Eolien flottant : BayWa r.e et Elicio remportent l'appel d'offres du parc de Bretagne Sud à prix cassé

L'offre proposée par le consortium s'élève à 86,45 euros le mégawattheure, soit un tarif 38% plus bas que le prix plafond fixé par les pouvoirs publics. Plusieurs acteurs fustigent cette guerre des prix et s'interrogent sur la faisabilité d'un tel projet. Ils s'inquiètent également des conséquences sur la filière industrielle européenne.
Juliette Raynal
Ce parc d'une puissance de 250 mégawatts (MW), situé à 20 kilomètres au large des côtes de Belle-Île-en-Mer est une première mondiale.
Ce parc d'une puissance de 250 mégawatts (MW), situé à 20 kilomètres au large des côtes de Belle-Île-en-Mer est une première mondiale. (Crédits : Ideol BW)

Fin du suspens... Après de longs mois d'attente et un rebondissement de dernière minute inédit, le lauréat de l'appel d'offres du projet de parc éolien en mer flottant situé au sud de la Bretagne est enfin connu : il s'agit du consortium formé par l'allemand BayWa r.e et le belge Elicio. C'est ce qu'a annoncé, ce mercredi, le ministre de l'Energie Roland Lescure, confirmant une information du site Green Univers.

Ce parc d'une puissance de 250 mégawatts (MW), situé à 20 kilomètres au large des côtes de Belle-Île-en-Mer est une première mondiale. Il se présente, en effet, comme le tout premier parc commercial équipé d'éoliennes flottantes, et non posées. Une technologie beaucoup moins mature que la seconde. Celui-ci « permettra de produire de l'électricité nécessaire aux besoins d'environ 450.000 habitants », précise le ministère dans un communiqué de presse.

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Un prix cassé

L'offre proposée par le consortium s'élève à 86,45 euros le mégawattheure (MWh). Un tarif extrêmement agressif (-38%) par rapport au plafond de 140 euros fixé par les pouvoirs publics, qui « démontre la compétitivité de la filière de l'éolien flottant et confirme le positionnement de la France comme cheffe de file du développement de cette technologie », fait valoir le gouvernement.

Plusieurs acteurs de la filière ont une tout autre lecture du résultat de cet appel d'offres, dont le premier lauréat désigné s'était finalement désisté. Une situation inédite qui s'explique très probablement par le caractère intenable du prix sur lequel ce même candidat s'était initialement engagé.

« Même 140 euros du mégawattheure nous paraissait un prix très agressif pour l'éolien flottant, qui n'est pas une technologie mature », confiait récemment à La Tribune Emmanuel Rollin, le directeur général d'Iberdrola France, candidat à cet appel d'offres.

Un immense gap avec les prix envisagés au Royaume-Uni

A titre de comparaison, « le groupe de travail Catapult estime que le prix du mégawattheure du nouvel appel d'offres que lancera le Royaume-Uni, après que le précédent n'est donné lieu à aucune candidature en raison de son prix plafond trop faible, devrait se situer dans une fourchette comprise entre 120 et 200 livres, en livres 2024 », rapportait ce même développeur, soit entre 140 et 233 euros.

Une différence qui s'explique notamment par la conception du cahier des charges des appels d'offres dans l'Hexagone, où le critère prix est prépondérant, et les critères hors-prix non-différenciants (comme expliqué dans ce papier). Ce qui pousse mécaniquement les candidats à proposer des prix très bas pour se distinguer.

La filière industrielle européenne menacée ?

Selon Emmanuel Rollin, cette approche pourrait conduire à l'infaisabilité du projet comme cela a pu arriver précédemment au Royaume-Uni et aux Etats-Unis. Le second risque concerne la filière industrielle européenne, dont la santé financière est très fragile. En effet, pour tenter de limiter ses coûts, le consortium pourrait être tenté de se tourner vers les concurrents asiatiques.

Ce n'est pas la première fois que les prix très bas des appels d'offres français dans l'éolien en mer suscitent des inquiétudes. En mars 2023, EDF avait décroché le développement de son cinquième parc d'éoliennes posées en mer au prix de 44,9 euros le mégawattheure. Ce qui avait largement fait grincer des dents ses compétiteurs.  « C'est un tarif que l'on ne voit dans aucun autre pays au monde », pointe un très bon connaisseur du secteur.

Juliette Raynal

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Commentaires 4
à écrit le 16/05/2024 à 9:51
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Derrière chaque dispositif de production d'électricité non permanent existe des centrales de puissance pilotables, avec pour exemple en Bretagne la centrale de 450MW au gaz qui se trouve à Landivisiau. Pour ces éoliennes, elles débutent leurs product...

le 16/05/2024 à 12:32
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@Albert - la seule bonne information à retenir est bien "hors chauffage". Le chauffage électrique est un gouffre pour qui se chauffe avec des radiateurs électriques, des résistances pures.

à écrit le 16/05/2024 à 8:24
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De toutes façons ya toujours au moins un lobby quelconque pour mettre des bâtons dans les roues de cette énergie du future éternelle et gratuite. Là ça passe pas chez les évadés fiscaux ! Tiens une super émission hier soir sur tv5 concernant le narco...

à écrit le 16/05/2024 à 8:06
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A prix cassé? Ah bon?!

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