L'entrée des artistes

Dans une ambiance survoltée, Paris a vécu une première vraie journée olympique. Les Bleus récoltent déjà quatre médailles, dont celle en or pour Antoine Dupont et le rugby à 7.
Jordan Sepho, médaillé d’or au rugby à 7, avec le public du Stade de France.
Jordan Sepho, médaillé d’or au rugby à 7, avec le public du Stade de France. (Crédits : © LTD / © Dylan Martinez/REUTERS)

On y est. Les Jeux olympiques ont commencé pour de vrai, laissant dans leur sillage la cérémonie d'ouverture et les polémiques civilisationnelles qui démarrent toujours plus vite, plus haut, plus fort, faisant place aux émotions venues du terrain et remontant dans les gradins. Avec, au climax, cet Hymne à l'amour puissamment entonné par le Stade de France pour célébrer la première médaille d'or française, décrochée par l'équipe masculine de rugby à 7 moins de vingt-quatre heures après l'apparition spectrale de Céline Dion au premier étage de la tour Eiffel. Meilleur rugbyman du monde, Antoine Dupont a réussi son pari : remporter l'or olympique en se formant à une discipline connexe en moins de sept mois.

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L'ovation, du public et de ses équipiers, quand il a reçu sa médaille d'or, les murmures qui accompagnent ses prises de balle et son humilité non feinte rappellent l'icône du sport français qui inaugurait la cérémonie la veille au même endroit. Zinédine Zidane, donc. Remplaçant pour mieux être décisif dans ce tournoi, le capitaine du XV de France a tout atomisé à son entrée en finale contre les Fidji, qui avaient remporté les deux premières éditions olympiques. Antoine Dupont a même été dans le tempo quand son « crew » en or s'est offert une choré façon boys band.

Ambiance électro bodega

Difficile de tricoter un meilleur scénario pour lancer Paris 2024. « On s'est bien rendu compte qu'on représentait tout le sport françaisadmet Antoine Dupont. Quand on entre dans ce village, ça vous imprègne de l'esprit olympique et de ce patriotisme. On avait envie de lancer les Jeux de la meilleure des manières. Ça a été bien fait avec la cérémonie et nous [hier]. On savait qu'on avait un rôle à jouer et ça nous a portés. »

On savait qu'on avait un rôle à jouer et ça nous a portés

Antoine Dupont

Pour ces premiers JO en France depuis cent ans, mais aussi ceux du retour à la normale après la crise sanitaire qui avait plombé Tokyo en 2020 puis en 2021, les quelque 700 000 spectateurs présents pour assister aux vingt-trois sports en lice et aux premières médailles ont fait résonner leur envie de célébrer et de pousser. À l'image de l'ambiance électro bodega qui a régné toute la semaine au Stade de France. Venus d'ailleurs mais surtout d'ici. Hier, les supporters tricolores ont réchauffé l'ambiance parfois réfrigérée due à une climatisation un peu trop préventive. Sous la nef majestueuse du Grand Palais pour les escrimeurs, avec la finale d'Auriane Mallo-Breton. Ou à l'Arena Champ-de-Mars pour le judo, récompensé des deux premières médailles.

Rugby à 7

Antoine Dupont (en bas à gauche) et l'équipe de rugby à 7, médaillée d'or. (Crédits : ©LTD / PHIL NOBLE/REUTERS)

Paris n'est pas encore une fête olympique, la faute à ce temps de « juillembre », mais devrait vite le devenir. Hier, les pieds dans la gadoue, de nombreux touristes se pressaient vers les Tuileries pour admirer le ballon-vasque. L'organisation Extinction Rebellion annonçait renoncer à occuper le pont des Arts, après que les forces de l'ordre ont procédé à 45 interpellations. Sur la route, les glissades ont émaillé les contre-la-montre cyclistes. Et le parc urbain de la Concorde, lieu iconique de cette édition, était tristounet privé de sa compétition de skateboard (street), reportée à demain. Voici le moment du point météo, puisque cela a été le fil conducteur de vendredi, quatre heures de spectacle sous le déluge, et d'hier : ça y est, il fait beau et chaud.

Les controverses reviendront vite à la surface avec le niveau et la baignabilité de la Seine à l'approche des épreuves de triathlon (mardi et mercredi). Il faudra au moins le soleil et l'or, encore plus d'or, pour embarquer les Français. Deux jours avant la cérémonie, près de la moitié d'entre eux, de manière plus prononcée hors de la capitale, restaient indifférents et un quart seulement se montraient enthousiastes, selon un sondage Elabe pour BFMTV. Mais cela va venir. Hier, ce n'est pas venu du judo qui était pourtant doublement attendu sur la plus haute marche.

Reste que, en devenant la première médaillée française au cours d'une soirée « magique », Shirine Boukli a « écrit quelques lignes d'histoire ». La Gardoise, 25 ans, qui fêtait depuis plusieurs minutes son premier podium olympique, ne touchait déjà plus terre lorsque David Douillet l'a soulevée d'un seul bras. D'un champion à un autre. Il y a eu, enfin, quelques mots de Zinédine Zidane, encore lui, qu'elle avait croisé une première fois il y a quelques mois, « une rencontre exceptionnelle ». Qu'elle passe autour de son cou la première breloque de la délégation française est une double récompense : pour n'avoir pas flanché après une défaite en quart qui l'a fait passer par le repêchage, mais surtout pour avoir résisté, pendant trois ans, au statut de seule judoka rentrée bredouille de Tokyo.

