Éolien en mer : la zone du parc de Saint-Brieuc pourrait rouvrir aux activités d’ici au 21 juin

Une semaine après la mise en service à 100% du premier parc éolien offshore breton, le groupe Iberdrola, porteur du projet anticipe une réouverture du parc pour toutes les activités (plaisance, pêche…) d’ici au 21 juin. Le préfet maritime doit prochainement rendre sa décision quant aux règles et usages maritimes autorisés. Ce projet colossal de 2,4 milliards d’euros sort de mer après dix ans de procédure et trois ans de travaux. Exploit industriel et technique, le parc passe en phase de maintenance. Les suivis environnementaux vont se poursuivre.
Les 62 éoliennes du parc éolien de Saint-Brieuc sont entrées en service à 100% il y a une semaine.
Les 62 éoliennes du parc éolien de Saint-Brieuc sont entrées en service à 100% il y a une semaine. (Crédits : La Tribune)

Par temps clair, l'on devine la forêt de mâts depuis la plage du Sillon à Saint-Malo. Mais le grand public et les touristes peuvent aussi découvrir de plus près les 62 éoliennes du parc offshore de la baie de Saint-Brieuc, dont les pales, longues de 88 mètres,  culminent à 207 mètres de haut. Depuis la magnifique pointe de l'Arcouest à Ploubazlanec, en Côtes d'Armor, il faut une heure en bateau pour parcourir les seize kilomètres qui séparent le parc des côtes, grâce au circuit de visite organisé par la compagnie Les Vedettes de Bréhat. Pour l'heure, les navires tournent autour de cette emprise de 75 kilomètres carrés, déjà fréquentée par les dauphins. Demain, ils pourront la traverser.

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Une tranche nucléaire, 9% de la consommation électrique bretonne

Une semaine après la mise en service à 100% du premier parc éolien offshore breton (le deuxième en France après celui de Saint-Nazaire), le groupe Iberdrola, porteur du projet spécialisé dans les énergies renouvelables (photovoltaïque, éolien) et sa filiale Ailes Marines anticipent la réouverture du parc pour toutes les activités (plaisance, pêche...) d'ici « à la fin du printemps » soit autour du 21 juin.

« Le préfet maritime doit prochainement rendre sa décision quant aux règles et usages maritimes autorisés au sein du parc » précise Stéphane-Alain Riou.

Jeudi 6 juin, lors d'une visite du parc, le directeur des activités offshore d'Iberdrola s'est montré plus que satisfait de l'achèvement de cette aventure industrielle et technique qui, avec les différents recours déposés par les opposants au projet, a mis douze ans à voir le jour.

Quatrième site éolien en mer développé et construit par le groupe espagnol dans le monde (Irlande, mer baltique, mer du Nord), le parc de la baie de Saint-Brieuc, d'une capacité de 500 mégawatts, sera exploité pendant une durée de vingt-cinq ans. Équipées de turbines de 8 mégawatts, plus puissantes que celles installées à terre (2,5 mégawatts), les soixante-deux éoliennes fonctionneront entre 10 et 90 kilomètres/heure de vent, soit à 90% du temps selon Iberdrola.

Elles devraient produire 1.820 gigawattheures par an, soit l'équivalent de la consommation annuelle en électricité de 835.000 habitants (chauffage compris). Cette production est revendue et injectée dans le réseau électrique via RTE. « La Bretagne vient d'ajouter 9% à sa capacité de production électrique annuelle », s'est félicité Marie Thabard, la directrice du développement d'Iberdrola qui a financé sur fonds propres l'investissement de 2,4 milliards d'euros.

Vente à 155 euros du MWh durant 25 ans

Au moment où des acteurs de l'éolien en mer s'inquiètent du prix très agressif de 85,45 euros du mégawattheure (prix 38% plus bas que le prix plafond fixé par les pouvoirs publics) retenu pour l'exploitation du premier parc éolien flottant commercial français, il faut rappeler qu'Iberdrola s'en sort nettement mieux. Obtenu il y a dix ans, le prix de 155 euros du mégawattheure, supérieur au prix du marché actuel (autour de 48 euros) représente un niveau tarifaire élevé. Et longtemps fustigé par les opposants au projet, y compris politiques, arguant du coût énorme pour le contribuable. Ceux-ci ont estimé l'aide publique indirecte de l'État, fondée sur le prix de revente du mégawattheure durant deux décennies, à 4,3 milliards d'euros. Soit quasiment le double du coût du projet.

« Pour Iberdrola, qui investira plus de 47 milliards d'euros entre 2023 et 2025 dans les réseaux et les ENR en France, au Royaume-Uni, en Allemagne et aux Etats-Unis, ce parc a été plus cher à construire et plus dur techniquement à réaliser » justifie Stéphane-Alain Riou.

« Les prix baissent aujourd'hui car la chaîne de valeur s'améliore. Mais le parc de Saint-Brieuc répond aussi à une ambition européenne de créer les bases d'une filière industrielle pérenne de l'éolien en mer en France » ajoute-t-il.

