La production manufacturière enregistre son recul le plus important en six mois

L'indice PMI de l'agence S&P Global et la Hamburg Commercial Bank (HCOB) atteste d'une nouvelle contraction de l'activité manufacturière. La faute principalement à la hausse des prix qui touche le secteur. Et les perspectives s'avèrent peu réjouissantes.
La production manufacturière française a enregistré en juillet son plus fort recul depuis six mois.
La production manufacturière française a enregistré en juillet son plus fort recul depuis six mois. (Crédits : Reuters)

La production manufacturière française est toujours à la peine. Elle a enregistré en juillet son plus important recul depuis six mois, selon l'indice conjoncturel PMI publié lundi par l'agence S&P Global et la Hamburg Commercial Bank (HCOB). « On assiste à un ralentissement, surtout depuis le deuxième trimestre, qui a tendance à se confirmer », confirme à La Tribune Anne-Sophie Alsif, Cheffe économiste chez BDO France. Elle précise, par ailleurs, que l'indice PMI est un « indicateur conjoncturel », qui peut donc varier d'un mois à l'autre.

Dans le détail, l'indice est passé de 45,5 en juin à 44,0 en juillet, se maintenant ainsi « sous la barre du 50, sans changement pour un dix-huitième mois consécutif ». Pour rappel, un indice supérieur à 50 témoigne d'une expansion de l'activité. A l'inverse, un chiffre inférieur à ce seuil reflète un tassement.

A l'origine de cette contraction qui s'est « intensifiée » : une forte chute des nouvelles commandes.

« Le volume global des ventes des fabricants a en effet affiché sa plus forte baisse depuis six mois, près d'un tiers des répondants ayant fait état d'un affaiblissement de la demande par rapport au mois de juin. Les nouvelles commandes à l'export ont également diminué en juillet », est-il détaillé.

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Des coûts qui augmentent

Les fabricants français font notamment face à une hausse des prix de leurs achats, « l'inflation s'étant accélérée par rapport à juin pour afficher son plus haut niveau depuis un an et demi », précise l'enquête. Et malgré une augmentation de leurs coûts, les fabricants ont peu répercuté cette hausse sur leur prix de vente, dans le but de rester compétitif. En conséquence, cette conjoncture a « conduit les fabricants français à réduire de nouveau leurs effectifs en juillet ». Résultat, l'emploi a enregistré son plus fort recul depuis mars dernier.

Parmi les autres facteurs du recul de la production manufacturière, Anne-Sophie Alsif pointe la hausse des taux d'intérêt engendrée par la politique monétaire de la BCE qui a « eu un impact sur les financements des projets industriels ». « L'investissement s'est (donc) effondré en zone euro », ajoute-t-elle.

Pas de reprise attendue

Pour Norman Liebke, économiste à la HCOB, cette nouvelle contraction en juillet « ne permet guère d'espérer une reprise prochaine de la croissance dans l'industrie manufacturière française. De fait, notre modèle de prévisions immédiates table sur une contraction de 1% au troisième trimestre » 2024. Il souligne également que « si la contraction s'est étendue à l'ensemble des sous-secteurs couverts par l'enquête en juillet (biens intermédiaires, biens de consommation et biens d'équipement), c'est dans le secteur des biens d'équipement que la dégradation de la conjoncture a été la plus marquée ».

Par ailleurs, la confiance des entreprises reste morose. Elle s'est ainsi repliée pour le deuxième mois consécutif, signe que les perspectives d'activité se sont dégradées, note l'enquête. « Les industriels français se sentent moins optimistes quant à l'avenir (...) Ils ont cité la baisse des commandes du secteur de la construction et la diminution du nombre de clients comme motifs de leur pessimisme. En conséquence, la situation de l'emploi s'est détériorée, les industriels se préparant à des temps plus difficiles à venir », ajoute l'économiste.

Le secteur privé soutenu par les services

Sans surprise, l'indice PMI pour le secteur privé, qui est une moyenne pondérée de l'indice de la production manufacturière et de l'indice de l'activité de services, s'est également contracté en juillet. Néanmoins, ce repli est moins fort qu'en juin et se rapproche de la stabilisation : l'indice PMI Flash (première estimation publiée en amont de l'indice PMI) s'est, en effet, établi à 49,5 en juillet, contre 48,2 le mois précédent, son plus haut en trois mois.

Et ce grâce à l'activité des prestataires de service qui est, elle, repartie à la hausse (50,7 en juillet, contre 48,8 le mois précédent) pour la première fois depuis avril, une tendance imputée à la tenue des Jeux olympiques à Paris ainsi qu'à la fin des élections législatives.

« L'activité du secteur des services français a augmenté pour la première fois depuis trois mois, tendance ayant notamment reflété l'impact positif de la tenue des Jeux olympiques sur l'économie française, ainsi qu'une atténuation de l'incertitude politique après les élections en début de mois », avait alors commenté Norman Liebke.

Néanmoins, le secteur des services « créé moins de productivité et de valeur ajoutée par rapport au secteur manufacturier », souligne Anne-Sophie Alsif, l'économie française s'étant davantage spécialisé dans les services.

L'activité se contracte aussi en Europe

Il n'y a pas qu'en France où l'activité du secteur privé se contracte. Au sein de la zone euro, où l'économie reste plombée par la mauvaise santé du secteur industriel, l'indice PMI pour l'industrie manufacturière s'est établi à 42,7 (contre 43,4 en juin), au plus bas depuis plus de trois ans.

De même, l'activité du secteur privé a fortement reculé au mois de juillet, indique l'indice Flash publié le 24 juillet par S&P Global qui s'est replié à 48,9.

 Le secteur des services a lui aussi connu un net ralentissement de l'activité (à 51,1 contre 52 en juin), au plus bas depuis six mois.

(Avec agences)

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Commentaires 3
à écrit le 03/08/2024 à 0:13
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Mais non tout va bien… ce n’est qu’un sentiment….

à écrit le 02/08/2024 à 14:34
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Heureusement le programme du NFP mise en œuvre sous la houlette de Lucie Castets va remettre tout cela sur de bons rails !

à écrit le 02/08/2024 à 6:36
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Disons que sans hausses des salaires ou baisse des prix je pense que nous sommes tous d'accord pour qire que ça ne peut que s'empirer. Nos dirigeants sont NULS.

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