Panne informatique : après une journée noire, le transport mondial relève la tête

Toute la matinée, les annonces de perturbations se sont multipliées à travers le monde chez les acteurs du transport, en particulier dans l'aérien. Entre retards et suspensions de vol, c'est déjà une journée noire. S'il est encore trop tôt pour connaître l'ampleur réelle des perturbations et leurs conséquences dans le temps, la facture s'annonce d'ores et déjà salée en plein pic estival de trafic. Un vendredi qui plus est.
Léo Barnier
KLM et l'aéroport d'Amsterdam-Schiphol font partie des opérateurs les plus affectés en Europe par la panne informatique mondiale.
KLM et l'aéroport d'Amsterdam-Schiphol font partie des opérateurs les plus affectés en Europe par la panne informatique mondiale. (Crédits : Yves Herman)

[Article publié à 15h22, mis à jour à 19h10 avec l'évolution de la situation chez les différents acteurs concernés et les déclarations du ministre des Transports français]

Dans le maelström créé par la panne informatique qui a touché les outils Windows à travers le monde, les transports se sont retrouvés au cœur du tourbillon. Tout au long de la matinée, de nombreuses compagnies aériennes ont annoncé avoir été touchées de façon plus ou moins importante, tout comme de nombreux aéroports ou encore des opérateurs ferroviaires. Ces problèmes ne touchent pas les systèmes critiques pour la sécurité des vols ou des circulations, et semblent affecter essentiellement des systèmes au sol tels que ceux d'enregistrement ou de réservation. Mais cela suffit à perturber largement les opérations à l'échelle mondiale. Dans ce désordre général, la France semble bien s'en tirer pour le moment.

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Certaines compagnies semblent en mesure de redémarrer leurs systèmes et de contourner le problème par la mise à jour de contenu déployé par l'entreprise de cybersécurité CrowdStrike pour les systèmes Windows. La mise en place d'un correctif pourrait aussi améliorer les choses. En attendant, certaines compagnies mettent en place des procédures manuelles, pour l'enregistrement des passagers notamment, afin d'amortir les perturbations. Mais cela génère nécessairement des retards importants et de longues files d'attente se sont formées dans les aéroports à travers le monde. D'autres compagnies sont contraintes de suspendre tout bonnement leurs opérations. Ce qui est sûr, c'est que la note sera salée pour tout le monde.

La France semble relativement épargnée

La Direction générale de l'aviation civile (DGAC) a affirmé à La Tribune que les outils du contrôle aérien français n'avaient pas été affectés. Elle reste du moins très attentive à l'évolution de la situation et du programme de vol des compagnies. L'administration reste néanmoins très prudente. Il semble ainsi très difficile de pouvoir faire des prévisions sur les perturbations pour les prochaines heures et encore moins sur la journée. Du côté du ministère des transports, on indique également « suivre avec attention l'évolution de la situation ».

En fin d'après-midi, Patrice Vergriete, ministre des Transports (démissionnaire), a indiqué sur X (ex-Twitter) : « Les compagnies aériennes et aéroports affectés par la panne informatique rétablissent progressivement leurs services. Nous sommes activement mobilisés pour assurer un retour à la normale dans les meilleurs délais. »

Du côté des opérationnels, Air France semble avoir réussi à mitiger les risques. A midi, la compagnie indiquait que ses opérations « restent proches de la normale malgré la crise informatique mondiale en cours ». « A ce stade, seuls les vols vers Amsterdam et Berlin sont perturbés. Les autres vols partent et arrivent normalement », ajoutait-elle sans exclure néanmoins pas des retards sur la journée. Il a ensuite annoncé un retour à la normale à 15h. Aucun système opérationnel ne semble ainsi avoir été affecté pour Air France, même si la compagnie indiquait plus tôt ce matin subir tout de même des perturbations « dans certaines escales ».

La situation a été plus compliquée pour sa filiale Transavia France, qui a été contrainte d'annuler près de 40 vols en pleine période de pointe estivale, en raison de la perturbations de ses opérations.

