Data centers : investissement colossal de Microsoft en France

Par latribune.fr  |   |  1011  mots
Le géant américain s'engage également à fonctionner à 100% en énergies renouvelables, y compris dans ses data centers, d'ici à 2025. (Crédits : Bruna Casas)
Microsoft va investir 4 milliards d'euros dans le développement de data centers en France pour renforcer son infrastructure dans l'intelligence artificielle (IA) et le cloud, a annoncé le géant américain de l'informatique avant le sommet Choose France lundi.

C'est l'investissement phare du 7e sommet Choose France qui se déroule ce lundi au château de Versailles, destiné à promouvoir les investissements étrangers. Dimanche soir, le géant de la tech américaine Microsoft a annoncé un investissement de 4 milliards d'euros dans des data centers en France. Soit environ un quart du montant total des  investissements de cette édition (15 milliards d'euros).

Un nouveau site doit être créé dans l'est de la France, près de Mulhouse, tandis que les sites existants, en région parisienne et près de Marseille, seront étendus. Objectif : renforcer son infrastructure dans l'intelligence artificielle (IA) et le cloud.

« Il s'agit de l'investissement le plus important que nous ayons jamais réalisé » en France, a précisé son président Brad Smith dans un entretien à l'AFP, et l'un des plus importants à l'étranger pour l'entreprise américaine dans l'IA ces derniers mois, domaine dans lequel elle investit massivement. Présent en France depuis 1983, Microsoft y emploie plus de 2.100 personnes.

100% énergies renouvelables

Ces bâtiments spécialisés renferment les serveurs informatiques indispensables au bon fonctionnement des technologies du cloud et de l'IA, très gourmandes en énergie. Ils seront dotés de processeurs de dernière génération avec une capacité allant jusqu'à 25.000 GPU, afin d'alimenter les services de cloud et d'intelligence artificielle de l'Hexagone. Le géant américain s'engage également à fonctionner à 100% en énergies renouvelables, y compris dans ses data centers, d'ici 2025.

S'il souligne que la France est déjà un acteur majeur de l'intelligence artificielle, Brad Smith estime que « ce dont la France a besoin, c'est d'infrastructures ».

« Cela va permettre aux entreprises locales de l'utiliser pour entraîner leurs modèles en France », a-t-il détaillé, précisant que Microsoft n'utiliserait pas ces données pour entraîner ses propres modèles.

Microsoft souhaite également former près d'un million de personnes en France aux métiers de l'IA d'ici fin 2027, via différents programmes de formations et des partenariats, et apporter son soutien à plus de 2.500 startups sur la même période.

Avec ces annonces, Microsoft consolide encore davantage sa présence en France, où le fabricant de Windows avait annoncé en février investir près de 15 millions d'euros dans la startup d'IA française Mistral, pépite de son secteur.

Ces derniers mois, l'entreprise créée en 1975 par Bill Gates et Paul Allen a multiplié les annonces d'investissements dans l'IA à l'étranger, dont 3,4 milliards de dollars en Allemagne, 2,1 milliards en Espagne ou encore 2,9 milliards au Japon.

Ces annonces s'inscrivent dans la liste des investissements qui se profile dans la tech. Le géant américain du e-commerce Amazon va investir « plus de 1,2 milliard d'euros en France » à la fois dans les centres de données de son activité de « cloud », notamment pour l'intelligence artificielle (IA) générative, et dans ses entrepôts logistiques, avec la création de « plus de 3.000 emplois », a assuré dimanche l'Elysée.

Ces nouveaux investissements portent sur le développement de l'infrastructure cloud d'Amazon Web Services (AWS), surtout pour le domaine de l'intelligence artificielle (IA) générative ainsi que sur l'infrastructure logistique de distribution de colis. Le géant américain avait précédemment annoncé 2.000 créations de postes en 2024, pour atteindre 24.000 salariés en CDI dans le pays d'ici à la fin de l'année, notamment dans ses centres logistiques.

Dans le même secteur, le groupe américain IBM doit annoncer 45 millions d'euros d'investissements dans l'informatique quantique (informatique super-puissante) et une cinquantaine d'embauches d'ici à 2025 sur son site de Paris-Saclay, selon une source proche du dossier.

Lire aussiAmazon, IBM, Pfizer, AstraZeneca... Gros investissements en vue dans l'IA et la pharmacie lors du sommet Choose France

Quelque 180 patrons étrangers attendus

Le sommet se tient alors que la France vient d'être désignée pour la cinquième année de suite pays le plus attractif d'Europe par le cabinet EY, devant le Royaume-Uni et l'Allemagne, avec 1.194 annonces de projets d'investissements étrangers en 2023, représentant 39.773 créations d'emplois. Cette année, quelque 180 patrons étrangers sont attendus, le maximum possible « pour garder à l'événement une taille raisonnable » et leur permettre de rencontrer chacun au moins un ministre français.

Parmi eux figurent les dirigeants d'ArcelorMittal, JP Morgan, Bank of America, Goldman Sachs, Coca-Cola, ou encore AstraZeneca et Novartis dans le domaine de la pharmacie, Envision, JD et Air Products dans le domaine industriel, et les dirigeants des fonds souverains saoudien ou qatari. Une soixantaine de patrons français seront là également.

L'an dernier, Choose France avait déjà marqué un record avec 28 projets annoncés pour un total de 13 milliards d'euros. Le montant des annonces de cette édition représente 15 milliards d'euros.

Lire aussiChoose France : édition record avec plus de 15 milliards d'euros d'investissements

Un tiers des patrons étrangers invités viennent pour la première fois à Choose France, a souligné l'Élysée, et plus de la moitié sont non européens : 20% sont nord-américains et 20% asiatiques, notamment.

« France, terre de champions »

Le thème de l'année est « France, terre de champions », une allusion aux Jeux olympiques et paralympiques de l'été. La cérémonie d'ouverture sera présentée aux participants, avec un discours du président du comité d'organisation Tony Estanguet.

Lundi matin, Emmanuel Macron effectuera un déplacement sur le terrain « pour mettre en valeur un projet emblématique » du sommet. Celui-ci débutera par un déjeuner présidé par le Premier ministre Gabriel Attal, une première, « pour montrer que tout le gouvernement est à la manœuvre en matière d'attractivité », a souligné l'Élysée. Le commissaire européen au marché intérieur, l'ancien ministre des Finances Thierry Breton, y participera.

Emmanuel Macron arrivera ensuite et présidera deux tables rondes sectorielles, l'une sur la décarbonation, l'autre sur les sujets d'intelligence artificielle et de quantique. Il aura ensuite des entretiens bilatéraux avec des patrons, avant de clôturer une table ronde franco-indienne. Il s'exprimera aussi devant l'ensemble des patrons, avec séance de questions-réponses, avant un dîner dans la prestigieuse galerie des Glaces.