Juan Arbelaez, sportif en chef

Le cuisinier colombien Juan Arbelaez va suivre la Copa América. Mais ce solide pratiquant est surtout alléché par les Jeux de Paris.
Juan Arbelaez.
Juan Arbelaez. (Crédits : © LTD / JOËL SAGET/AFP)

Les oncles de Juan Arbelaez sont impatients que démarre la Copa América aux États-Unis, à partir de vendredi. Même si la Colombie ne l'a remportée qu'une seule fois, en 2001, et que les partenaires de Luis Díaz sont désormais sérieusement concurrencés par la sélection féminine, qui a atteint les quarts de finale de la Coupe du monde en 2023. Le chef, lui, préfère la compétition mondiale car il a « deux fois plus de chances » de jubiler : sitôt son pays natal éliminé, il enfile un maillot de l'équipe de France, où il s'est installé il y a dix-huit ans. Les grands rendez-vous sportifs lui procurent « des sensations monumentales », comme la finale de 2018, vécue à Marseille. De passage à Moscou pendant le tournoi, Juan Arbelaez s'était retrouvé assis à côté de Ronaldo - le Brésilien - au célèbre café Pouchkine. « J'ai commencé à lui parler en portugais et on a fini par boire des shots ensemble », rembobine-t-il.

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Son père soutient Deportes Tolima, un petit club, l'« équivalent de Guingamp ». Lui s'est fait l'œil à El Campín, le stade des Millonarios de Bogota. Jusqu'à ce qu'un siège arraché et jeté sur la foule par un supporter furieux éteigne le feu de sa passion. « Encore plus après avoir vu mon premier match de rugby au stade Jean-Bouin : tous les spectateurs étaient bourrés mais restaient respectueux », compare le cuisinier, qui ne compte plus le nombre de rugbymen parmi ses copains. Il cite une dizaine de joueurs passés par le Racing 92, dont les All Blacks Dan Carter et Chris Masoe, auprès desquels il a passé « beaucoup de temps ».  Les silhouettes parfois arrondies en Ovalie s'accordent bien avec sa cuisine généreuse.         « Une épaule d'agneau ou un jarret de veau, ça les excite », apprécie le patron de 36 ans, qui reçoit à Babille, sur les Grands Boulevards de Paris, l'un de ses 13 établissements.

Il trouve que les footballeurs sont moins portés sur le contenu de l'assiette et du verre que sur le lieu lui-même. Or, chez lui, il n'y a pas de tables VIP à l'écart où les recevoir. Cela n'empêche pas des salariés du PSG de remplir la salle de Plantxa, son restaurant situé à Boulogne-Billancourt, à deux pas du Parc des Princes. Le sport tricolore se presse dans ses cuisines. Laure Manaudou est une cliente régulière, tout comme Camille Lacourt, « un fin bec avec un très bon coup de fourchette ». Les surfeurs Justine Dupont et Jérémy Florès, les pentathlètes Élodie Clouvel et Valentin Belaud ont déjà fait une entorse à leur régime pour s'asseoir à une table du très médiatique restaurateur. Serait-ce parce qu'il leur ressemble ?

Dans la vie, Juan Arbelaez passe aisément du tablier de chef au short de runner. « À Bogota, je ne courais jamais, se souvient-il. Je m'y suis mis à Paris, par manque de moyens. » À l'époque, il n'avait pas l'argent pour s'inscrire dans une salle mais juste assez pour acheter une paire de baskets et crapahuter autour de la capitale. Affûté, il a terminé les marathons de Paris (deux fois) et celui de New York, en 2023. Il se force à être régulier, autrement l'addition peut être salée : de retour de vacances au pays, où sa mère l'a « gavé comme une oie », Juan Arbelaez a vécu un calvaire au semi-marathon de Paris, en mars. « Au bout de      3 kilomètres, je n'avais plus de jambes ni de souffle, je bavais comme un animal. Tout le monde m'a dépassé. » Depuis, il dose mieux ses sorties. Après avoir porté la flamme olympique à Bayonne, en mai, il s'entraîne pour le Marathon pour tous, prévu le 10 août.

Il « rêve » de cuisiner pour Egan Bernal

Ce ne sera pas sa première épreuve des JO. Eurosport lui a demandé de commenter le BMX freestyle. En néophyte. La chaîne parie sur sa complicité avec le consultant Matthias Dandois, neuf fois champion du monde et associé en affaires. L'entrepreneur colombien a également coché l'équitation au château de Versailles, la voile, le surf et la natation. Son père, champion national du 100 mètres papillon, lui a transmis le goût du chlore. « Mais à 15 ans, j'ai bu ma première bière, reçu mon premier bisou et j'ai trouvé que les deux étaient plus longs en bouche », s'amuse-t-il.

Le cyclisme sur route lui fera aussi de l'œil tant il admire les champions descendus des longs cols de son pays. En 2019, il a tenu un stand à l'arrivée du Tour de France ; Rigoberto Urán était passé s'y restaurer après s'être classé septième du général. Juan Arbelaez « rêve » de cuisiner pour Egan Bernal, vainqueur de la Grande Boucle cette même année, et se souvient d'une conversation dans un avion avec la troisième figure du cyclisme cafetero, Nairo Quintana, un Giro et une Vuelta à son palmarès. Mais dans l'Hexagone, Juan Arbelaez a atteint le sommet en premier.

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