Qui est Cohere, l'outsider de l'IA qui vient de lever 500 millions de dollars ?

Bien moins connue du grand public que ses rivaux OpenAI, Anthropic ou même le français Mistral, l'entreprise canadienne mise sur une stratégie différente en matière d'intelligence artificielle générative : privilégier des applications précises directement déployables en entreprise. Son dernier tour de table porte sa valorisation à 5,5 milliards de dollars.
(Crédits : Piaras Ó Mídheach via Wikimedia Commons)

Pas de chatbot capable d'écrire des poèmes ni d'assistant vocal à la voix quasi humaine. Contrairement à ses concurrents, Cohere n'essaie pas de briller grâce à des applications grand public de l'intelligence artificielle générative. Ce qui ne l'empêche pas de lever, elle aussi, des sommes considérables (bien que nettement inférieures aux 6 milliards levés par Xai, l'entreprise d'Elon Musk, en mai dernier). La jeune pousse canadienne, créée en 2019, vient d'annoncer un tour de table de 500 millions de dollars, portant sa valorisation à 5,5 milliards de dollars. Soit plus du double de l'an dernier, date de sa précédente levée de fonds. Parmi les investisseurs : Cisco, le fabricant de semi-conducteurs AMD, le japonais Fujitsu, le fonds de pension canadien PSP Investments, mais aussi Nvidia et Salesforce.

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Une carte à jouer à l'heure de l'âge de raison de l'IA

À l'heure où l'IA générative traverse son âge de raison - l'excitation des débuts a laissé place à des discours moins exaltés, mais plus concrets - Cohere pourrait avoir une carte à jouer. Ses modèles sont essentiellement dédiés aux entreprises. Ses IA se veulent « précises et axées sur la confidentialité des données », a déclaré Josh Gartner, responsable de la communication de l'entreprise, à TechCrunch. Ses produits se concentrent en effet sur des tâches spécifiques : résumer des documents (pour son modèle Command), améliorer les résultats d'un moteur de recherche (avec son modèle Rerank), ou créer des chatbots de service après-vente (avec Embed). Moins enchanteurs que des chatbots vocaux capables de chanter, mais certainement plus utiles.

Le canadien a déjà noué des partenariats avec plusieurs grandes entreprises : Fujitsu, Accenture, Salesforce ou encore Oracle. La startup basée à Toronto se distingue aussi par sa compatibilité avec différentes plateformes cloud : Google Cloud, AWS, Oracle et Microsoft Azure.

Cohere se targue par ailleurs d'avoir au sein de son équipe fondatrice Aidan Gomez, PDG de la startup, et auteur de l'article scientifique « Attention Is All You Need » en 2017, à l'origine des Transformers, ces très grands modèles qui ont forgé la nouvelle vague de l'intelligence artificielle dite générative.

Mais côté chiffre d'affaires, Cohere peine à rattraper ses (très) grands frères américains. Bloomberg estime que la startup devrait réaliser 35 millions de dollars de chiffre d'affaires en 2024, contre 13 millions de dollars en 2023. Cela reste bien en deçà des revenus estimés d'Anthropic (850 millions de dollars en 2024 selon The Information) ou d'OpenAI (1,6 milliard de dollars en 2023 selon le même média, et 5 milliards de dollars estimés en 2024).

Pas de chatbot grand public, moins de coût de calcul

Cohere tient à se distinguer de Meta, OpenAI et Anthropic - une comparaison trompeuse selon Aidan Gomez dans une interview pour Fortune - car, contrairement à ces acteurs, elle ne possède pas de chatbot grand public. Ce qui la prive d'une source de revenu potentielle, mais c'est aussi un service très gourmand en termes de coût de calcul. Elle propose par ailleurs aux entreprises de faire tourner directement les modèles sur leur propre infrastructure cloud, en mode « logiciel en tant que service » (SaaS), ce qui permet de ne pas supporter les charges de calcul et donc de réaliser des marges plus importantes, avance Aidan Gomez.

Cohere n'est pas tout à fait seule sur le créneau de l'IA à usage professionnel. Privilégier des applications spécifiques de l'IA générative, c'est aussi la voie choisie par l'allemand DeepL. « Nous ne craignons pas ChatGPT et consorts, car nous développons des IA spécifiques pour les entreprises », avait déclaré en mai son PDG Jaroslaw Kutylowski à La Tribune. Celui-ci évoquait « une forme de prise de conscience » après l'avalanche de prototypes et d'expérimentations en 2023. Chaque entreprise avait alors essayé ChatGPT, mais les retours d'expérience n'ont pas été à la hauteur des espoirs, estime-t-il. « Désormais, les entreprises tendent à se concentrer davantage sur des cas d'utilisation plus spécifiques de l'IA. » Le fameux âge de raison.

Lire aussi« Nous ne craignons pas ChatGPT et consorts, car nous développons des IA pour les entreprises » (Jaroslaw Kutylowski, DeepL)

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Commentaires 3
à écrit le 24/07/2024 à 6:50
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Bonsoir, la concurrence améliore la qualité et permet d'éviter une conception monopolistique

à écrit le 24/07/2024 à 6:50
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Bonsoir, la concurrence améliore la qualité et permet d'éviter une conception monopolistique

à écrit le 24/07/2024 à 6:49
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Bonsoir, la concurrence améliore la qualité et permet d'éviter une conception monopolistique

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