JO 2024 : le pari de Vittel pour renforcer son attractivité

PARIS 2024. Quarante ans après ses campagnes publicitaires « Buvez, éliminez », la commune vosgienne fait toujours les yeux doux aux sportifs. Dans son centre d'entraînement, géré en régie, Vittel accueille des boxeuses sélectionnées pour les Jeux olympiques. La mairie joue gagnant : quinze fédérations séjournent au Centre de préparation omnisports, dernière ligne droite avant Paris 2024.
Quarante boxeuses internationales s'entraînent en juillet au Centre de préparation omnisports de Vittel.
Quarante boxeuses internationales s'entraînent en juillet au Centre de préparation omnisports de Vittel. (Crédits : Ville de Vittel)

Quarante boxeuses ont pris leurs quartiers en juillet dans les gymnases du CPO, le centre de préparation omnisports de Vittel. Cet été, la petite commune vosgienne de 5.000 habitants a accueilli les délégations féminines de quinze fédérations olympiques : France, Thaïlande, Pologne, Vietnam, et d'autres encore. À partir du 27 juillet, à l'issue de leurs entraînements dans les Vosges, les boxeuses iront combattre au parc des expositions de Villepinte puis à Roland Garros. Les finales de boxe féminine auront lieu entre le 6 août et le 10 août.

« Vittel est un bon choix pré-olympique pour nos boxeuses, parce que nous y trouvons des partenaires d'entraînement de très haut niveau », se réjouit Jakub Sawicki, l'un des entraîneurs de l'équipe polonaise, arrivé le 5 juillet dans les Vosges . « Nous avons deux sessions d'entraînement par jour. Elles durent entre 60 minutes et 90 minutes. Ensuite, j'emmène mes athlètes en promenade. Il est prouvé scientifiquement que la promenade a un effet bénéfique sur la régulation du cortisol, l'hormone du stress physique ou émotionnel. C'est bon pour nos boxeuses », poursuit le coach.

Un centre omnisports intégré depuis les JO de Munich

Mais les fédérations n'ont pas fait le déplacement à Vittel pour goûter à la campagne. Les installations sportives municipales s'étendent sur une vingtaine d'hectares avec plusieurs gymnases, des pistes d'athlétisme, trois stades, un golf, deux piscines et un centre d'hébergement (115 lits) dédié aux athlètes.

« Notre première structure d'entraînement de haut niveau a été imaginée en 1972, au moment des Jeux olympiques de Munich, par l'ancien maire de Vittel Guy de la Motte-Bouloumié. À l'époque, il n'y avait rien d'équivalent, l'Insep et les installations de Font Romeu n'existaient pas », rappelle Franck Perry, l'actuel maire (divers droite) de Vittel.

Dans les années 1970, Vittel vivait encore son heure de gloire. Guy de la Motte-Bouloumié, le maire, présidait aussi la société locale des eaux minérales, avant son rachat par Nestlé. Quand il commandait ses campagnes de publicité pour vendre l'eau en bouteilles, l'édile pensait aussi à la promotion touristique de la ville. Les clips « Buvez, Eliminez », mis en musique par le chanteur et compositeur Richard Gotainer, contribuaient à remplir les hôtels.

60 millions d'euros pour relancer la station

Pourtant, la fréquentation a baissé. Présent à Vittel depuis 1973, le Club Med a fermé son Grand Hôtel. Les collectivités ont dû intervenir en 2022 pour sauver le patrimoine immobilier « Belle Epoque » autour du parc thermal. 60 millions d'euros vont être investis dans le projet « Vittel Horizon 2030 », qui comprend l'acquisition et la rénovation de plusieurs ensembles (hôtels, thermes, théâtre, casino). Un nouvel opérateur, France Thermes, a été retenu pour relancer le thermalisme en délégation de service public. « 1.200 chambres vont être rénovées, ça va marquer les esprits », se réjouit Franck Perry.

Lire aussiVittel : les collectivités au secours du tourisme et des thermes

Géré en régie municipale, le CPO a déjà bénéficié de 3 millions d'euros d'investissements. La ville a financé la reconstruction des vestiaires et fait aménager une chambre hypoxique : les athlètes pourront réduire volontairement l'apport d'oxygène pendant leurs entraînements pour améliorer la performance. Non loin de là, une chambre climatique permet de simuler des conditions chaudes ou humides, pour les sportifs qui prévoiraient des compétitions sous d'autres climats. « Il faut faire vivre ce grand bateau », reconnaît Franck Perry. « Nous pourrions accueillir des équipes professionnelles de football en Ligue 2, après les Jeux Olympiques », espère l'élu.

Calculer l'après-JO

Malgré ses installations thermales vieillissantes, Vittel n'a jamais perdu le contact avec les sportifs. Le CPO a établi des relations privilégiées avec certaines fédérations : la boxe et le triathlon. Mais toutes les disciplines sont bienvenues.

« Laura Flessel, David Douillet ou Jean-Philippe Gatien se sont entraînés à Vittel. Plusieurs équipes nationales de football, dont la Croatie et le Sénégal, ont effectué ici leurs séjours de préparation. Nos champions ont gagné une soixantaine de médailles olympiques dans toutes les disciplines », a calculé Franck Perry.

Après le départ des boxeuses, les jeunes triathlètes français viendront prendre le relais au CPO, en préparation des championnats d'Europe en Turquie. À la fin de l'été, il faudra calculer les retombées. « Vittel Horizon 2030 va sauvegarder 365 emplois directs dans le tourisme. Et nous allons encore créer le plus grand spa du Grand-Est, avec 30 ou 40 emplois supplémentaires », calcule Franck Perry. En finançant du sport et des infrastructures touristiques, les collectivités ne vont-elles pas trop loin ? « Le sport, c'est la rigueur, l'humilité. Le sport et la culture mobilisent 17 % de notre budget municipal, ce n'est pas neutre », reconnaît l'élu. Mais, le centre d'hébergement Vita est géré comme un centre de profits : ses comptes sont bénéficiaires avec un tarif journalier à 69 euros, en pension complète.

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Commentaires 2
à écrit le 19/07/2024 à 8:33
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Aux US, c'est "Tirez...Eliminez". Beaucoup plus radical. 😃

à écrit le 19/07/2024 à 7:28
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Ancien haut lieu de propagande nazie, ya des villes comme Vichy, Vittel et autres, qui auraient du changer de nom après la guerre car définitivement salie par l'engeance barbare.

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