![Marie Toussaint, tête de liste des Ecologistes, a déploré dimanche une « défaite sèche, amère » pour une « écologie en berne ».](https://static.latribune.fr/full_width/2387381/marie-toussaint.jpg)
Portée par Marie Toussaint, la liste Les Ecologistes (EELV) a plié sévèrement mais n'a pas rompu. Avec 5,5% des voix et cinq élus, les Verts réalisent en France leur plus faible score depuis vingt ans. La liste est arrivée en tête dans 78 communes contre 1.336 en 2019. De son côté, le RN est en tête dans 93% des municipalités. Ce score, très en deçà des 13,4% de Yannick Jadot en 2019, constitue un nouvel échec après la présidentielle de 2022. Le même candidat n'avait pas atteint les 5% nécessaires pour se faire rembourser les frais de campagne
Alors que les écologistes se pensaient incontournables à gauche dans cette élection européenne qui leur est généralement favorable, leur liste arrive loin derrière celle de Raphaël Glucksmann (PS/Place publique, autour de 14%), et même derrière celle de l'insoumise Manon Aubry (autour de 8-9%).
« Face à la guerre menée à l'écologie, nous avons tenu bon, mais nous reculons et nous reculons nettement », a admis Marie Toussaint, expliquant avoir sous-estimé « la force des lobbies et la bataille culturelle qui est menée en permanence contre nous et contre le vivant ».
« Je marchais en première ligne et je n'ai pas su convaincre au-delà de notre socle Je m'en excuse sincèrement », a-t-elle ajouté. Elle a déploré dimanche une « défaite sèche, amère » pour une « écologie en berne » lors des élections européennes qui ouvre, selon elle, « la porte à tous les risques ».
« On n'a pas su convaincre les électeurs, on n'a pas su donner envie, répondre aux attentes sur l'Europe », a admis Yannick Jadot, qui a reconnu une « forme de soulagement » de ne pas être totalement éliminé du Parlement européen. Mais « on ne peut pas être content d'en sauver 5 (eurodéputés) quand on en avait 12 ».
Le refus de s'allier avec d'autres partis de gauche, un pari perdant
La députée écologiste de Paris Sandrine Rousseau a regretté que son parti ait été « le premier à fermer la porte » à une liste d'union à gauche, jugeant que les électeurs leur en « ont tenu rigueur ». Elle a souhaité un parti « solide », « constant », marquant « une ligne » afin de « réussir à faire cette union » à laquelle selon elle « tous les électeurs de gauche aspirent finalement ».
« On les voit en 2019 aller vers Yannick Jadot, à l'élection présidentielle, ils sont allés vers Jean-Luc Mélenchon, là ils sont allés vers Raphaël Glucksmann. J'ai l'impression que le peuple de gauche et écologiste se cherche le récit de la victoire » a analysé Sandrine Rousseau.
« Le mouvement n'a pas su quelle écologie il défendait », a déploré un cadre auprès de l'AFP, entre « la radicalité et un versant plus modéré ». « Résultat, on a été pris en étau entre Jean-Luc Mélenchon et Raphaël Glucksmann. » Les Ecologistes vont désormais devoir trouver un accord avec le reste de la gauche, pour les législatives, après l'annonce de la dissolution de l'Assemblée dimanche soir. « Le mouvement va traverser une crise, cela nécessite de ne pas cacher la poussière sous le tapis », estime un élu. « Ça chauffe » pour Marine Tondelier, analyse la même source, alors que deux courants minoritaires du parti réclament un Congrès anticipé pour fin 2024 ou mars 2025.
En Allemagne, « le combat contre le changement climatique » est « un poids »
Les Verts ont par ailleurs essuyé un recul de 12% en Allemagne par rapport au scrutin de 2019 où ils avaient obtenu 20,5%. « Le combat contre le changement climatique était il y a cinq ans un sujet qui permettait de marquer des points, maintenant c'est un poids », constate l'hebdomadaire Der Spiegel.
En 2019, 72 élus Verts (dont 25 Allemands et 12 Français) entraient au Parlement européen, ils ne devraient être plus que 52 . Ils enregistrent cependant des victoires, notamment en Suède où ils font une percée (15,7%), et aux Pays-Bas, où les écologistes alliés aux sociaux-démocrates, sont arrivés en tête avec huit sièges.
(Avec AFP)