Le forage : un nouveau système qui fait référence

Iberdrola revendique en effet une chaîne de conception européenne associant le consortium Navantia-Windar pour les composants des fondations jacket (trépied) assemblés sur le polder du port de Brest, Haiza Breizh pour les équipements électriques, Siemens Gamesa au Havre pour les éoliennes.

« La construction a généré entre 1.700 emplois dont 500 en Bretagne et nous avons fait appel à un tissu industriel de plus de 140 PME bretonnes (services, matériel, bureaux d'études) » récapitule Stéphane-Alain Riou. Désormais s'ajoute la maintenance, avec quatre-vingts emplois à la clé. Avant l'installation du port de maintenance à Saint-Quay-Portrieux d'ici à cinq ans, cette activité est pour l'instant maritime. Un bateau dédié est situé sur zone 24 heures sur 24 et son personnel relevé tous les quatorze jours.

Sur le plan technique, outre l'installation d'une sous-station électrique de 3.500 tonnes, haute comme un immeuble de 5 étages, Iberdrola a privilégié la technique du forage plutôt que celle du forage et du battage, car « moins impactante pour l'environnement marin. »

« Le forage est un élément essentiel car les sols de la baie sont hétérogènes, durs, fracturés, constitués de glaise ou de sable. Ce nouveau système fait référence dans l'industrie offshore aujourd'hui ainsi que les outils performants que nous avons mis en place » estime le directeur offshore d'Iberdrola.

D'une hauteur de cinq à six mètres au-dessus de l'eau, les pieux sur lesquels sont enfilées les fondations-jackets à trois pieds sont longs de 17 mètres au nord du parc, de 37 mètres au sud. Chaque jacket est maintenue par deux couronnes de scellement en béton marin. Avec l'ensouillage complet des câbles électriques, le parc est conçu pour ne pas gêner les pratiques nautiques et surtout de pêche (drague, filet, chalut, casiers...).

Identification des mammifères marins, suivi de la turbidité de l'eau

« On n'a jamais aussi bien étudié ni connu la baie de Saint-Brieuc qu'avec le projet d'implantation du parc » commente Marie Thabard. « Dans ce but, on a éloigné le parc de six kilomètres au nord pour sortir du gisement principal de coquilles Saint-Jacques et éviter la zone Natura 2.000. Nos études d'impact ont porté globalement sur l'environnement physique et chimique de la faune, de la flore et des usages en mer » détaille-t-elle.

Ont ainsi été mises en œuvre des mesures de réduction des bruits des travaux, un suivi d'identification des mammifères marins et des oiseaux, un suivi de la turbidité de l'eau durant le chantier. Des radars ont été utilisés pour évaluer la vie de la faune et une observation spécifique des chauves-souris a été mise en place. Chaque étude est validée par une contre-expertise du service hydrographique et océanographique de la Marine (Shom) et par des organismes indépendants, fait valoir Iberdrola. Avec la mise en service et l'ouverture du parc, le suivi environnemental va perdurer.

Ce chantier d'envergure, surmonté malgré les embûches et les oppositions, incite évidemment le groupe espagnol à se positionner sur d'autres projets éoliens en mer et appels d'offres, comme les AO6 (Méditerranée), AO7 (Oléron), AO8 (Centre Manche 2). S'agissant de la filière flottante, le groupe se déclare plus circonspect en raison d'une technologie pas encore mature, plus risquée et incertaine en termes de rentabilité.

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Commentaires 7
à écrit le 09/06/2024 à 11:11
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500 MW à 45% (facteur de charge) = 225 MW. Une tranche nucléaire, c'est 1200 MW à 70%, soit 840 MW. Hors durée de vie on a un facteur 4. Tenant compte de la durée de vie, on est à 8. Ce n'est donc pas l'équivalent d'une tranche nucléaire. Même si on ...

à écrit le 08/06/2024 à 22:12
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Bientôt plus moyen de voir une ligne d'horizon vierge de toute occupation humaine.

le 09/06/2024 à 9:06
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Oh pauvre biche ! ^^

à écrit le 08/06/2024 à 19:04
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155 euros du MWh , pour de l'intermitant !!!Quel succès. Les actionnaires de Iberdrola sont heureux que leur bénéfices particuliers soient financé par la collectivité ! Regardez bien sur votre facture elec toutes ces nouvelles petites taxes qui cac...

à écrit le 08/06/2024 à 14:34
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500MW, c'est la 1/3 de tranche nucléaire moderne. Et surtout un reacteur fonctionne en continu à pleine puissance.

le 09/06/2024 à 9:05
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Rincé

à écrit le 08/06/2024 à 7:17
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La France possède le second domaine maritime mondiale quels sont les responsables du haut de la pyramide qui empêche l'éolien offshore de s'envoler ? La France a intérêt à l'éolien offshore et de faire progresser cette technologie à fond et c'est tou...

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