À Saint-Brevin, les vacances ont le goût des Jeux

Écran géant, buvette, transats... Les estivants affluent dans la fan zone municipale installée au bord de l’océan.
Le 1er août, dans la fan zone de Saint- Brevin- les-Pins.
Le 1er août, dans la fan zone de Saint- Brevin- les-Pins. (Crédits : © LTD / Sidney Léa Le Bour/Hans Lucas pour La Tribune Dimanche)

Dans un taxi qui longe le boulevard de l'Océan, le chauffeur peine à décrocher les yeux du téléphone posé sur ses genoux. « Désolé, je ne fais jamais ça d'habitude », s'excuse Sébastien, captivé par le match de Félix Lebrun. Est-il un passionné de tennis de table depuis des années ? « Pas du tout, mais là je me suis pris au jeu », raconte le conducteur en arrivant à sa destination : la fan zone de Saint-Brevin-les-Pins (Loire-Atlantique). En face de l'office de tourisme, les anneaux olympiques qui ornent le rond-point ont annoncé la couleur.

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Derrière une rangée de pins, Geoffroy Purkart, l'adjoint aux sports de la mairie, déplie des chaises en plastique blanches sous un soleil radieux. Ce jeudi soir, des centaines de personnes sont attendues devant l'écran géant. La station balnéaire n'accueille aucune épreuve ni délégation d'athlètes. Faute de parcourir les 429 kilomètres qui les séparent de la capitale, c'est donc depuis ce « Club 2024 » - labellisé par le Cojop - que les amateurs de sport suivent les compétitions. Comme pour ramener les Jeux à domicile, la mairie a installé une tour Eiffel en bois au milieu de cette fan zone de 1 500 mètres carrés en bordure de plage.

« On est mieux pour regarder les JO ici qu'à Paris », insiste Dominique, 60 ans, encore émerveillé par les exploits de Léon Marchand. En bermuda et tee-shirt, confortablement installé dans son transat, l'Angevin avoue craindre la foule et les risques d'attentat sur les sites olympiques. « Et puis la bière est bien moins chère », plaisante sa compagne, Sylvie, en levant sa pinte, pour laquelle elle a déboursé 5 euros à la buvette.

« Les billets pour les épreuves et le séjour à Paris, ça n'entrait pas dans mon budget », abonde Nicole. Pas question pour autant de s'en plaindre : « On a déjà tout ici », affirme la Brévinoise de 78 ans, venue « profiter de l'ambiance avec [s]es copines ». L'entrée de la fan zone est gratuite.

Friande de sport, la septuagénaire au grand sourire a « vachement hâte de découvrir le breakdance » à la télévision. « Et on peut crier tous ensemble quand on gagne », ajoute son amie Fanny. Maillot de Zidane sur les épaules, Joël acquiesce. Le Picard a vérifié que la commune disposait d'un écran géant avant d'y poser ses valises pour les vacances : « Je ne voulais pas suivre les Jeux olympiques depuis mon canapé. »

Le 1er août, dans la fan zone de Saint- Brevin- les-Pins.

Le 1er août, dans la fan zone de Saint- Brevin- les-Pins. (Crédits : © LTD / Sidney Léa Le Bour/Hans Lucas pour La Tribune Dimanche)

Yanic, lui, affiche un sourire plus timide que ses voisins de transat. « On n'a pas la télé à la maison », explique le Brévinois, qui a fait un effort pour emmener son fils de 11 ans, fan de sport. Ce père séparé se dit assez loin des JO et de l'effervescence de la capitale. Et fait partie de ceux que la cérémonie d'ouverture a heurtés. « Je n'ai pas compris qu'on s'en prenne aux institutions comme ça et qu'on se moque des chrétiens », explique-t-il en se rappelant Philippe Katerine dénudé entouré de drag-queens.

Entre les pins et le bord de mer, avec ses chaises longues et ses parasols en paille, les Jeux olympiques à Saint-Brevin ont ainsi l'odeur des vacances. Une atmosphère bon enfant qui contraste avec les turbulences traversées par les quelque 14 000 habitants de la commune au printemps 2023, alors divisés autour d'un projet d'accueil de demandeurs d'asile. « Ça a cassé l'ambiance pendant quelques mois », se souvient Olivier, encore ébranlé par l'incendie déclenché au domicile de l'ex-édile Yannick Morez et les inimitiés que le conflit a laissées. « On évite tous d'en parler », témoigne de son côté Anne-Marie, désireuse de tourner la page.

C'est fédérateur

insiste la maire, qui entend recréer du lien

Pour les y aider, la nouvelle municipalité a employé les grands moyens. Avec 250 000 euros financés par le budget de la ville, des agents de sécurité, des activités sportives pour enfants, un animateur et, donc, l'écran géant. « C'est fédérateur », insiste la maire Dorothée Pacaud (sans étiquette), qui entend recréer du lien. Pour l'heure, les élus se félicitent de la fréquentation : ouverte entre 10 et 23 heures, la fan zone attire chaque jour entre 2 000 et 3 000 visiteurs.

« On avait besoin de ce temps fort collectif », reconnaît Dorothée Pacaud. Happé par la descente en canoë-kayak du Français Titouan Castryck au point de perdre le fil de la conversation, Benoît, un quinquagénaire brévinois, confirme : « Ça fait du bien de ne parler que de sport. »

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