Champion européen de la rentabilité, Ryanair est tombé sur un os au premier trimestre de son exercice décalé 2024-2025. La compagnie low-cost irlandaise reste certes bénéficiaire, mais elle a vu son chiffre d'affaires stagner malgré une hausse d'activité et surtout sa rentabilité divisée par deux par rapport à la même période lors de l'exercice précédent. Conséquence directe de ces résultats en demi-teinte, le cours de bourse du groupe chutait de près de 15 % à la mi-journée.
Des prix en baisse
Ce premier trimestre est assurément un coup dur pour son directeur général, le fantasque Michael O'Leary, qui a analysé cette mauvaise performance comme la combinaison de plusieurs facteurs. Il a mis en avant « une stimulation des prix plus importante que prévu », tout en rappelant que la période de Pâques, très demandée pour les voyages intra-européens et qui tire les prix vers le haut, s'était en partie déroulée lors de l'exercice 2023-2024 achevé en le 31 mars. Cela a résulté en une baisse des tarifs de l'ordre de 15 %.
En dépit de hausses de 10 % tant du trafic, avec plus de 55 millions de passagers durant le trimestre, que des ventes de services ancillaires (ventes à bord, services additionnels, réservations croisées...), le chiffre d'affaires a donc stagné, voire légèrement reculé. Il s'est ainsi établi à 3,6 milliards d'euros. Dans le même temps, les dépenses opérationnelles ont continué de croître au-delà de la croissance du trafic, portées principalement par la hausse des coûts de personnel et les conséquences des retards de livraison de Boeing selon Michael O'Leary.
Face à cette combinaison, Ryanair a vu sa marge opérationnelle divisée par deux, même si elle reste tout de même de 10 % pour un résultat lui aussi amputé de moitié, à 366 millions d'euros. Son profit net chute dans les mêmes proportions à 360 millions d'euros.
Toujours pas de prévisions annuelles
Ryanair semble surtout avoir du mal à trouver la solution pour le reste de l'exercice, qui s'achèvera fin mars 2025. La compagnie low cost reste sur un objectif de hausse de trafic de 8 % par rapport à l'année précédente, qui doit l'amener à tutoyer les 200 millions de passagers, qui constituerait un record. Mais elle indique que cela dépendra des livraisons de 737 MAX, avec seulement 12 livraisons cette année contre 35 contractualisées, d'autant que « subsiste un risque que les livraisons de Boeing diminuent encore ».
Surtout, Ryanair s'abstient à nouveau de donner des prévisions financières. Tout comme en mai dernier, pour les résultats annuels, Michael O'Leary juge qu'il « est trop tôt pour fournir des prévisions significatives pour l'exercice 2025, bien que nous espérions être en mesure de le faire lors de nos résultats du premier semestre en novembre ».
« Le résultat final de l'exercice 2025 reste soumis à l'évitement de développements défavorables au cours de l'exercice (en particulier en raison de la poursuite des conflits en Ukraine et au Moyen-Orient, de la pénurie répétée de contrôleurs aériens et des restrictions de capacité, ou de nouveaux retards de livraison de Boeing) », a déclaré le patron de Ryanair pour justifier cette absence de publication d'objectifs.
Pas de quoi rassurer les investisseurs, avec un cours de bourse qui décline depuis plusieurs mois après avoir atteint des sommets en avril dernier. Et, sensiblement affectée par ces résultats décevants, la cotation de Ryanair est même tombée au plus bas depuis mars 2023 à la mi-journée.
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