On ne trouve pas meilleures fausses jumelles. Elles sont simplement séparées par le pont des Belges, qui enjambe la Touques, mais on ne fait pas plus différentes que Trouville, avec son entrelacs de petites rues adossées à une colline et Deauville, avec ses avenues rangées au cordeau. Station balnéaire du Calvados, Trouville-sur-Mer n'affiche pas le snobisme de sa voisine, toute en hôtels particuliers, voitures et boutiques de luxe, qui fait d'elle une quasi-extension des quartiers ouest de la capitale.
Plus authentique, Trouville a su préserver une atmosphère familiale et ses petites rues fleuries ou escarpées rappellent son passé de village de pêcheurs. Elle a aussi ses « planches », promenade bordée de superbes maisons du XIXe siècle, ses couchers de soleil jamais identiques et son casino. Le charme de ses brasseries de fruits de mer avec serveurs en habit agit encore, et son festival de cinéma, à l'antithèse de celui du film américain de Deauville, met en lumière, lui, les courts-métrages. Même si elle attire de plus en plus de monde et que ses hôtels montent en gamme, Trouville et sa belle plage ont aussi une riche histoire culturelle, avec les livres écrits par l'une de ses résidentes célèbres, Marguerite Duras, ou les tournages de films à l'hôtel des Roches Noires, impressionnante bâtisse posée devant la mer, bâtie en 1866.
Lors d'un séjour à Trouville, on va au marché aux poissons, on fait un tour au musée, on se régale des moules-frites, d'un camembert coulant à cœur et de délicieuses tartes normandes tièdes accompagnées de crème si « entière » qu'une cuillère tient droite dans le pot. Mais surtout, on se balade le long de la mer et de la Touques, sous le vol des mouettes et devant le ballet des bateaux de pêcheurs. Visite.
Un lieu
Deauville n'est pas la seule à avoir une belle promenade de plage : une glace à la main, on s'offre une balade en soirée sur les planches, au coucher de soleil, on s'assoit sur des bancs (désormais baptisés de noms célèbres ayant côtoyé Trouville) devant le majestueux hôtel des Roches Noires pour admirer le spectacle du soleil qui tombe dans la mer.
Hôtel Les Roches Noires (Crédits : © LTD/ Kevin Thibaud)
Les meilleurs restos
Pas de Trouville sans ses brasseries légendaires du boulevard Fernand- Moureaux : Le Central, Les Vapeurs, Les Voiles (et ses joyeuses a ches signées d'une figure locale, Raymond Savignac), avec leurs serveurs en habit et les bras pleins d'assiettes de fruits de mer et de poissons. Pour un apéro dînatoire, on s'attable aux Affiches (6, rue de Paris), en bord de plage, pour partager des assiettes iodées ou canailles dans ce bar à vins décontracté. Ou l'on court tester Turbulent (1, rue Durand-Couyère), le nouveau restaurant du jeune chef Jarvis Scott, ancien Parisien devenu Normand d'adoption : 35 couverts, un comptoir et une grande table « de partage », pour une cuisine d'auteur libre.
Le toc local
Construit sur les quais, le marché aux poissons de Trouville et ses fameux colombages sont classés aux monuments historiques. Une vingtaine de chalutiers approvisionnent chaque jour les étals en soles et carrelets, huîtres, bulots, homards, etc. On peut désormais consommer ces produits ultra-frais immédiatement, sur les tables hautes de chacun des poissonniers. Incontournable : la soupe de poisson réputée de Jeannette (152, boulevard Fernand-Moureaux).
Jetée Jean-Claude Brize (Crédits : © LTD / Kevin Thibaud)
Ça suffit !
Il n'y a toujours pas de salle de cinéma à Trouville, depuis la fermeture de celle du casino il y a quelques années.
Dès que je m'éloigne de Trouville j'ai le sentiment de perdre de la lumière. Non seulement de la lumière droite du plein soleil mais celle diffuse et blanche du ciel couvert et celle charbonneuse des orages
« La Vie matérielle » de Marguerite Duras
L'hôtel réhabilité
Le Flaubert, hôtel presque centenaire posé sur la plage, a été réhabilité il y a deux ans : l'esprit « bord de mer » de cet établissement à colombages où l'on prend son petit déjeuner sur le balcon face aux vagues, une mouette rieuse à ses côtés, ont été respectés. Si Gustave Flaubert séjournait plutôt dans une maison du port, l'hôtel a été baptisé en son honneur en 1936 par le maire Fernand Moureaux, l'année des premiers congés payés et du centenaire des vacances de l'auteur de L'Éducation sentimentale sur les bords de la Touques (rue Gustave-Flaubert).
Top snob
Ici la mer n'est pas turquoise, mais ses nuances de gris-vert sont tout aussi hypnotiques. Il n'est pas rare de voir quelques nageurs téméraires enfiler, en toute saison, une combinaison (ou pas) pour s'offrir un bain revigorant. Ou, pour les moins audacieux, une séance de longe-côte (gymnastique dans l'eau) organisée par les Cures Marines (boulevard de la Cahotte).
Les délices sucrés
La gastronomie normande ne manquera pas de satisfaire les becs sucrés. Ils pourront goûter les incroyables gaufres de la famille Boileau, installée sur les planches depuis toujours ! Incontournables aussi, les glaces de chez Martine Lambert (place du casino) et les gâteaux d'une autre institution de la ville, la pâtisserie Charlotte Corday, qui portent les noms des personnalités locales (Antoine de Caunes, Karl Zéro...).
Évènements culturels
Au musée Villa Montebello (64, rue du Général-Leclerc), vous découvrirez les collections orientées sur la naissance des bains de mer et le développement de la villégiature sur la Côte Fleurie, dont les œuvres d'Augustin Rouart ; avant de revenir en septembre pour le festival de courts-métrages O-Courts. (7-13 septembre).
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