Christophe Fanichet (SNCF Voyageurs) : « La SNCF veut faire de la grande vitesse pour tous »

ENTRETIEN EXCLUSIF - Christophe Fanichet, patron de SNCF Voyageurs depuis 2020, annonce 5 milliards d’euros d’investissements en dix ans.
Christophe Fanichet le 13 juin à Paris.
Christophe Fanichet le 13 juin à Paris. (Crédits : © LTD / ELIOT BLONDET / ABACAPRESS.COM)

Ancien conseiller du PDG sur le départ Jean-Pierre Farandou, cet ingénieur de formation est entré à la SNCF en 2008.

LA TRIBUNE DIMANCHE - Vous venez d'être reconduit pour quatre ans à la présidence de SNCF Voyageurs. Avec quelles priorités ?

CHRISTOPHE FANICHET - Proposer plus de trains, à des prix plus abordables. Nous allons augmenter l'offre TGV de 25 % d'ici à 2034 : 15 % en France et 10 % à l'international. Notre activité hors de France représente déjà 30 % de notre chiffre d'affaires, avec 30 millions de voyageurs par an dans neuf pays, majoritairement en coopération. Mon objectif est d'atteindre le seuil de 50 millions de voyageurs à l'international dans les dix ans à venir. C'est dans ce cadre que nous venons d'annoncer notre arrivée en Italie, sur le Turin-Naples et le Milan-Venise, à partir de 2026.

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Et en France ?

L'augmentation de l'offre s'appuiera en partie sur une hausse du nombre de trains Ouigo, à 30 % du total, contre 20 % aujourd'hui. C'est ce qui nous permettra de proposer des prix plus attractifs. En régions, la croissance des TER s'élève déjà à 20 % depuis la pandémie. Cinq millions de Français utilisent quotidiennement les trains régionaux et franciliens. Les jeunes représentent 40 % des nouveaux voyageurs.

Certaines lignes sont victimes de pannes et de retards récurrents, comme celles de Limoges et de Clermont-Ferrand. Comment y remédier ?

J'en suis conscient. Nous y travaillons activement. Ce sont des lignes que nous traitons avec le même soin que les lignes à grande vitesse, en mettant en place des salles de crise, des locomotives suiveuses en cas de panne, ou en installant des clôtures pour les protéger des animaux. L'État investit, avec des trains neufs qui vont arriver.

Comment allez-vous financer l'augmentation du nombre de trains ?

Par un investissement massif : 5 milliards d'euros ces dix prochaines années. Uniquement sur fonds propres, sans aucune subvention publique. Sur cette enveloppe, 4 milliards seront consacrés à l'achat de trains : 115 nouveaux TGV M, 100 pour la France, 15 pour l'Italie. Les livraisons commenceront à la fin de l'an prochain. La durée de vie d'une centaine de TGV actuels sera également prolongée, de quatre à dix ans. Nous serons ainsi les seuls au monde à savoir faire rouler des TGV pendant un demi-siècle en toute sécurité ! Les TER seront aussi rénovés pour le compte des Régions, ce qui leur permettra de circuler vingt ans de plus. Nous investissons d'autre part 1 milliard d'euros dans la maintenance.

Mon objectif est d'atteindre 50 millions de voyageurs à l'international dans les dix ans à venir

Le prix des billets de train suscite de multiples critiques...

Je veux faire de la grande vitesse pour tous. D'où le passage de 20 à 30 % des TGV Ouigo.

Allez-vous recruter ?

De 2021 à 2023, nous avons déjà doublé le nombre de recrutements par an. SNCF Voyageurs est une entreprise attractive : 5 000 nouveaux collaborateurs nous rejoindront en 2024. Je reçois 250 000 candidatures chaque année.

Comment vous préparez-vous à l'intensification de la concurrence ?

Nous avons gagné une partie des premiers lots ouverts sur les TER en régions. Nous comptons bien défendre nos couleurs dans les 40 appels d'offres prévus ces prochaines années. Nos atouts sont nombreux : le savoir-faire des cheminots, notre compétitivité, notre capacité d'innovation en matière de services commerciaux, la force de notre outil industriel de maintenance, qui s'améliore de plus en plus grâce à l'IA.

Comment se présente l'été ?

Historique ! Il n'y aura jamais eu autant de places à prix inchangé. Les Français modifient leurs habitudes estivales, en optant davantage pour la montagne, Alpes ou Pyrénées. Et pour la Bretagne. Les trajets entre régions augmentent aussi. Nous avons donc ajouté 400 000 places cet été : 300 000 sur l'Ouest, 100 000 vers les Alpes. Nous avons déjà vendu 6,5 millions de billets longue distance, soit une hausse de 10 % en un an. Le train de nuit connaît un grand succès : six places sur dix ont déjà été vendues pour le premier week-end de juillet. Pour la première fois cet été, nous desservons Nîmes, Montpellier-Sète et Agde.

Tout est complet ?

Pas du tout ! Il reste encore beaucoup de places. Trois sur quatre sont encore disponibles, mais mieux vaut réserver sans tarder.

Et les Jeux olympiques et paralympiques ?

Nous enregistrons 20 % de réservations supplémentaires pour la première quinzaine d'août, soit 2 millions de billets déjà vendus. Le chassé-croisé du week-end laisse place à un chassé-croisé quotidien, pour aller voir une épreuve dans la journée, avec 30 % de mouvements de plus en semaine. Des destinations connaissent un engouement inédit, à l'image de Lille avec le basket, où les réservations sont en hausse de 300 %. Nous ajoutons 4 500 trains en région parisienne à la demande d'Île-de-France Mobilités, soit 15 % de plus. Et 300 TER en régions, ainsi que quelques dizaines de TGV, dont nous adapterons les horaires pour permettre de rentrer en soirée après une épreuve sportive. Nous devons relever le défi de flux inédits de voyageurs, l'équivalent de trois Coupes du monde ou trois concerts de Beyoncé en une journée !

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Commentaires 7
à écrit le 17/06/2024 à 16:02
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Dans les années 80 pour descendre dans le sud, la bagnole sur un wagon et le conducteur en train couchette. Quant à ce voyage en Mistral première classe, même en rêve cela n'existe plus.

à écrit le 16/06/2024 à 8:27
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C'est pas le problème du train la vitesse, le problème c'est que vous avez passez votre temps à le massacrer ce train, l es 3/4 des voies ferrées françaises démantelées ces 60 dernières années. Vivement des gens qui aiment le train pour s'en occuper.

le 16/06/2024 à 9:45
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un espoir ,? le coup d arrêt de la politique destructrice du ferroviaire. ! ( le ferroutage est bien passé à la trappe ! le réseau routier se dégrade trop de camions)

le 16/06/2024 à 10:28
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"le réseau routier se dégrade trop de camions" Poids lourd: 45 tonnes poids moyen d'une voiture 1.2 tonnes en effet ils massacrent nos routes et ne paient jamais quoi que ce soit. Notre argent public leurs profits, ça ne peut plus durer.

le 17/06/2024 à 18:22
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Pour info les transporteurs paient la taxe à l'essieu et les routes les plus endommagées sont les départementales en attendant les poids lourds 60 tonnes !!!

à écrit le 16/06/2024 à 8:19
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a quand le retour du tarif au km et exit les taxes pour les voie ferre et autre

le 16/06/2024 à 9:58
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Vous les entretenez comment, les voies, sans péage pour les trains SNCF ou concurrents qui roulent dessus ? C'est l'Etat qui doit payer ? Un TGV on paie 100% du coût (train, électricité, personnel, etc), les TER sont subventionnés (région, etc). TGV ...

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