Paris Aéroports (groupe ADP) a indiqué ne pas être touché par la panne, mais que plusieurs compagnies sur les plateformes d'Orly et Roissy sont affectées avec comme conséquences un « ralentissement des enregistrements, des retards et la suspension temporaire de certains programmes de vols ». De la même manière, d'autres aéroports français sont touchés a priori indirectement.

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Des situations disparates à travers le monde

Les Etats-Unis semblent en revanche particulièrement touchés. L'Administration fédérale américaine de l'aviation (FAA) a indiqué que « plusieurs compagnies aériennes (lui) ont demandé de les aider avec des immobilisations au sol jusqu'à ce que le problème soit résolu ». Les trois géants américains du transport aérien que sont Delta Air Lines, United Airlines et American Airlines, ont ainsi suspendu temporairement leurs opérations et actuellement six aéroports internationaux sont fermés à travers le pays, dont Boston ou Las Vegas. A 19h (heure française), un septième aéroport était fermé et des retards étaient toujours signalés au départ ou à l'arrivée par la FAA sur six plateformes supplémentaires.

A 12h30 (heure de Paris), United Airlines indiquait que « certains vols reprennent, alors (qu'elle) travaille à la restauration complète » des systèmes informatiques concernés. Elle prévient néanmoins que « de nombreux clients voyageant aujourd'hui risquent de subir des retards ». De son côté, American Airlines déclare avoir « pu rétablir nos opérations en toute sécurité depuis 5 heures du matin (11h, heure de Paris) ». Delta Air Lines a également repris ses vols par la suite.

En Europe, Ryanair, ITA Airways et KLM ont notamment fait part de leurs difficultés. La low cost irlandaise demande à ses passagers d'arriver avec trois heures d'avance à l'aéroport afin de pouvoir s'enregistrer sur place.

Après avoir été fortement impactée, avec des retards et l'annulation de 60 vols, dont 34 à l'aéroport de Rome-Fiumicino et 26 à l'aéroport de Milan-Linate, ITA Airways a indiqué dans l'après-midi que « les systèmes de la compagnie, malgré la panne informatique mondiale généralisée, ont continué à fonctionner correctement grâce à des solutions de secours ». Elle précise que plus de « 90 % des passagers concernés ont été replacés sur des vols prévus pour aujourd'hui et demain ».

La compagnie néerlandaise du groupe Air France-KLM indique pour sa part « avoir été touchée par la panne informatique mondiale, rendant impossible le traitement des vols. [...] Pour l'instant, nous sommes contraints de suspendre la plupart des opérations. » Cette dernière subit en plus les perturbations rencontrées par les deux principaux aéroports des Pays-Bas, Amsterdam-Schiphol et Eindhoven. L'aéroport de Schiphol a indiqué à l'AFP qu'il « cartographiait l'impact » des difficultés.

Des aéroports à l'arrêt

Un grand nombre d'aéroports ont d'ailleurs annoncé des perturbations et la formation de longues files d'attente en plein pic de trafic estival, à l'instar de Sydney en Australie, Singapour, ou encore Hong Kong, mais aussi les aéroports du Royaume-Uni et d'Espagne, selon les autorités de l'aviation civile de ces deux pays. Ces aéroports n'ont pas précisé s'ils étaient directement touchés ou s'ils subissaient les difficultés rencontrées par les compagnies aériennes.

Dans le cas de Hong Kong et de Singapour, les compagnies semblent les seules touchées à l'image de Cathay Pacific qui indique sur son site que les services de réservation et de rachat sont « actuellement indisponibles », tandis que sa filiale HK Express subit des problèmes sur les enregistrements et les contrôles de sécurité, comme le rapporte l'AFP.

En revanche, l'aéroport de Berlin a suspendu ses opérations, avant d'annoncer une reprise partielle dans la matinée. Dans le même temps, Zurich a suspendu les atterrissages jusqu'à nouvel ordre. L'aéroport laissait tout de même les avions en route se poser dans un premier temps, mais a ensuite demandé à Skyguide (les services de la navigation aérienne suisses) de ne plus accepter d'autres approches. L'interdiction a été levée en début d'après-midi.

