Nucléaire : Atos sur le point de céder sa filiale stratégique Worldgrid au groupe français Alten

Mardi soir, l'ex-fleuron français de l'informatique a annoncé être entré en négociations exclusives avec Alten pour la vente de Worldgrid, sa filiale hautement critique qui conçoit les systèmes de pilotage des centrales nucléaires, notamment celles gérées par EDF.
Le conseil d'administration du groupe informatique français a choisi, mardi, l'offre de reprise du consortium mené par Onepoint, son principal actionnaire, au détriment de celle du milliardaire tchèque Daniel Kretinsky.
Le conseil d'administration du groupe informatique français a choisi, mardi, l'offre de reprise du consortium mené par Onepoint, son principal actionnaire, au détriment de celle du milliardaire tchèque Daniel Kretinsky. (Crédits : Stephane Mahe)

Les grandes manœuvres se poursuivent chez l'ex-fleuron français de l'informatique, lourdement endetté. Atos a en effet annoncé, mardi soir, être entré en négociations exclusives avec le groupe Alten pour la vente de Worldgrid, sa filiale hautement critique qui conçoit les systèmes de pilotage des centrales nucléaires (notamment pour EDF). Celle-ci opère en France, au Royaume-Uni, en Russie et en Chine (15 % du parc mondial).

Pour rappel, quelques heures auparavant le groupe informatique a choisi l'offre de reprise du consortium mené par Onepoint, son principal actionnaire, dirigé par David Layani.

270 millions d'euros de valeur d'entreprise

Les négociations exclusives entre Atos et le groupe d'ingénierie français Alten, entamées mardi soir, concernent la vente de Worldgrid « pour une valeur d'entreprise engageante de 270 millions d'euros », précise le communiqué d'Atos, ce qui représente 1,6 fois son dernier chiffre d'affaires.

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Cette opération devrait être finalisée avant la fin 2024, et « permettrait d'approfondir nos relations avec nos clients stratégiques, en particulier dans le nucléaire, en leur offrant une palette inégalée de services à valeur ajoutée », a par ailleurs souligné le patron d'Alten Simon Azoulay, cité dans le communiqué.

La société Worldgrid emploie près de 1.100 employés et a généré en 2023 un chiffre d'affaires d'environ 170 millions d'euros. Son repreneur Alten compte de son côté 57.000 collaborateurs, et a réalisé 4 milliards d'euros de chiffre d'affaires l'année dernière.

« Sanctuariser » les actifs ultrasensibles

« Nous ferons tout pour sanctuariser la partie des actifs dits ultrasensibles, mais nous serons très vigilants à ce qu'ils ne soient pas bradés », a commenté l'homme d'affaires aux Echos, à propos de cette négociation.

Au quotidien économique, David Layani a aussi estimé qu'il était prêt à céder ce « très bel actif » à « EDF ou ses partenaires », « si c'est la solution pour maintenir la sécurité industrielle des systèmes du parc nucléaire ».

Une surprise

Avant la dissolution de l'Assemblée nationale, l'État français, par le biais du ministère de l'Economie, avait répété son intention d'acquérir les activités d'Atos jugées « stratégiques », afin qu'elles ne tombent pas entre les mains d'acteurs étrangers.

Le fait qu'EDF n'ait pas été choisi comme repreneur direct de Worldgrid est, pour de nombreux observateurs des négociations, une surprise. Par ailleurs, Assystem, société française spécialiste du nucléaire, connue pour être très proche d'EDF, n'a pas non plus été choisie.

Le repreneur définitif enfin choisi

Mardi, le conseil d'administration du groupe informatique français a choisi l'offre de reprise du consortium mené par Onepoint, son principal actionnaire, au détriment de celle du milliardaire tchèque Daniel Kretinsky.

« Atos travaillera avec le consortium Onepoint pour parvenir à un accord définitif de restructuration financière qui sera ensuite mis en œuvre par le biais d'une procédure accélérée dédiée d'ici juillet 2024 », a indiqué dans un communiqué le groupe informatique.

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En concurrence avec celle d'EPEI (de l'homme d'affaires tchèque Daniel Kretinsky), allié au fonds Attestor, l'offre menée par David Layani, patron de Onepoint, allié à l'homme d'affaires Walter Butler, la société Econocom et des créanciers, a finalement remporté son bras de fer après une intense bataille en coulisses. L'offre de ce groupe d'actionnaires prévoit, notamment, un effacement de la dette du groupe à hauteur de 2,9 milliards d'euros, à convertir en fonds propres.

A la suite de cette annonce, à la Bourse de Paris hier, le titre d'Atos a chuté de plus de 15%, son action clôturant à 0,97 euro. Une réaction au fait que l'opération doit entraîner une « dilution massive » pour les actionnaires existants, qui détiendraient « moins de 0,1% du capital social », selon l'entreprise.

(Avec AFP)

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Commentaire 1
à écrit le 12/06/2024 à 10:44
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Heureusement que Bruno LeMaire ait été si cavalièrement congédié par le Maître des Horloges, il aura ainsi une couleuvre de moins à avaler ! Que va t il faire de ses temps " libérés " ? écrire enfin de bons contes coquins à la façon de Crébillon ou ...

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