Données personnelles et IA : Meta visé par une enquête ouverte par le parquet espagnol

Le parquet espagnol dit avoir reçu massivement des messages d'utilisateurs de Facebook et d'Instagram « les avertissant que les informations partagées dans leurs produits et services (. ..) allaient être utilisées par la société Meta pour développer et améliorer l'IA » du géant américain.
Meta a reçu des plaintes dans onze pays européens en raison de l'utilisation de données personnelles pour développer son activité d'IA générative dans l'UE.
Meta a reçu des plaintes dans onze pays européens en raison de l'utilisation de données personnelles pour développer son activité d'IA générative dans l'UE. (Crédits : YVES HERMAN)

Meta est dans le viseur de la justice en Espagne. Le parquet espagnol a annoncé jeudi l'ouverture d'une enquête sur la société mère de Facebook et Instagram. Objectif ? Déterminer si l'utilisation de données pour son activité d'intelligence artificielle (IA) générative viole la protection des données.

Le Parquet du Tribunal Nacional a annoncé dans un communiqué avoir pris cette décision en raison de la « réception massive » de messages d'utilisateurs de Facebook et d'Instagram « les avertissant que les informations partagées dans leurs produits et services (. ..) allaient être utilisées par la société Meta pour développer et améliorer l'IA de Meta ».

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Le ministère public veille à ce que la justice agisse « dans la défense du droit fondamental des citoyens à la protection des données personnelles ». Il a ajouté dans le communiqué qu'il demanderait à l'agence espagnole de protection des données un rapport sur d'éventuelles « mesures d'enquête administrative » contre Meta.

Des plaintes dans onze pays européens

Meta avait annoncé mi-juin suspendre l'utilisation des données des utilisateurs pour développer son activité d'intelligence artificielle générative dans l'Union européenne, après avoir reçu des plaintes dans onze pays européens.

« Meta suspend son projet d'entraînement de son modèle de langage étendu à l'aide de contenus publics partagés par des adultes sur Facebook et Instagram dans l'UE/EEE », avait annoncé la Commission irlandaise pour la protection des données (DPC), agissant au nom de l'Union européenne (UE).

Meta, qui n'était pas joignable dans l'immédiat, était visé depuis la semaine précédente par l'association autrichienne Noyb, bête noire des géants de la tech. Elle avait demandé aux autorités d'intervenir « en urgence » pour empêcher la mise en œuvre de cette nouvelle politique de confidentialité, prévue le 26 juin.

Si certaines données publiques sont déjà utilisées pour entraîner les modèles d'IA générative, Meta voulait, selon l'association autrichienne, aller plus loin et « carrément prendre » l'ensemble des données de ses milliards d'utilisateurs collectées depuis 2007.

Le Brésil menace Meta de sanctions

Cette nouvelle politique de Meta a suscité de vives réactions dans d'autres parties du monde. Mardi, l'autorité brésilienne de protection des données a exigé que Meta suspende l'utilisation de données personnelles d'usagers de ses plateformes pour entraîner des modèles d'intelligence artificielle. L'Autorité nationale de protection des données (ANPD) a averti que Meta se verrait infliger une amende de 50.000 réais (environ 8.200 euros) par jour si elle ne respectait pas cette « mesure préventive ».

Le Brésil est un marché majeur pour l'entreprise. Dans le plus grand pays d'Amérique latine, quelque 109 millions de personnes ont un compte actif sur Facebook et 113 millions sur Instagram, selon le cabinet d'analyse de marché Statista.

L'ANPD exige « la suspension immédiate au Brésil » des aspects de « la nouvelle politique de confidentialité de l'entreprise concernant l'usage de données personnelles pour l'entraînement de systèmes d'IA générative », selon un texte publié mardi au Journal officiel.

« Risque imminent de dommages graves et irréparables »

L'organisme de régulation brésilien considère que les nouvelles conditions de la politique de confidentialité de Meta, entrées en vigueur le 26 juin, présentent un « risque imminent de dommages graves et irréparables ou difficilement réparables des droits fondamentaux » des usagers de ses plateformes. Il a par ailleurs critiqué le manque d'informations « adéquates » sur les « possibles conséquences » de l'utilisation de données personnelles pour développer l'IA.

« Nous sommes déçus par la décision » des autorités brésiliennes, a affirmé un porte-parole de Meta dans un communiqué envoyé à l'AFP. Arguant ne pas être la seule à avoir mis en place de telles pratiques, l'entreprise américaine assure être « plus transparente que beaucoup d'autres acteurs de ce secteur qui ont utilisé du contenu public pour entraîner leurs modèles et leurs produits ». « Il s'agit d'un recul pour l'innovation et la compétitivité du développement de l'IA, et cela retarde l'arrivée des avantages de l'IA pour (les usagers) au Brésil », a ajouté Meta.

(Avec AFP)

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Commentaire 1
à écrit le 06/07/2024 à 7:10
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Et nous avons madame Van Layen qui trône à la tête de l'UE... dommage que ce harcèlement ne concerne pas la si vieille et corrompue économie de l'UE. Cette cabale anti GAFAM est aussi vulgaire que ridicule, ça pue la défaite, nos dirigeants sont faib...

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