Cela semble être aussi les cas pour les aéroports espagnols, dont l'opérateur Aena a précisé dans l'après-midi que « ses principaux systèmes » avaient été « rétablis ». Le groupe a ajouté « travailler directement » avec l'entreprise informatique à l'origine de cette défaillance « pour mettre en oeuvre une solution définitive ».

Skyguide a d'ailleurs déclaré être « également touchés depuis ce matin par la panne informatique mondiale », décidant en conséquence de réduire de 30 % la capacité de trafic en transit au-dessus de la Suisse. Cette restriction a été levée à 14h. Le contrôle suisse a admis que « l'informatique d'entreprise est également partiellement touchée », mais assure que « la sécurité dans l'espace aérien suisse est garantie ».

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Le reste des transports moins affecté

Les mêmes disparités se retrouvent du côté ferroviaire, même si l'impact semble bien moins généralisé pour des réseaux essentiellement nationaux avec moins d'opérateurs. En France, le groupe SNCF dans ses différentes composantes comme la RATP ne sont pas touchés par le phénomène.

Ce n'est pas le cas des compagnies ferroviaires du groupe britannique Govia Thameslink Railway. Le principal opérateur ferroviaire du pays a ainsi indiqué ce matin « connaître actuellement des problèmes informatiques étendus sur (son) réseau », comme le rapporte l'AFP. Et il met en garde contre de potentielles annulations de dernières minutes.

Le domaine maritime ne semble pas impacté, même si l'agence de presse néerlandaise ANP rapporte que l'autorité portuaire de Rotterdam enquêtait de son côté sur des « signaux » indiquant que des perturbations pourraient également causer des problèmes dans le port.

(Avec AFP)

Léo Barnier

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Commentaires 8
à écrit le 20/07/2024 à 11:21
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Gageons qu'à prendre des fournisseurs plus puissants qu'eux, les professionnels du secteur aéronautique ont pris des précautions contractuelles visant à se faire indemniser pour perte d'exploitation, et que leurs services achats planchent sur des so...

à écrit le 20/07/2024 à 11:18
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Il ne faut pas se réjouir trop vite que le bug soit maitrisé, car l'intervention humaine pour éradiquer le problème peut devenir le deuxième temps d'une attaque. Une intervention humaine sur le matériel est bien plus risquée qu'un cheval de Troie aut...

à écrit le 20/07/2024 à 7:43
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A vouloir tout faire dépendre de la dématérialisation et de l informatique, on s expose à un bug géant qui pourrait nous mettre à terre en moins de deux. Pire qu une guerre et plus rapide!!!mais je vais sûrement passer pour un ringard...

à écrit le 20/07/2024 à 7:11
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"Si vous ne trouvez plus rien cherchez autre chose" Brigitte Fontaine.

à écrit le 19/07/2024 à 16:12
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Si la France parait peu touchée, c'est qu'on y est encore à compter sur ses doigts.

à écrit le 19/07/2024 à 15:52
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[La panne informatique qui a touché les outils Windows à travers le monde] C’est bien pour ça que suis depuis des lustres sur Ubuntu/Linux. Ceci étant souligné, une panne ou une cyber-attaque?

à écrit le 19/07/2024 à 15:38
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Des avions qui ne volent pas, ce n'est pas une si mauvaise nouvelle pour le climat, la planète, voire pour les passagers qui ont eu la folie d'acheter un billet pour le Sud de l'Europe et de tour de la Méditerranée en pleine canicule.

le 19/07/2024 à 16:00
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@Valbel89. Pas tout le monde souhaite se changer d'air en Europe, car la planète est si vaste qu'elle permet aussi de s'ouvrir aux autres, c'est bon pour l'esprit. Ni de passer ses jours au camping du coin pour échanger sur les sempiternelles problèm...

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