Lufthansa va augmenter le prix de ses billets en Europe y incluant un « supplément environnemental »

Par latribune.fr  |   |  593  mots
Le montant du supplément variera « en fonction de l'itinéraire et du tarif de vol », sur une échelle entre 1 et 72 euros. (Crédits : MICHAELA REHLE)
Lufthansa a annoncé ce mardi augmenter le prix de tous ses vols européens « à partir du 1er janvier 2025 ». Le groupe entend, avec cette mesure, couvrir une partie des coûts liés aux exigences environnementales de la Commission européenne, qui impose aux compagnies un niveau minimum de carburants durables à incorporer dans les réservoirs de leurs avions, plus chers que le kérozène.

Voyager à bord d'un avion de la compagnie Lufthansa coûtera bientôt plus cher. Le premier groupe aérien européen a annoncé ce mardi augmenter le prix de tous ses vols européens au départ des 27 pays de l'Union européenne, du Royaume-Uni, de la Norvège et de la Suisse, selon un communiqué. Le supplément, dont le montant variera « en fonction de l'itinéraire et du tarif de vol » sur une échelle entre 1 et 72 euros, s'appliquera pour tous les vols prévus « à partir du 1er janvier 2025 », est-il précisé.

La faute aux SAF

L'entreprise allemande explique cette décision par le fait qu'elle « ne sera pas en mesure de supporter seule les coûts supplémentaires croissants résultant des exigences réglementaires dans les années à venir ». Lufthansa fait ici référence aux quotas obligatoires imposés par l'UE visant à incorporer des carburants plus durables (connus sous l'acronyme « SAF » pour « sustainable aviation fuel ») dans les réservoirs des avions, afin de remplacer progressivement le kérosène.

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Ainsi, la part de SAF doit atteindre 2% à partir de 2025, 6% en 2030, puis 20% à partir de 2035 et enfin 70% en 2050. Or, la production des SAF est encore embryonnaire : elle correspondait en 2023 à 0,5% de la demande mondiale en carburant d'aviation. En raison de cette faible disponibilité, leur prix est toujours trois à cinq fois plus élevé que le kérosène fossile, selon Lufthansa. « Plus la production de SAF augmente, plus leur prix baissera », a expliqué un porte-parole du groupe à l'AFP. Mais tant que leur prix ne diminue pas, Lufthansa pourrait continuer à répercuter le surcoût sur le prix des billets, a-t-il prévenu.

Pour rattraper le retard dans la production des SAF en Europe, les principales compagnies aériennes européennes, dont Lufthansa, ont appelé l'UE en mars à s'inspirer des États-Unis où la production bénéficie d'incitations.

Pour rappel, avant Lufthansa, Air France-KLM avait déjà pris cette décision de répercuter une partie du surcoût des carburants d'aviation durables sur les prix des billets. Une mesure mise en place depuis début 2022.

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Une plainte pour « greenwashing » toujours en cours

Ce supplément environnemental s'ajoute, en outre, à un autre surplus, facultatif cette fois-ci, proposé aux voyageurs. Cette somme est censée, d'une part, compenser les émissions de CO2 d'un vol, par exemple en plantant des arbres, et, d'autre part, contribuer au développement des carburants d'aviation durables (SAF). Une pratique non pas propre à Lufthansa, mais aussi utilisée par d'autres compagnies (Air Baltic, Air Dolomiti, Air France, Austrian, Brussels Airlines, Eurowings, Finnair, KLM, Norwegian, Ryanair, SAS, SWISS, TAP, Volotea, Vueling et Wizz Air).

Or, ce procédé fait l'objet d'une plainte d'associations de consommateurs déposée fin 2023 auprès de la Commission européenne. 23 associations de 19 pays accusent ainsi ces compagnies aériennes de « greewaching » (eco-blanchiment) et de « pratiques commerciales trompeuses ». Elles leur reprochent de « sous-entendre que le transport aérien peut être "durable", "écoresponsable" et "vert" », ont-elles expliqué. « Nous échangeons actuellement avec la Commission européenne » à ce propos, a d'ailleurs indiqué ce mardi un porte-parole de Lufthansa.

Le secteur aérien a transporté 4,5 milliards de passagers en 2019, produisant 2,4% des émissions mondiales de CO2, selon l'International Council on Clean Transportation (ICCT). Il devrait dépasser ce niveau cette année puisque le nombre de passagers est attendu précisément à 4,96 milliards, d'après les prévisions de l'Association internationale du transport aérien (Iata).

(Avec AFP)