Montagnes russes émotionnelles

L'Arena Champ-de-Mars était toujours en surchauffe lorsque Luka Mkheidze s'est présenté sur le tapis. C'est lui qui, en 2021, avait ouvert le compteur tricolore. Et s'il a terminé par une défaite amère, il a surtout confirmé sa meilleure performance de l'année, non loin de là, au Grand Slam de Paris en février. « C'est avec cette médaille que je remercie tous ceux qui m'ont aidé », positive le réfugié politique de 28 ans, qui a trouvé la paix au Havre, a progressé d'un rang, du bronze à l'argent. En un jour, le judo a rempli 20% de l'objectif de médailles fixé par la fédération. Au tour d'Amandine Buchard et de Walide Khyar d'enchaîner, avant l'entrée en lice des ultra-favoris Clarisse Agbégnénou, mardi, et Teddy Riner, vendredi.

Luka Mkheidze et Shirine Boukli

Luka Mkheidze, médaille d'argent des -60 kg en judo, et Shirine Boukli, médaille de bronze des -48 kg. (Crédits : ©LTD / JACK GUEZ/AFP)

Sous la verrière du Grand Palais, l'épéiste Auriane Mallo-Breton a, elle, vécu des montagnes russes émotionnelles. Celle qu'on n'attendait pas a commencé sa compétition par une remontée en sa faveur mais a terminé par une remontée contre elle, qui l'a privée de vivre son conte de fées jusqu'au bout. Emmanuel Macron s'était glissé parmi la foule en folie, comme il l'avait fait au Grand Palais éphémère pour le judo puis au Stade de France pour le rugby à 7. Pas de victoire sous les yeux présidentiels, cette fois. Battue en mort subite par la Hongkongaise Vivian Kong Man Wai (13-12), la trentenaire lyonnaise n'en décroche pas moins une médaille d'argent savoureuse.

Jour de moisson

Il y a trois ans, lorsque les Jeux de Tokyo démarraient, elle venait de donner naissance à un fils. Pour sa deuxième participation après Rio, elle a apporté la lueur d'espoir dans une journée ternie par les éliminations précoces de Marie-Florence Candassamy et Coraline Vitalis. Jusque-là, Auriane Mallo-Breton avait surtout garni son palmarès dans les compétitions par équipes. C'est avec ses compagnonnes d'arme qu'on la retrouvera dès mardi, en quart de finale contre la Corée du Sud. Plus grand pourvoyeur de médailles du sport français (124), l'escrime comptera aujourd'hui sur ses trois têtes d'affiche - le tenant du titre Romain Cannone, le champion d'Europe Luidgi Midelton et le premier tricolore au classement mondial (4e) Yannick Borel - pour s'incruster sur le podium. La fleurettiste Ysaora Thibus créerait, elle, une jolie surprise si elle y parvenait, après son début d'année galère (contrôle anormal à un agent anabolisant, blessure).

Auriane Mallo- Breton

Auriane Mallo-Breton, médaille d'argent à l'épée. (Crédits : ©LTD / DANIEL DERAJINSKI/ICON SPORT)

Ce dimanche est annoncé comme un jour de moisson. Avec une valeur sûre en première ligne : Léon Marchand (lire ici), qui vise un quadruplé cette semaine ; sans compter le relais. Puis avec le cross-country féminin pour lequel Pauline Ferrand-Prévot et Loana Lecomte figurent parmi les favorites. On y est.

Les handballeurs surpris, les footballeurs qualifiés

Dans un remake de la finale des JO de Tokyo, les Bleus du handball n'ont pas connu la même réussite face au Danemark de Mikkel Hansen. Malgré cinq buts d'avance en première période, la défaite est nette (37‐29), même si elle n'hypothèque rien. Entrée en matière réussie, en revanche, pour les basketteurs. Les vice-champions olympiques ont dompté le Brésil (78-66), sur les ailes de Victor Wembanyama (19 points). L'équipe de France de football de Thierry Henry a de son côté validé son ticket pour les quarts en dominant la Guinée (1-0, but de Sildillia). On ouvrait aussi le bal à Roland-Garros.
L'inédite et clinquante paire composée de Carlos Alcaraz et Rafael Nadal a maîtrisé les spécialistes argentins Molteni-González (7-6, 6-4). Alcaraz s'était échauffé en simple face au 275e mondial, le Libanais Hady Habib (6-3, 6-1). Sifflotements aussi pour Novak Djokovic, un seul jeu cédé à l'Australien Matthew Ebden. Le Serbe est censé retrouver Nadal au 2e tour, sauf que le roi de la porte d'Auteuil, gêné à la cuisse, « ne sai[t] pas » s'il s'alignera en simple aujourd'hui.

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Commentaires 3
à écrit le 28/07/2024 à 9:36
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J.O. 2024 ? Ne manquez pas de lire "Oxymore" de Jean Tuan chez C.L.C. Éditions. L'auteur observateur attentif de la Chine, le pays de son père, nous dévoile comment la Chine utilise tous les moyens pour que ses athlètes triomphent au niveau mondial....

à écrit le 28/07/2024 à 8:21
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"en dominant la Guinée" Non en se faisant dominer par la Guinée qui était meilleure sur le terrain, on a eu du bol su ce coup là contrairement au rugby où là on était les meilleurs.

à écrit le 28/07/2024 à 7:12
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Bravo les bleus!

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