La fièvre chez Descartes

ÉDITO - Retrouvez l'éditorial de Bruno Jeudy, directeur délégué de La Tribune Dimanche.
Bruno Jeudy
Bruno Jeudy.
Bruno Jeudy. (Crédits : DR)

En appuyant sur le bouton de la dissolution, le président de la République espérait que la campagne électorale express permettrait de passer de la confusion à la clarification. Vingt et un jours plus tard, les Français peinent à comprendre quelle mouche a piqué Emmanuel Macron. Le chaos et la crise de régime semblent menacer le pays de Descartes... qu'on croyait être celui de la raison. La fièvre qui se serait, selon l'expression du chef de l'État, emparée du débat public n'est pas retombée. Et la fracture culturelle, qui coupe le pays en mille morceaux, semble plus béante que jamais. Résultat : ces élections ressemblent à un saut dans le vide mais... sans parachute !

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Tous les partis paraissent gagnés par la division et l'irresponsabilité, et on comprend alors la perplexité des Français au moment de voter. Aucun argument rationnel n'a imprimé durant cette courte campagne. Au lieu de ça, on a rejoué la réforme des retraites et promis l'impossible retour à 60 ans. On a entendu des responsables du RN brandir l'hallucinante interdiction des emplois publics aux binationaux ! Marine Le Pen a même réduit le rôle du président de la République et chef des armées à un simple titre honorifique... On n'ose imaginer ce qu'elle ferait si elle accédait au pouvoir.

Inquiétant chassé-croisé

Seule bonne nouvelle, la probable forte participation annoncée plus importante qu'aux européennes et aux législatives de 2022 constitue un motif d'espoir même si, ironiquement, Pierre Desproges disait que « l'adulte ne croit pas au père Noël. Il vote ». Participer, c'est s'intéresser. Aux électeurs de se rappeler qu'un bulletin de vote est plus puissant qu'une balle de fusil, selon le beau mot de Lincoln. La démocratie et son expression la plus noble, des élections libres, obligent chacun d'entre nous à un effort de raison, de tolérance et de civisme. Bien loin des paroles haineuses, des anathèmes et des rumeurs de guerre civile. En cette période de soldes, des candidats bateleurs promettent ristournes, promotions et cadeaux chimériques, mais notre République - et la plupart de nos concitoyens le savent - exige le prix fort, celui de la vérité, de la nuance et du bon sens.

Au moment où nos voisins britanniques s'apprêtent à renvoyer leurs élus conservateurs et brexiteurs qui les ont appauvris depuis huit ans et la sortie de l'UE, les Français seraient, eux, prêts à se jeter dans les bras des extrêmes. Inquiétant chassé-croisé.
La Grande-Bretagne a quand même perdu 2 millions d'emplois durant cette période et les investissements étrangers ont reculé de 31 % ! Voulons-nous vraiment de ce moment Brexit » que nous regretterions tous dans un an, deux ans, trois ans ?

En ce jour anniversaire de la mort de Simone Veil, que chacun ait à l'esprit ces paroles fortes de la plus sage d'entre nous : « Ce n'est pas si facile de combattre l'extrême droite. »

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Bruno Jeudy

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Commentaires 5
à écrit le 30/06/2024 à 9:26
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L'intention de Macron était limpide, la préparation du budget 2025 l'aurait poussé à prendre des mesures prenant à rebrousse-poil son électorat retraité et c'était la garantie d'un second tour RN/LFI en 2027.

à écrit le 30/06/2024 à 9:26
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La bi-nationalité peut tout à fait faire l’objet d’un débat. Certains Pays comme l’Espagne ou Cuba ne la pratique pas. D’autres le font mais avec des restrictions : au Canada ou aux EU par exemple. En France, comme pour beaucoup de choses, la tendanc...

le 30/06/2024 à 10:50
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"la tendance c’est plutôt « Open bar »" vous êtes bi-national par naissance ou par choix en le demandant à l'administration à 18 ans ? Si les gens binationaux ne peuvent plus perdre leur nationalité française en cas de faute grave (terrorisme, etc) ...

le 01/07/2024 à 13:39
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"Certains pays ne la pratiquent pas (dont Cuba LOL!). Est ce à dire que si un Suisse (au hasard) (ou un extra UE) demande (car il remplit les conditions) la nationalité espagnole, on va lui demander de prêter serment confirmant qu'il renonce à sa nat...

à écrit le 30/06/2024 à 8:11
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"La démocratie et son expression la plus noble, des élections libres, obligent chacun d'entre nous à un effort de raison, de tolérance et de civisme" LOL ! Faites gaffe vous parlez comme Gluksman ! ^^ Bien sûr que non, les osuris votent poru les ...

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