Jusqu'ici, les joueurs de l'équipe de France de football s'étaient contentés d'appeler à voter lors des élections législatives (30 juin, 7 juillet) post-dissolution de l'Assemblée nationale. Comme beaucoup d'autres sportifs. Hier, Marcus Thuram a estimé que ce n'était « pas assez ». « En tant que citoyen, il faut se battre pour que le RN ne passe pas », a déclaré le fils de Lilian, qui avait pris position en son temps contre le FN de Jean-Marie Le Pen et a toujours assumé sa conscience politique. « En ayant grandi avec mon père, je me sens responsable de tenir ce genre de message », a précisé l'attaquant de l'Inter Milan, qui comprend la prudence de ses coéquipiers, mais n'a « aucun doute » sur le fait que tous ont « la même vision des choses » quant à la gravité de la situation. Parmi les Bleus, 80 % auraient fait une demande de procuration. La parole de Kylian Mbappé sur le sujet va être scrutée aujourd'hui.
Le volleyeur Earvin Ngapeth, un des 14 candidats au rôle de porte-drapeau de la délégation française aux JO, estime, lui, qu'il ne suffit pas de dire d'aller voter dans les médias, mais qu'il faut aller parler sur le terrain. Ce qu'il a fait récemment, chez lui, à Poitiers. « Ça a plus d'impact, assure-t-il. Parce que tu prends le temps d'expliquer. Les jeunes pensent que ça ne va rien changer. Ils se disent "l'autre n'était pas RN et c'est toujours pareil pour nous". Ils se plaignent de leurs conditions de vie mais ne votent pas. Mais là, on arrive au moment où, même si tu as l'impression que ça ne sert à rien, il faut y aller. »
Le champion olympique 2021 déplore qu'il n'y ait plus d'anciens ou d'associations pour faire ce travail pédagogique. « Il y a eu tellement de trahisons... Il n'y a plus de confiance, c'est pour ça que le RN en est là. » Lui donnera « comme à chaque fois » procuration à sa mère. Deux jours après le second tour des législatives se tiendra l'élection des porte-drapeaux (homme et femme), dont le résultat sera annoncé le 12 juillet. Il y a de fortes probabilités que le RN soit alors au pouvoir.
La perspective lui déplaît, mais il préfère se concentrer sur « la vraie image » du pays qu'incarne l'équipe olympique : « Elle est composée de tellement de gens différents, et pourtant il y a du bonheur. Tout le monde arrive à vivre ensemble. Et ça gagne. C'est dans cette France que j'ai grandi et c'est ça qui me parle. »
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