A la veille des 80 ans du D-Day, le business mémoriel bat son plein en Normandie

Profitant du 80ème anniversaire de l’opération Overlord du 6 juin 1944, les entreprises normandes ont joué à fond la carte du tourisme de mémoire. En ligne de mire, les millions de visiteurs attendus sur les plages du débarquement.
Le fabricant du célèbre Parapluie de Cherbourg a conçu un modèle aux couleurs du 80ème anniversaire du débarquement.
Le fabricant du célèbre Parapluie de Cherbourg a conçu un modèle aux couleurs du 80ème anniversaire du débarquement. (Crédits : Le Parapluie de Cherbourg)

La machine à broder flambant neuve tourne à plein régime depuis plusieurs semaines dans les locaux de L'Atelier du Dealer. A la veille du 6 juin, les dix salariés de cette TPE installée à Douvres-la-Délivrande (Calvados) ont travaillé tout le week-end, nuits comprises, pour fournir fanions, mugs, casquettes ou tee-shirts frappés du logo du 80ème anniversaire.

« L'engouement est monstrueux, encore plus fort que celui d'une Coupe du monde, rapporte le gérant Louis Haincourt. Le flux de commandes est tel que nous avons fabriqué plus de vingt kilomètres de banderoles de drapeaux ». L'intéressé  s'attend à réaliser « au moins » 100.000 euros de chiffre d'affaires grâce aux seuls souvenirs du débarquement. « Il y a une vraie prise de conscience de l'importance du made in France, constate t-il. Même Leclerc a fait bosser des boîtes normandes ».

Sacs, parapluies et marinières

L'entreprise est loin d'être la seule à avoir joué la carte du D-Day. A Caen, la société Filt mise aussi sur le tourisme de mémoire pour doper ses ventes. Connue pour avoir réhabilité le cabas en filet de nos grands-mères pour la marque Longchamp, elle a conçu un modèle aux couleurs des treillis militaires. « Devoir de transmettre », invoquent ses dirigeants.

Un peu plus à l'Ouest dans le Cotentin, le fabricant du célèbre Parapluie de Cherbourg n'est pas en reste. Lui a réalisé une centaine d'exemplaires brodés de la mention « 80ème » pour perpétuer la tradition, explique son PDG Charles Yvon. « Celui imaginé pour le 50ème anniversaire est devenu collector. Il a été offert à tous les chefs d'Etat qui étaient présents », se souvient-il. Dans la Manche, les Tricots Saint James ont également voulu « célébrer leurs racines » avec une collection de trois marinières floquées d'une jeep, d'un casque ou d'un parachute dessinés par un graffeur du cru.

Une offre pléthorique

Mais c'est surtout dans l'alimentaire que les Normands ont jeté toutes leurs forces. Des madeleines Jeannette à la chocolaterie des Chevaliers d'Argouges en passant par les caramels d'Isigny ou le calvados Château du Breuil, rares sont les producteurs qui ne se sont pas mis au diapason. « Plus de 40 produits sont déclinés sous un packaging spécialement imaginé pour célébrer cet événement aux couleurs de la liberté », précise l'AREA (Association régionale pour l'agro-alimentaire). Laquelle orchestre leur déploiement dans les grandes surfaces.

Autre preuve de cette mobilisation générale, le nombre record d'articles commercialisés par l'intermédiaire de la plateforme « consommez-normand.com » conçue par les Chambres de commerce pendant la pandémie. Celle-ci répertorie plus de 200 produits (foulards, porte-clefs, cartes postales...) arborant le logo du 80ème anniversaire. « Nous voulons fixer autant que possible la valeur ajoutée sur le territoire normand », explique-t-on à la CCI de Caen. Le jeu en vaut la chandelle. Selon une étude sur les retombées économiques du tourisme de mémoire publiée en 2023, la consommation totale des visiteurs des sites du débarquement dépasse chaque année 700 millions d'euros.

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Les commissaires-priseurs apportent leur pierre

Cherbourg, Caen, Coutances, Grandcamp-Maisy... Un peu partout, les maisons d'enchères normandes participent à leur manière aux commémorations. Avec un certain succès. Ainsi à l'hôtel des ventes de Caen, la quasi-totalité des « 80 objets mis en vente à l'occasion des 80 ans du débarquement » ont trouvé preneurs, ce samedi (01/06). Vedette de la séance, la plaque émaillée d'époque du village de Sainte-Mère-Eglise, trouée d'impacts de balles, s'est envolée au prix record de 60.000 euros. Elle ira rejoindre un musée américain. Sous le marteau de maître Rivola, une moto Harley Davidson de l'US Navy a été acquise par un collectionneur français au prix de 15.000 euros. Mais la palme revient au drapeau d'un régiment britannique « ayant servi sur la plage de Juno Beach » pour lequel l'acheteur aura déboursé la modique somme de 6.800 euros.

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Commentaires 4
à écrit le 04/06/2024 à 8:51
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C'est quand même très gênant concernant cette période aussi catastrophique pour la France ravagée par la barbarie nazi. Jean Moulin en figurine ? 3Le moins pire des systèmes" qu'ils nous disent, si si c'est sûr ! ^^

à écrit le 04/06/2024 à 8:29
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Mercantilisme opportuniste quand tu nous tiens . J espère si il n y aura peu de monde .. comme pour jes Jo ! Tout ce bazar fabriqué sous disant en France . Suffit de changer l étiquette .. au fait les produits dérivés vendus pour les Jo sont tous...

à écrit le 04/06/2024 à 8:29
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Mercantilisme opportuniste quand tu nous tiens . J espère si il n y aura peu de monde .. comme pour jes Jo ! Tout ce bazar fabriqué sous disant en France . Suffit de changer l étiquette .. au fait les produits dérivés vendus pour les Jo sont tous...

à écrit le 03/06/2024 à 23:14
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Personne ne parle plus du refus de De Gaulle de participer aux commémorations du débarquement anglo-saxon de juin 1944 en Normandie. La lecture de l'ouvrage d'Alain Peyrefitte "C'était De Gaulle" s'impose aux citoyens pour connaitre le sort que voula...

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