réellement réalisés....

à écrit le 12/05/2024 à 19:06
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